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5. (1758) Lettre à Monsieur Rousseau sur l'effet moral des théâtres « Lettre à Monsieur Rousseau sur l'effet moral des théâtres, ou sur les moyens de purger les passions, employés par les Poètes dramatiques. » pp. 3-30

» et pour convaincre votre incrédulité, vous voudriez simplement qu’on vous montrât, sans verbiage, par quels moyens on pourrait produire en nous des sentiments que nous n’aurions pas. […] Si c’est par des moyens extraordinaires qu’on parvient à montrer le vice puni, et la vertu récompensée, il faut s’en prendre à l’Artiste, et non pas à l’art : c’est aussi la faute des Poètes dramatiques, si l’utilité publique n’est pas l’objet qu’ils se proposent, ou s’ils s’en écartent, parce qu’il serait un obstacle à leur succès ; et c’est à ce point seul, que je prétends ramener la question. Il suffit de montrer des pièces qui soient et agréables et utiles, de trouver des Auteurs qui aient su plaire et instruire, pour que l’on tire des faits ces deux conclusions : l’une, qu’il est des moyens employés par les Poètes dramatiques, pour purger en nous les passions ; l’autre, que les Auteurs, qui se contentent de plaire, négligent l’objet le plus noble de leur art. […] N'était-il pas plus digne d’un Ecrivain éloquent, d’un Philosophe, d’échauffer le génie des jeunes Poètes, de leur montrer la vertu qui les attend au bout de leur carrière, une couronne civique à la main ? […] Ce ne sont point les tours que joue le fils au père, qu’on veut faire passer pour honnêtes, ils ne sont que les suites et la punition de l’avarice : il fallait montrer à des avares, pour les corriger, ce que leur vice a de funeste pour eux-mêmes : il fallait qu’ils eussent à se reprocher les fautes mêmes de leurs enfants, dont leur conduite peut et doit corrompre le bon naturel.

6. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre prémier. — Chapitre II. Utilité des Spectacles. » pp. 8-21

Les Sages de la Grèce applaudissaient aux Tragedies de Sophocle & de ses rivaux ; ils se montraient dans le lieu de la représentation, confondus parmi les spectateurs. […] Ils pourraient se vanter d’avoir à leur tête un Philosophe fameux, si ce Sage ne montrait qu’il se plaît plutôt à avancer des propositions singulières, à soutenir des systêmes bisares, qu’à suivre tout simplement les lumières de la raison : cet homme de génie a la gloire de dire des choses uniques, & d’être presque le seul de son avis. […] Il est aisé de montrer que son but est non-seulement de divertir, mais de corriger. […] Les triomphes de Molière nous montrent de quoi la Comédie est capable. […] Nos Voisins se montrent bien plus sensés que nous.

7. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE III. Immodestie des Actrices. » pp. 57-84

Elle montra beaucoup de courage dans les adversités, & de dextérité dans les affaires. […] Vous croyez montrer des graces, & vous offrez des horreurs. […] n’en est-ce pas un plus obscène de la montrer ? […] Quelle honnête femme pourroit en parler, & elle ose le montrer ! […] Paul : Exhibuistis (avez montré) membra vestra servire immunditiæ & iniquitati.

8. (1590) De l’institution de la république « SIXIEME TITRE. Des Poètes, et de leurs vertus, item quels Poètes on peut lire et quels on doit rejeter des Théâtres. » pp. 117-127

Mais je vous prie, les Poètes ne le montrent-ils pas être mortel,Clemens Alex[andrinus] in orat[io] Paren[etica] ad gentes e. […] à cette occasion son effigie était faite tenant en sa main dextre le nombre de 365. pour montrer la dimension de l’année, qui se voit par le cours du Soleil. […] Et Platon entre les quatre divines fureurs qu’il met, divination, mystère, amour, il ajoute pour la quatrième, Poésie, pour montrer que les Poètes font quelque chose outre les forces de nature. […] Un jour on jouait quelque farce, en laquelle une putain s’abandonnait publiquement : et comme [selon que son rolet le portait] elle se découvrît déjà pour montrer ses parties honteuses, voyant entrerCato Censorius. […] Toutefois on les prise moins, pour autant qu’ils semblent être par trop libres à parler, et que bien souvent ils se montrent trop aigres et âpres à reprendre les personnes.

9. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre IV. De l’illusion Théâtrale. » pp. 64-79

L’Acteur en montant sur le Théâtre doit, en quelque sorte, déposer l’homme, pour ne montrer que le personnage qu’il va représenter. […] Ces efforts donneront à son jeu un air contraint & emphatique, qui, dans le moment où il est essentiel de commencer l’illusion, choquera toutes les vraisemblances, & ne montrera qu’un Acteur embarrassé de lui-même. […] Il n’en est pas de même des Comédiennes ; elles montrent dans tous les rôles le dessein de plaire. […] Si les drames sont des imitations, on y doit montrer dans tous les accessoires, la plus parfaite ressemblance qu’il est possible.

