Tout cela est louable sans doute, & bien préférable à l’esprit fort des héros modernes qui se font honneur de leur impieté.
(On tâche d'éluder l'autorité des Pères, en particulier de Tertullien, en disant qu'ils s'élevaient contre l'idolâtrie qui régnait alors sur le théâtre ; on verra dans tout le reste de cet ouvrage qu'il le condamne par d'autres raisons qui ne regardent pas moins la scène moderne que l'ancienne.)
Nos Auteurs modernes nous ont fait connoître que cette espéce de Spectacle pouvoit très-bien être rempli par des Scenes nobles, touchantes et; qu’on pouvoit faire une bonne Comédie sans provoquer les éclats de rire par des plaisanteries. […] Si Moliere et; les autres Auteurs contemporains ou modernes, n’avoient orné la Scene que de Pasquinades comme autrefois, elles y seroient encore reçues ; mais malgré le goût du peuple pour ces farces, on lui a fait voir du véritablement beau ; il a changé petit à petit, et; ce changement, bien loin de prouver, comme vous le prétendez, qu’il faut absolument suivre et; embellir les mœurs ou le goût présent, rend le témoignage le plus convainquant, que le Théâtre aide à le rectifier, puisque la premiere représentation du Misantrope fut mal reçue, et; que depuis ce tems-là cette piéce a toujours été regardée comme un chef-d’œuvre. […] Vous convenez, Monsieur, que nos Auteurs modernes, guidés par de meilleures intentions, font des pieces plus épurées, qu’elles instruisent beaucoup, mais qu’elles ennuyent encore davantage. […] Quoiqu’il en soit, laissez au Comédiens le soin de se plaindre que les Auteurs modernes les font prêcher au désert.
Ce genre de tactique étoit inconnu aux grecs & aux romains : c’est une découverte moderne qui doit former d’excellens guerriers.
Sarrazin, 1729 : les Rôles de Vieillard dans le Tragique, dans le Haut-comique & les Drames du genre moderne.
Laurent Thirouin précise que les éditions modernes optent pour la leçon « voluntatis », et non « voluptatis » comme dans le texte cité par Goibaud-Dubois.
Ce qui m’étonne, c’est que les apologistes du théâtre moderne aient été assez peu instruits, ou assez peu de bonne foi, pour confondre ces objets, et ne pas voir par les dates même des lettres patentes et des arrêts qu’ils citent avec tant de confiance, que ces titres ne peuvent appartenir à des hommes nouveaux, si différents de ceux qu’on a voulu autoriser, qu’ils ne peuvent au contraire que proscrire des gens si opposés à l’esprit et aux vues religieuses qui les firent accorder.
à l’entendre parler de la conduite et de la noblesse des Comédiens, je l’aurais pris pour un Auteur moderne.
) que l’espoir ou la crainte des peines ou des plaisirs temporels, sont propres à former des hommes vertueux , l’ancien Venceslas récompensoit le vice & punissoit la vertu : le Moderne fera-til grace ce vice choquant ? […] Qu’il n’arrive pas au Théâtre moderne ce qui arriva au Théâtre d’Athênes, où les Spectateurs ennuyés d’entendre depuis longtemps des chansons Dyonisiannes, crierent tous unanimement : plus de Bacchus, plus de Bacchus ; & que notre parterre ne se mette pas à crier : plus d’amour, plus d’amour.
Je les termine toutes par celle d’un de nos Auteurs plus modernes ; c’est Didacus de Tapia. […] Or, puisque ces justes censures tombent certainement sur les Poètes modernes, aussi bien que sur ceux d’autrefois ; il faut songer sérieusement à nous corriger. […] Je ne dis pas cela absolument : les postures des Danseurs modernes, quoique hardies et quelquefois même indécentes, ne sont pas tout à fait si scandaleuses que celles de ces anciens bouffons.