Cette pièce réformée porterait le nom du Réformateur jusqu’à ce qu’elle fût elle-même un jour réformée quelques années après sa mort ; il est aisé de voir que les ouvrages excellents ne périraient pas faute de quelques retranchements et de quelques additions nécessaires pour les rendre aussi beaux et plus utiles dans le siècle suivant qu’ils l’étaient dans le siècle précédant ; car il faut toujours faire en sorte que les spectacles se perfectionnent à mesure que la raison humaine se perfectionne, et la meilleure manière d’avancer beaucoup en peu de temps vers la perfection, c’est de se servir de ce qu’il y a de bon dans les ouvrages des morts, en diminuant ou corrigeant ce qu’il y a de défectueux, et en embellissant ce qu’il y a de beau.
Roi d’Angleterre, qui la demandoit, & la donne à un simple gentilhomme qui ne la demandoit pas, & à qui il fait prendre son nom. […] Toutes ces aventures romanesques qu’on auroit tort de disputer au Théatre, sont des éclipses qu’il faut pardonner à ce bel astre : car M. de la Rochefoucault, bien digne du nom illustre qu’ont porté avant & après lui tant de grands hommes, réunissoit les qualités & les talens les plus distingués. […] Abandonnée de sa famille, même de son amant, se refugiant dans quelques cabanes, sans trouver d’asyle chez ses meilleurs amis, ne marchant que la nuit, tantôt à pied, tantôt à cheval, tantôt en croupe derriere quelque paysan, faisant la malade, recouvrant la santé, déguisée en homme, en servante, en bergere, envoyant assurer le Roi de son obéissance, & tâchant de soulever le peuple contre lui, changeant de nom : il me semble voir Angélique, Morphise, Bradamante, ces héroïnes de l’Arioste, chevauchant dans l’Europe, l’Asie, l’Afrique.
» « Songez, » dit Bossuet, « si vous jugez digne du nom de chrétien de trouver honnôte la corruption réduite en maximes dans les opéras de Quinault avec toutes les fausses tendresses et toutes les trompeuses invitations à jouir du beau temps de la jeunesse, qui retentissent partout dans ses poésies. […] Le saint nom de Dieu invoqué, voulant selon notre devoir pastoral écarter les piéges et les obstacles qui se multiplient au salut des âmes et réprimer, s’il est possible, cette passion effrénée pour le théâtre, conformément aux dispositions des SS. canons et aux règlements de plusieurs saints et dignes évêques, nous défendons aux fidèles de notre diocèse l’assistance aux théâtres, laquelle vu les grands dangers auxquels elle les expose, est un péché grief.
Benoit a donné une piece, où pour le triomphe de la probité, elle introduit un Avocat qui plaide contre sa maîtresse, & lui fait perdre un grand procès, qui l’a ruinée, & ensuite l’épouse pour la dédomager ; cet héroïsme romanesque est sans vraissemblance, il est impossible que dans le cours d’un procès un Avocat ne connoisse le nom & les qualités des parties, & ne s’apperçoive qu’il plaide contre sa maîtresse. […] Les graves ambassadeurs respectifs, après plusieurs conférances où furent murement agitées ces grandes affaires d’état, convinrent qu’à chaque représentation on donneroit un certain nombre de billets aux boursiers, le calme fut rétabli, les actrices visitées : jugez si les études fleurissent, & s’il sort de ce collége des grands hommes, dont le nom passera sans doute à la postérité la plus reculée.
C’est pourquoi on voit à la tête des Comédies de Térence, le nom de celui qui avoit fait les Modes. […] La Musique faite pour une Piéce, portoit le nom de la Piéce, ainsi que la Danse de cette Piéce, la Musique & la Danse étant faites pour cette Piéce.
Ce fameux Catéchiste d’Alexandrie, emploi qu’il exerça pendant trente ans avec le plus grand succès, a laissé plusieurs ouvrages remplis d’érudition, entre autres des instructions morales à la jeunesse, sous le nom de Pédagogue, mais qui sont utiles à tout le monde. […] » On peut sans rougir nommer par leur nom les plus grands crimes, l’idée du crime en est le préservatif ; mais on ne peut détailler ces jeux dangereux, même pour les condamner ; l’idée même d’amusement en est l’amorce et le voile : « Honeste non possunt vel accusari. » On peut voir commettre la plupart des péchés, tuer, voler, blasphémer, sans devenir coupable ; on ne peut voir les jeux du théâtre sans tomber dans le désordre, le spectateur est complice de l’Acteur : « Unum est aspicientium et agentium scelus. » Selon la parole de l’Apôtre, on se rend coupable, non seulement en faisant le péché, mais encore s’unissant à ceux qui le font : « Etiam qui consentiunt facientibus. » Ceux qui étaient allés chastes à la comédie, en reviennent adultères ; ils s’en étaient déjà rendus, en y allant ; chercher le vice, c’est s’en servir : « Qui ad immunda properat, jam immundus est. » Pensons-nous que Dieu ne voit pas nos désordres, ou nous flattons-nous qu’il jettera sur nous un regard favorable, quand il nous voit dans un lieu qu’il déteste ?
Et certes, quelle nécessité de faire un précepte pour des choses qui étaient si visiblement indignes du nom chrétien, si contradictoirement opposées à l’esprit, et aux maximes du christianisme.
N’essaie-t-on pas d’en cacher la honte et le crime sous des noms pompeux qu’on emprunte pour la faire aimer ?
-Augustin et vous verrez quel nom mon respect pour la divinité m’empêche d’invoquer ici, vous saurez qui à chanté et dansé après la Pâque juive….
Le coloris, m’objectera-t-on, est à la peinture, ce que l’expression est aux idées ; & plusieurs Peintres se sont fait un grand nom par le seul coloris.