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20. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre troisiéme. — Chapitre III. But que le Spectacle moderne doit se proposer. » pp. 123-132

But que le Spectacle moderne doit se proposer. […] Le mot Opéra fut d’abord en usage chez les Italiens, parmi les nations modernes ; ils le prirent du Latin qui l’employe pour signifier œuvres. […] Les Romans Anglais sont directement en récit ce que nos Poèmes modernes sont en action. […] Il ne me reste plus qu’à dire un mot sur le but moral que se propose, ou que devrait au moins se proposer notre Spectacle moderne, à l’imitation des autres Théâtres.

21. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre prémier. — Chapitre prémier. Déssein de cet Ouvrage. » pp. 2-7

D’illustres Modernes, à l’imitation de ce fameux Philosophe, se sont éfforcés de répandre une vive clarté dans la pénible carrière du Théâtre ; ils ont fait en sorte que les couronnes de lauriers du Poète Dramatique ne se fanassent jamais. […] On a lieu d’être surpris qu’on n’ait point encore rassemblé dans un même ouvrage tout ce qui concerne les différens genres des pièces Théâtrales tant anciennes que modernes, & les diversités que le goût & les usages des Peuples y repandent. […] Afin de donner d’avantage à mon Livre un air de nouveauté, je ferai rapporter une partie de mes raisonnemens au Spectacle moderne.

22. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre VI. Des Actes ou des divisions nécessaires au Poème dramatique. » pp. 90-106

A près avoir parcouru les différens genres qui ont quelque rapport au Spectacle moderne, voyons combien d’Actes il est à propos de prescrire à ses Poèmes. […] Secondement, ceux-ci ne fesant pas attention qu’un amusement trop long devient enfin ennuyeux, s’étendraient autant qu’il leur serait possible : croyant être maîtres d’allonger ou d’accourcir à leur gré les Poèmes modernes, les uns ne feraient qu’un demi-Acte, les autres donneraient à leurs Pièces une étendue considérable. […] Il est certain que ceux qui travaillent pour le Spectacle moderne ont fait paraître tout-à-la-fois sur la Scène des Pièces en un Acte, en deux, en trois ; depuis peu ils ont poussé jusqu’à quatre : il ne leur manque plus que d’atteindre jusqu’à cinq Actes, pour se vanter d’avoir donné une mesure de plaisirs, ou d’ennui, égale à celle du Poème le plus dans les règles. […] A juger par l’accueil étonnant que l’on fait au Théâtre moderne, ses Poèmes ne sauraient avoir trop d’étendue ; à peine en serait-ce assez de leur laisser le champ vaste de six Actes. […] Voilà, selon moi, la longueur la plus considérable qu’il faille donner aux Drames modernes ; c’est le nec plus ultra du nouveau Spectacle.

23. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — TROISIEME PARTIE. — Tragédies à conserver. » pp. 128-178

Il est juste que je donne à Athalie le pas sur toutes les Tragédies modernes : de quelque côté qu’on l’examine, on ne trouve dans cette Tragédie que des beautés admirables. […] Parmi un si grand nombre de Tragédies modernes, en voulant séparer celles que l’on peut conserver, je me suis apperçu, avec surprise, que presque toutes les Tragédies Grecques peuvent rester au nouveau Théâtre : si l’on ne s’était point écarté de ces dignes modèles, le Théâtre moderne aurait peu besoin de correction, et ne se serait pas attiré tant de critiques. […] Quant à l’amour de Pulchérie et de Léonce, outre qu’il ne leur échappe pas la moindre expression qui fasse connaître leur passion, je trouve que c’est une espèce d’amour que ni les Anciens, ni les Modernes n’ont jamais traité avant Corneille. […] Polyeucte est un chef d’œuvre qui, en tout temps, fera honneur au Théâtre moderne, et qui peut être regardé comme un morceau éternellement digne du Théâtre de la Réformation. […] Le sujet d’Iphigénie en Tauride, traité d’abord par Euripide, l’a été depuis par deux Poètes modernes ; M.

24. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  TABLE DES CHAPITRES. » pp. 3-4

Histoire de la Poësie Dramatique moderne. […] Dans quelle Nation la Poësie Dramatique moderne fit-elle les plus heureux progrès ?

25. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre premier. De la Musique. » pp. 125-183

Voilà ce que c’est que la musique en général, ce rien agréable, dont les Anciens furent si charmés, & que les Modernes ne chérissent pas avec moins d’enthousiasme. […] Les ornements dont l’enrichirent les Anciens, & les bautés que lui procurent les Modernes, la rendent tout-à-fait charmante, sans lui donner un mérite plus réel. […] Un Auteur moderne a fait une longue dissertation à ce sujet. […] Les Peuples modernes placent partout la Musique. […] De savans Modernes de différens Pays ne l’ont pas non plus ménagée.

