Nous y toucherons encore moins ; cet objet n’est pas de notre ressort, nous ne parlerons que de l’article du mariàge, sur lequel son code n’est que l’esprit du théatre réduit en loix. […] L’hymen est grave, sérieux, saint, austere ; il écarte la dissipation, l’inconstance, la frivolité, par la perpétuité d’un lien qu’on ne peut ni relâcher ni rompre ; il bannit toute idée de conquête, de triomphe de la beauté, de cour d’adorateurs, par l’unité de l’objet à qui seul il est permis de plaire ; il affadit le goût de la parure, du faste, de la mode, du fard, en concentrant les graces dans les yeux d’un homme qui n’en désire pas, & n’en approuve pas l’étalage suspect. […] Un objet bien essentiel, c’est le droit que le Prince s’arroge d’accorder seul la dispense des empêchemens du mariage, même à l’exclusion du Consistoire & des Ministres. […] Parmi ces empêchemens, il en est de droit divin comme le premier degré de parenté ; il en est de droit naturel, comme l’erreur, la violence ; de l’objet & de la nature du mariage, comme l’impuissance ; de droit ecclésiastique, comme le crime, la difference de religion ; de pure discipline, comme le temps prohibé de l’Avent & du Carême, (que ce Prince a abrégé de son autorité), la publication des bans ; il en est qui sont secrets, tels que l’adultere avec la promesse du mariage, l’homicide pour se remarier ; qu’on n’ira certainement pas confesser au Secretaire d’Etat du Roi de Prusse, au risque de se faire pendre, &c.
Il ne fait que développer, lier méthodiquement sous de grands noms, appuyer de brillans exemples, appliquer à de grands objets la conduite journaliere des malhonnêtes gens de tous états, dans ce qui les intéresse, c’est l’injustice réduite en art. C’est le grand art des plaideurs & l’objet des procès. […] Les objets sont différens, les armes ne sont pas les mêmes, mais c’est le même esprit la même fureur, les mêmes principes, les mêmes effets, par-tout un vrai Machiavélisme, comme parmi les animaux, les oiseaux se battent à coups de bec, les bêtes féroces se déchirent avec leurs griffes, les chiens mordent, les chevaux donnent des coups de pieds, les bœufs frappent à coups de cornes : c’est toujours l’instinct du Machiavélisme. […] Ce qu’on a trouvé en fouillant est un autel de Vénus, qu’on plaçoit au milieu du théatre avec sa statue, afin que les spectateurs eussent toujours devant les yeux l’objet le plus infâme, pour en repaître leur cœur dépravé.
Combien de fois, nous Pasteurs chargés du soin des Ames, ne devenons-nous pas les tristes dépositaires des épanchements de cœur de ces Parents qui gémissent de voir les appuis de leur maison se livrer à mille folles dépenses qui les ruinent, ou à des écarts plus criminels encore qui les déshonorent ; de tendres Epouses qui versent des larmes les plus amères sur la bizarrerie insultante de leurs époux, qui leur préfèrent, aux dépens de leur santé et de leur fortune, les vils objets de leur scandaleuse complaisance. […] Pour qui tant de pompeux équipages, objets tout à la fois de la curiosité, de l’étonnement, de l’indignation, du mépris et du scandale public ? […] J’appelle bravoure une vertu qui nous engage à toute entreprise au-dessus des forces communes et ordinaires pour un objet honnête, utile, important, nécessaire : qui nous fait prendre les mesures les plus justes pour y réussir, nonobstant un danger très apparent qui nous expose à perdre quelque chose de précieux, et qu’il nous est très intéressant de conserver. […] Mais je vous invite à ne vous occuper de l’objet de cette Lettre que l’Evangile à la main, sous les yeux de Jésus-Christ.
Que s’il me reste encor quelque esprit animé Du feu de vos propos qui ne soit consommé, Il sert à soupirer l’objet que je lamente.
Il faut imaginer des signes qui ne laissent aucun doute sur les objets reconnus, & on a de la peine à leur donner ce dégré d’authenticité qui leur est nécessaire. […] Les reconnoissances ont toutes le même objet, le même sentiment, la même fin ; tout s’y réduit à ses phrases coupées. […] Sans prendre garde aux talents & aux précautions qu’elles exigent pour rendre l’objet supposé vraisemblable, & ne pas jetter de l’obscurité dans le Poëme, on en use fréquemment vu leur commodités.
