L’Amphitrion, pris entierement de Plaute, à quelques changemens près, dont les uns font un crime, les autres un mérite, est, dans le moderne comme dans l’ancien, une apologie ouverte de l’adultère sous le nom de Jupiter, qui fait dire avec le jeune homme de Térence : Me ferois-je un scrupule de ce que les Dieux sanctifient ?
Quelques critiques modernes en ont douté, ce que nous ne prétendons pas examiner ici.
L’impureté, l’indécence et la lubricité y furent poussées à l’excès, et de telle manière qu’un auteur moderne, qui se respecte tant soit peu, n’oserait en donner la description au public. […] Voici comme du Cange donne le refrain : « Hez sire âne car chantez, Belle bouche rechignez ; On aura du foin assez Et de l’avoine à planter. » Ce refrain me paraît plus moderne que celui de Sens, qui est aussi plus simple.
Ciceron, Seneque, Ovide, & une soule de Modernes sont les témoins qu’il interroge. […] Il y ajoute beaucoup d’autorités ; il trouve des Censeurs du Théatre jusques dans le Paganisme même ; & il prouve ses dangers par le témoignage de plusieurs Auteurs modernes, dont l’autorité ne sçauroit être récusée. […] Mais Corneille, Racine, Moliere & presque tous nos Poëtes modernes semblent ne s’être occupés, dans leurs Drames, qu’à mettre en œuvre le Poëme d’Ovide sur l’art d’aimer. […] Tels ont été les progrès de l’établissement des Spectacles chez les anciens, comme chez les modernes. […] Il ne pense pas comme ces modernes Aristipes, dont vous paroissez avoir adopté l’Ecole, que des Spectacles & des mœurs puissent jamais être choses compatibles.
Voilà la Philosophie moderne, et les Mœurs anciennes », observe M. […] Ainsi, quand il serait vrai que les pièces modernes, plus épurées, n’auraient plus de vrai comique, et qu’en instruisant beaucoup, elles ennuieraient encore davantage, la pureté des mœurs n’en serait pas la cause. […] « Parcourez la plupart des pièces modernes, c’est toujours une femme qui sait tout, qui fait tout ; la bonne est sur le théâtre, et les enfants sont au parterre.
Une indécence propre au théatre moderne, que n’avoit pas l’ancien, augmente beaucoup le danger.
Sans souiller dans les histoires anciennes & modernes, voyez seulement les Russes, il n’y a que des bêtes entousiasmées qui puissent agir comme eux.
On n’a qu’à parcourir les Almanachs des Spectacles, on y verra tout cela, & encore de nouvelles horreurs enfantées par les imaginations lubriques des modernes, ou prises des Contes de Bocace, de la Fontaine, de Rabelais, de Pétrone, de l’Arétin.
Ce n’est ni la foiblesse de l’Abbé de Besplas, qui attend bonnement de la sainteté & de la toute-puissance des Grands la guérison miraculeuse de tous les maux du théatre, ni la hardiesse du sieur Fagan, qui se joue de tout, comble la scène moderne d’éloges, & ne demande pour continuer d’en faire une école de perfection, que l’attention des Censeurs à ne pas approuver de mauvaises pieces ; le P.
Si vous aviez le goût grec, vous n’y mettriez que des Courtisanes, des Parasites, des Ganymèdes et des Antinoüs : convient-il donc à de plats modernes d’oser mieux faire que les Anciens et de ménager les oreilles chastes ?