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7. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre IV. Des Personnages. » pp. 239-251

D’un nouveau personnage inventez-vous l’idée. […] Les personnages amoureux du nouveau Spectacle ressemblent un peu à ceux du grand Opéra : ils sont fades à force d’être tendres, répètent presque toujours les mêmes paroles, & donnent lieu à des Sçènes fort ennuyeuses. Comme il serait inutile de souhaiter qu’on bannisse l’amour des Poèmes du nouveau genre, puisque sans l’amour nous ne sçaurions faire de Drame, & qu’il occupe principalement la Sçène de l’Opéra-Bouffon ; voici ce que l’on désirerait que le Poète intelligent observat. […] En agissant de la sorte, les personnages amoureux du nouveau Spectacle ne seront plus si froids, si glacés ; les Acteurs qui les représenteront pourront rendre leur jeu plus vif, & la Pièce sera plus animée. […] Que les personnages en général du nouveau Théâtre soient dépeints d’après nature.

8. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre troisiéme. — Chapitre II. Que les nouveaux Drames sont susceptibles de règles, ainsi que les autres Poèmes. » pp. 121-122

Que les nouveaux Drames sont susceptibles de règles, ainsi que les autres Poèmes. A Près avoir prouvé que les Poèmes du nouveau genre éxigent des soins de la part de ceux qui travaillent à leur composition, il est naturel de dire qu’ils sont fondés sur des règles, qu’on ne doit point ignorer. […] Les Critiques envieux, qui cherchent à ternir la gloire de notre Théâtre, lui disputeront ce nouveau mérite avec encore plus de chaleur que celui d’être l’ouvrage du gout & de la réfléxion. […] Le nouveau Théâtre change souvent les règles dramatiques. Il est bon d’avertir le Lecteur que si le nouveau Théâtre va quelques fois puisér des règles chez les Anciens, il se réserve toujours le droit de les entendre à sa fantaisie.

9. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre VIII. Du Stile. » pp. 287-319

Le nouveau Théâtre, comme il est aisé de le voir, a son Enthousiasme & son stile Poétique. […] Il est inutile de citer un plus grand nombre de Poèmes du nouveau Théâtre ; le Lecteur ne s’est peut-être que trop ennuyé. […] Remarquons pourtant qu’il est plus permis aux Poètes du nouveau Spectacle d’employer des expressions faibles & basses, qu’aux Auteurs célèbres que je leur compare. […] Je conseille néanmoins aux Poètes du nouveau Théâtre de polir leur stile, d’éxpulser de leurs Pièces toute éxpression triviale, mauvaise ou douteuse. […] Ne dirait-on pas que plusieurs de nos Tragédies nouvelles, soient l’ouvrage de quelques jeunes Ecoliers ?

10. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre second. — CHAPITRE IV.  » pp. 109-114

Des avantages qui doivent résulter du nouveau Spectacle. […] La Danse, par éxemple, nous enseigne l’art de nous présenter avec grace, & donne au corps de la souplesse & de nouvelles forces. […] S’il en paraissait un dénué de bonnes qualités, & dont le principal mérite fut d’être frivole, divertissant ou nouveau, il faudrait le rejetter avec mépris, comme un Phénomène inconnu jusqu’à présent. […] Le nouveau Théâtre enrichit ses Acteurs. […] Comme on ne sçaurait mettre en doute que le nouveau Spectacle ne parvienne à la Postérité, soyons certains qu’elle en retirera de très grands avantages.

11. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre second. — Chapitre prémier. De l’éxcellence du nouveau Théâtre. » pp. 68-93

De l’éxcellence du nouveau Théâtre. […] Mes seules pensées ne soutiendront pas le nouveau Théâtre. […] Je vais rapporter une partie de ce que le nouveau Théâtre peut alléguer en sa faveur. […] Il faut donc que le genre du nouveau Spectacle ait de certaines difficultés, puisque même des hommes de mérite échouent en voulant y travailler. […] On commence, il est vrai, à jetter dans les Drames du nouveau Théâtre des personnages relevés.

12. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre III. De l’Unité de lieu, de Tems & de Personne. » pp. 211-238

En un mot, le nouveau mérite qu’on ajouterait aux Pièces de Théâtre, en suivant le conseil que je donne ici, se démontre sans peine. […] Le nouveau Spectacle a la gloire d’imiter Eschyle, Sophocle & Euripide, qui dès la naissance du Théâtre pratiquaient cette règle, source de mille beautés. […] Les nouveaux Poèmes du Spectacle moderne contredisent autant la règle dont je parle que les Anciens. […] Les Drames du nouveau Spectacle ne suivent guères cette maxime établie de tout tems. […] Vous m’avouerez que cette Pièce est d’un genre tout-à-fait nouveau.

13. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PLAN. DU THEATRE. et autres Règlements, Qui sont la suite de ce qu’on a déjà vu, page 106 de l’Ouvrage. » pp. 329-337

Il faudrait construire un Théâtre nouveau aux dépens de la Ville, mais qui pût contenir pour le moins le double de Spectateurs de ce que les Théâtres de Paris contiennent ; on pourra prendre pour modèle, si on le trouve bon, le Théâtre qu’on voit à Florence où le Cardinal de Médicis, qui l’a fait bâtir, a voulu que les Spectateurs des deux sexes fussent placés séparément les uns des autres17. […] Un an après l’ouverture du Théâtre de la Réforme, les Comédiens de Province seront obligés de se soumettre à la même Réforme ; ceux qui voudront suivre la Profession auront soin de se conformer en tout au Théâtre de la Capitale, qui leur fournira des Copies de toutes les Pièces ou anciennes ou nouvelles qu’il aura adopté, à mesure qu’il en aura fait usage. […] Il me paraît d’une nécessité indispensable que le Souverain ou le Sénat mette un fonds considérable dans la Caisse du nouveau Théâtre, ce fonds servira à acheter des anciens Comédiens tout ce qui pourra être utile à leur successeur, Décorations, Magasin, Ustensils, etc.… d’un autre côté la Ville achetera le fonds de l’ancien Théâtre, et des deniers de la Caisse on payera les habits des particuliers, étant juste que tout ce qu’on achetera de l’ancienne Troupe soit payé argent comptant : d’autant plus que les Comédiens qui se retireront, de même que ceux qui prendront leur place, n’en auront plus besoin et trouveront dans le nouveau Magasin tout ce qui leur sera nécessaire. Il est inutile, je pense, d’entrer dans un plus grand détail de tous les arrangements qui peuvent être pris pour l’établissement et le bon ordre du nouveau Théâtre, et qui n’échapperaient pas aux lumières du Conseil, si le Plan en était agréé par le Souverain.

14. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre dernier. Conclusion. » pp. 345-347

J’ôse me flatter qu’on me rendra assez de justice pour sentir que ce n’est que par ironie que je parais soutenir que les Personnages des nouveaux Poèmes doivent toujours être bas & vils. […] En louant à outrance la méthode qu’ils semblent avoir le plus généralement adoptée, j’ai cherché à montrer davantage le ridicule qu’il y a de représenter sur la scène des objets dégoûtans & trivials : Le bon goût a dû prescrire en tout tems de prêter une certaine noblesse à ces objets trop méprisables au Théâtre des honnête gens, lorsqu’ils sont dépeints dans toute leur bassesse ; c’est ce que doivent se proposer les Poètes du nouveau genre qui voudront faire agir des gens obscurs, pris dans le menu Peuple. […] Il s’enfuit de ce que je dis ici, & que j’ai donné assez à entendre dans le cours de mon Ouvrage, que les Poèmes relevés du nouveau Spectacle, tels que le Roi & le Fermier, Isabelle & Gertrude, la Fée Urgèle, Tom-Jones, &c. n’y seraient point déplacés, si l’on n’avait à leur reprocher que la noblesse de leur action. […] Puisse mon Livre inspirer aux Poètes du nouveau Théâtre le noble dessein de ne plus faire paraître tant de Pièces informes !

15. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre troisiéme. — Chapitre VI. De ce qu’un Poète dramatique doit sçavoir pour être en état de travailler dans le nouveau genre. » pp. 142-158

De ce qu’un Poète dramatique doit sçavoir pour être en état de travailler dans le nouveau genre. […] Je prends un jeune Poète qui brûle du desir de s’illustrer dans la carrière du nouveau Spectacle, je vais le conduire pas-à-pas ; je développerai l’éffet que feront sur lui mes discours ; & je détaillerai les progrès insensibles de son esprit. […] Les qualités qu’il faut avoir pour se distinguer dans le nouveau genre. […] Que les Poètes devraient voyager, éxcepté ceux du nouveau Théâtre. […] Les Poètes du nouveau Théâtre devraient habiter avec leurs personnages.

16. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — DEUXIEME PARTIE. — REGLEMENTS. Pour la Réformation du Théâtre. » pp. 99-116

A cet effet il serait obligé de produire des témoins et de présenter des Certificats en bonne forme : il se soumettrait sans réserve à tous les règlements du nouveau Théâtre ; et, si dans la suite il manquait à son devoir, ou que sa conduite se dérangeât, et qu’enfin on fût obligé de le congédier du Théâtre, il sortirait sans aucune récompense. […] Si pourtant le Conseil jugeait à propos d’en conserver quelques-unes, où la passion d’amour ne parût pas nuisible, ni capable de corrompre le cœur, il ne faudra l’insérer dans le Registre qu’après qu’on se sera assuré qu’elle est propre à corriger les mœurs, à inspirer une bonne morale, et à faire aimer la vertu ; ce qui doit être le premier objet de toutes les Pièces du nouveau Théâtre. […] Dans le second, j’exclus tout à fait la passion d’amour des Pièces qu’on écrira pour le nouveau Théâtre ; et, dans le cinquième, je prétends abolir entièrement la danse des femmes. […] Sans prétendre qu’il arrive dans les hommes une métamorphose si générale, je ne désespère pas qu’une bonne partie des Spectateurs ne se déclare en faveur du nouveau Théâtre, par les motifs que j’ai présentés plus haut : quant à ceux qui ne goûteraient pas ces motifs, je suis réduit à les plaindre de ce qu’ils n’ont pas la force de secouer le joug d’une mauvaise habitude : j’avoue cependant qu’il pourrait bien arriver que, dans les commencements, l’affluence des Spectateurs ne fût pas grande ; mais en ce cas la caisse du Théâtre suffira, pour soutenir la dépense, avec ses propres fonds, et tous les autres secours que nous marquerons plus bas. Peu à peu le Spectacle se repeuplera ; et le vide, causé par la désertion des libertins, sera bientôt rempli par des hommes sages et raisonnables, dont l’approbation sera plus flatteuse et d’un plus grand poids pour les Auteurs et les Acteurs du nouveau Théâtre.

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