Ceux qui ont mieux rempli l’objet de la leçon ont encore fait plus de mal ; ils se sont mariés, par les raisons de convenance recommandées, avec des femmes plus vieilles qu’ils n’aimaient pas ; mais comme, en général, ils appartenaient à la seconde et à la troisième écoles, et qu’ils n’étaient pas en état de renoncer aussitôt à leur goût pour les jeunes ils en ont pris pour maîtresses, et ont vécu avec elles dans un commerce doublement illégitime, d’où il est résulté des enfants adultérins, des bâtards, qui n’avaient pas d’état, que la société ne savait à quel rang placer ; qui déshonoraient ou troublaient les familles. […] Oui, depuis que des comédies les ont rendues si redoutables en mariage, elles sont devenues, pour la plupart, des passe-temps, des jouets, des objets du plus honteux commerce. Cette dissolution des mœurs publiques, qui avait déjà dans des rangs supérieurs un ancien foyer indicatif aussi de la route que pouvaient suivre les objets de cette autre leçon violente, est descendue, par la voie des spectacles, jusque dans les derniers rangs de la société. […] Mais après avoir vu que le vice est l’objet de recommandation dans le Misantrope, que nous devons le traiter avec douceur, l’envisager et le supporter comme un attribut de l’humanité, que la vue d’un fourbe, d’un voleur (et sans doute d’un hypocrite aussi) ne doit pas plus nous courroucer que celle d’un loup ou d’un singe malfaisant, etc. […] Cette manière d’agir, aussi peu sensée que celle de frapper rudement et bouleverser un homme endormi pour l’éveiller, tandis qu’il suffit de l’agiter doucement, quoique bien établie et admirée aujourd’hui, doit faire regarder enfin les auteurs qui l’emploieront avec aussi peu de raison comme des forts à bras littéraires, ou des don Quichote, mus par l’orgueil et l’amour propre, dont le principal objet est de faire montre de l’étendue de leur esprit, de la force de leur génie, en produisant de grands effets, bons ou mauvais, n’importe, pourvu qu’ils soient extraordinaires et étonnants, et qu’ils fassent beaucoup et long-temps parler d’eux.
Un pere, une mere, un Gouverneur, n’oseroient se montrer à nud devant leurs enfans, & ils laissent sous leurs yeux toute sorte de nudités ; on ne leur laisse ni tenir ni entendre des discours licencieux, ni même nommer des objets grossiers. […] Tout le monde n’a pas le même penchant pour le théatre, non plus que pour les autres objets des passions. […] que des objets d’horreur, dans les pieces de Crebillon, Skapear, Semiramis, &c. […] Cet usage respectable donne à toutes les filles du lieu une belle émulation à qui se conduira le mieux pour obtenir une récompense plus glorieuse par son objet, que les couronnes académiques, puisque la vertu est plus precieuse que les talens. […] Ses talens ne seroient-ils pas plus utilement employés pour sa gloire (& pour les bonnes mœurs), s’il se fût attaché à des objets moins frivoles ?
C'est beaucoup lui nuire que de l'accoutumer à regarder ces sortes d'objets sans horreur et avec quelque sorte de complaisance, et de lui faire croire qu'il y a du plaisir à aimer et à être aimé.
Il suffit souvent que notre attention change d’objet, & qu’elle soit moins forte. […] L’effort de mémoire étoit d’autant moins nécessaire, que le chœur lui-même aidoit à entretenir l’attention du spectateur, l’empêchoit de porter ses regards ailleurs & les fixoit, mais d’une maniere plus agréable, sur les objets que le Poëme lui représentoit.
Or, est-il possible, dit Tertulien1, que l’on pense à Dieu dans un endroit où Dieu n’est pas, où rien n’est analogue à son souvenir, où tout au contraire est propre à le bannir de votre esprit, à l’effacer de votre mémoire, où tous les objets qui s’y rencontrent sont autant de murs de séparation qui l’éloignent de vous, & qui le font perdre de vue ? […] Du dégoût on passe au mépris, & du mépris à l’incrédulité ; on s’accoûtume insensiblement à confondre les objets de l’idolâtrie ancienne & ceux de la foi présente, avec cette différence, que les premiers offrent à l’esprit des phantômes amusans, & ceux-ci n’ont que des mensonges dédaigneux, mortifians & tristes.