10. (1600) Traité des Jeux comiques et tragiques « [Traité] » pp. 3-62

Certains Païens s’en montraient plus ennemis que nous, mêlant parmi leurs sacrifices du sang, tiré de leurs langues, et de leurs oreilles, pour expier le mensonge, tant ouï que prononcé. […] Sans le montrer par l’autorité de Tite-Live et autres écrivains PaïensT. […] Pierre le conjoint notamment avec l’idolâtrie, pour nous en montrer la source. […] Un Empereur, pour montrer la bonne nourrituredv qu’il avait eue en sa jeunesse, ditJul. in Misop. […] [NDE] être montré sur un échafaud (de justice ou de théâtre).

11. (1661) Le monarque ou les devoirs du souverain « SEPTIEME DISCOURS. De la Magnificence des Princes dans les Habits, dans les Festins et dans les Spectacles publics. » pp. 202-209

Mais cela paraît particulièrement dans le luxe de leurs Habits, dans la magnificence de leurs Festins, et dans la pompe de leurs Spectacles : Car quand ils se montrent à leurs Sujets dans quelques occasions extraordinaires, ils doivent prendre ces ornements qui semblent être consacrés aux cérémonies publiques ; Ils sont obligés d’emprunter l’éclat des Perles et des Diamants pour éblouir les yeux des Spectateurs, et de ne rien oublier de tout ce qui peut entretenir la Majesté de leur Personne, et l’admiration de leurs Sujets. Il semble que Dieu même, dont ils ne sont que les ombres, en ait usé de la sorte dans l’ancienne Loi, quand il se montrait aux hommes : Car il paraissait dans une lumière si éclatante, que les yeux avaient peine à le souffrir : Il était porté dans un char de flammes, ou sur les ailes des vents ; Les foudres et les éclairs marchaient devant lui, et faisaient mourir souvent quelques coupables ; pour donner de l’étonnement et de la terreur aux innocents. Ce grand exemple autorise la pompe des Rois, et les oblige à ne se montrer jamais en public qu’ils n’imitent la magnificence de Dieu : Mais au milieu de cette cérémonie, ils doivent se ressouvenir que les habits sont les peines du péché, que dans l'état d’innocence, l’homme n’était revêtu que de la Justice originelle, que cette robe précieuse était à l’épreuve de toutes les saisons, et que comme il n’avait point encore offensé Dieu, il ne craignait point aussi la honte ni la douleur dans sa nudité, Cette pensée retiendra les Princes dans la modestie au milieu de leur Triomphe, et leur persuadera que les plus riches habits sont les reproches et les supplices de notre ancienne désobéissance.

12. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — XX. Exemples de pratique. » pp. 48-50

Montrons-leur de nos jours les Magistrats de BurgosVille d’Espagne, touchés par un excellent Ouvrage contre les Spectacles, & ordonnant la destruction de leur Théâtre qui avoit coûté vingt mille DucatsLe Ducat d’or vaut environ dix livres dix sols de notre monnoie. […] Montrons-leur enfin les Quinault & les Racine pleurants leurs Opera & leurs Tragédies, & déplorant des égaremens dont ils auroient voulu qu’il ne restât pas la moindre trace.

13. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Neuvième Lettre. De la même. » pp. 233-241

On m’a montré ton portrait ; on le porte sur son cœur ; on a presque pleuré. […] On a cherché à s’assurer si l’avis donné à la *** venait de moi ; si les sentimens généreux qu’elle a montrés n’étaient pas mon ouvrage ! […] Il reste à montrer que la Dépense sera médiocre : si elle charge (quoique très-légèrement) le Citoyen en particulier, elle doit être nulle pour la Ville, puisque l’argent n’en sortira pas.

14. (1731) Discours sur la comédie « PREFACE » pp. -

Rien n’est plus beau que ce que dit Saint Augustin4, pour montrer la nécessité de cette tolérance. « Aaron, dit-il, ne toléra-t-il pas la multitude qui s’oublia jusqu’au point de demander une idole, de la fabriquer et de l’adorer ? […] Le monde, dit Saint Augustin, sera toujours partagé en deux Cités ; dans l’Eglise même il y aura toujours des membres de la Cité terrestre qui travailleront à étendre tout ce qui appartient à la terre ; mais les membres de la Cité sainte doivent combattre pour les intérêts spirituels, et ne jamais se lasser de montrer et de purifier les taches que les enfants du siècle contractent. […] Saint Augustin ne cessa jamais de prêcher à Hippone contre l’ivrognerie : « Vous ne cessez, leur dit-il, de tomber dans ce vice, je ne cesserai de vous en montrer la laideur et de vous le reprocher.  […] Après toutes ces réflexions, il serait superflu de s’étendre davantage, pour montrer que l’Eglise fait éclater sa prudence et sa charité en excommuniant les Comédiens, et en tolérant ceux qui vont aux spectacles.

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