26. (1702) Lettre de M. l’Abbé de Bellegarde, à une Dame de la Cour. Lettre de Lettres curieuses de littérature et de morale « LETTRE. de M. l’Abbé de Bellegarde, à une Dame de la Cour, qui lui avait demandé quelques réflexions sur les pièces de Théâtre. » pp. 312-410

Parmi les Modernes j’estime infiniment Vida, de Crémone, Poète, et Evêque d’Albe : Ces deux qualités paraissent assez mal assorties ; il a composé sur la poétique trois petits livres en vers, à l’imitation d’Horace. […] Despreaux ; il a travaillé selon le goût d’Horace ; le Moderne a égalé, s’il n’a surpassé l’Ancien. Ceux qui ne sont pas de ce sentiment, ne donnent tant d’éloges au Romain, que par un désir détourné d’abaisser le Français : Ce n’est pas qu’ils se soucient de rendre justice à l’Ancien ; c’est que la réputation du Moderne les éblouit et les importune. […] C’est sur ce principe, que les Théologiens modernes excusent l’état des Comédiens, et soutiennent qu’ils sont en bonne conscience, pourvu qu’ils n’abusent pas de leur emploi, et qu’ils ne disent rien d’illicite, ou de scandaleux, qui pût blesser les oreilles délicates. […] Il est donc aisé de voir, que les Comédies anciennes n’ont rien de commun avec les modernes, et que si les Pères les ont décriées en termes si forts et si sanglants, c’est qu’elles étaient en effet très criminelles, et très infâmes : Ainsi les conséquences que l’on tire des raisonnements des Pères, portent à faux, à cause du peu de rapport qu’il y a entre les Comédies anciennes et les modernes ; puisqu’alors de la liberté des paroles on passait à celle des actions, et que l’on faisait dépouiller les Comédiennes en plein Théâtre, pour contenter la licencieuse curiosité d’un Peuple impudique.

27. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Sentiments des Pères de l'Eglise sur la comédie et les spectacles — Avertissement » pp. 72-80

Mais beaucoup de gens prétendent qu'il n'y a rien de si différent que la Comédie des siècles passés, qui a été l'objet de leur colère et de leur indignation, et la Comédie moderne. […] Or il faut avouer de bonne foi que la Comédie moderne est exempte d'idolâtrie et de superstition: mais il faut qu'on convienne aussi qu'elle n'est pas exempte d'impureté ; qu'au contraire cette honnêteté apparente, qui avait été depuis quelques années le prétexte des approbations mal fondées qu'on donnait à la Comédie, commence présentement à céder à une immodestie ouverte et sans ménagement, et qu'il n'y a rien par exemple de plus scandaleux que la cinquième Scène du second Acte de l'Ecole des Femmes, qui est une des plus nouvelles Comédies. […] Mais comme ces choses sont si claires et si évidentes qu'elles n'ont pas besoin de preuves; et que le dessein de cet ouvrage a été principalement de montrer que la Comédie moderne, revêtue même de toute son honnêteté prétendue, est un mal, et que les Pères l'ont condamnée par les endroits qui paraissent les plus innocents à ceux qui ne savent pas assez quelle est la sainteté de la morale chrétienne, il faut faire voir dans cet avertissement les sentiments de ces grands hommes sur ce sujet, recueillis en peu de paroles, afin que ceux qui liront les traductions suivantes aient moins de peine à les remarquer lorsqu'ils les trouveront répandus dans leurs Ouvrages.

28. (1767) Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs « Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs — ESSAI SUR LES MOYENS. De rendre la Comédie utile aux Mœurs. » pp. 7-10

Les fruits qui sont la suite d’une satire sage & modérée, ont fait adopter ce spectacle chez presque toutes les nations tant anciennes que modernes. […] Mais sans entrer dans toutes ces discussions sur la Comédie ancienne & moderne, discussions qui n’aboutiroient vraisemblablement qu’à faire pencher la balance du côté de l’une ou de l’autre sans faire adopter la meilleure, je me bornerai ; 1°. à examiner la Comédie dans sa nature, c’est-à-dire dans le but qu’elle doit se proposer ; 2°. ensuite j’examinerai si les Comédies Françoises ont atteint le vrai but que se propose la Comédie ; 3°. enfin je rechercherai s’il n’y a pas quelques obstacles qui s’opposent parmi nous à la perfection de la Comédie.

29. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre IV. Des Personnages. » pp. 239-251

Les meilleurs Auteurs modernes s’attâchent à mettre dans leurs ouvrages de Théâtres cette règle nécessaire, qu’on ne sçaurait enfreindre sans détruite toutes les autres. […] Les Personnages du Théâtre moderne ne sçauraient être trop vils. […] Je placerai ici une observation importante que je tiens d’un Acteur du Théâtre moderne, estimable par son caractère & par ses talens. […] On veut encore que les Amans des Drames modernes ne se parlent qu’en se tutoyant ; il est vrai que c’est imiter la franchise, l’aimable simplicité des habitans de la campagne.

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