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6. (1599) Des spectaculis pp. 406-419

Admonentur enim quid facere possint, et inflammantur libidine, quæ aspectu maxime et auribus concitatur : puellæ præsertim et juvenes, quos intempestivus voluptatibus infici grave est, atque reip. […] Censeo ergo, moribus Christianis certissimam pestem afferre theatri licentiam, nomini Christiano gravissimam ignominiam Censeo Principi eam rem vel maxime curæ fore, ne aut ipse suo exemplo auctoritatem conciliet arti vanissimæ, si frequenter intersit spectaculis, audiatque libenter fabulas, præsertim quæ ab histrionibus venalibus exhibentur : et quoad fieri poterit, de tota provincia exturbet eam pravitatem : neque concedat mores suorum ea turpitudine depravari. […] « Deus enim (uti Basilius ait libro de virginitate) cum conderet animantes in utrumque sexum distinctas, œstrum mutuæ cupiditatis inservit, inter homines maxime, qua se invicem appeterent, majorem multo in viro : quoniam fœminam de ejus latere formatam diligit ut proprium membrum, et ad eam toto impetu rapitur. […] Enim vero cum histriones studia omnia lucro metiantur, multitudine allicienda, quam non ignorant aspectu mulierum, et auditu maxime capi, omnes fraudes suscipiunt, nulla honestatis cura : usque eo ut in templa etiam turpes has mulierculas inducant : quod his annis non semel factitatum est, neque uno loco in Hispania, quod horrescunt audire aures. de quibus rebus egerint, pudet, pigetque dicere. […] Vitiis omnibus et fraudibus viam muniunt, libidini maxime, quæ auribus et oculis suscipitur.

7. (1686) Sermon sur les spectacles pp. 42-84

Je dis d’abord les maximes du monde. […] Quoi, mon Frère, vous êtes un membre de Jésus-Christ crucifié, et vous croyez pouvoir, sans déshonorer cette auguste qualité, fréquenter les Théâtres qui ne retentissent que des maximes du monde ? […] ne venez donc plus nous dire que les Spectacles peuvent s’allier avec les devoirs du Chrétien ; car je croirai vous avoir suffisamment confondu, en opposant tout simplement aux maximes du Théâtre l’image de Jésus-Christ dont toute votre vie doit être l’Expression. […] Comment ferez-vous, dites-le-moi, pour allier maintenant les Spectacles avec votre Baptême, et pour vous persuader qu’ils n’ont rien de commun avec ces maximes du monde auxquelles vous avez renoncé ? […] L’Evangile est pour toutes les conditions et pour tous les états ; mais ce n’est ni en suivant le torrent du siècle, ni en se conformant à ses maximes, qu’on peut arriver au Royaume des Cieux.

8. (1765) De l’éducation civile « De l’éducation civile » pp. 76-113

Ces maximes, énoncées avec force, & accompagnées des charmes de la Musique & de la Danse, pénétroient profondément dans l’ame des Spectateurs. […] Vous avez compris qu’il y auroit de l’indécence à obliger une jeune Personne, à révéler, à une Assemblée respectable, des secrets qu’elle rougit de s’avouer à elle même ; mais auriez-vous oublié cette maxime d’un Ancien, que les choses honteuses à faire ne sont jamais bonnes à dire, encore moins à représenter ? […] Croit-on que ces maximes, qu’il est possible de démontrer aussi rigoureusement qu’aucune proposition de géométrie, si elles étoient une fois implantées dans de jeunes ames, n’y germassent pas avec le temps, & ne donnassent pas des fruits dans la saison ? […] Or, où pourroit-on mieux puiser ces maximes, que dans une Ecole de la vie civile, formée sur le modele de l’Académie de Platon & du Portique de Zenon. […] Ils retiendroient la substance des maximes qu’on y enseigneroit ; mais sans pouvoir remonter aux principes, ni en déduire des conséquences.

9. (1609) De spectaculis pp. 127-188

Porro insolita admirari, quotidiana contemnere, humanum est : suntque maxime mirabilia, et maximum exprimunt voluptatem, quæ maxime inexpectata continunt, maxime periculosa videntur. […] quæ oblectatio maxime omnium devincit homines, atque ita ut vel ipsa nuda commemoratione animos rapiat ? […] Neque philosophorum tantum placita commemorabimus, sed etiam gentium mores et instituta earum, quarum probitas maxime laudatur. […] ut maxime animus et constanter velit, certoque præjudicatum habeat consensum expressum in voluptatem repudiare. […] Vitiis omnibus et fraudibus viam muniunt, libidini maxime, quæ auribus et oculis suscipitur.

10. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — CINQUIEME PARTIE. — Tragédies à rejeter. » pp. 235-265

On pourrait aussi examiner si la passion d’amour, telle qu’on la représente dans cette Tragédie, c’est-à-dire dans un degré ordinaire, peut fonder une grande action : mais, sans entrer dans ce détail, je me contenterai de dire, qu’une action tragique de cette nature (malgré la supériorité avec laquelle Racine l’a traitée) ne peut inspirer que des maximes dangereuses, pour apprendre à métaphysiquer sur une passion, dont les suites peuvent aisément devenir funestes. […] Lorsqu’Elisabeth dit, qu’elle a donné lieu au Comte de ne rien craindre et sujet de ne point se gêner, le Poète a suivi parfaitement la nature, et selon ce principe, il établit une maxime très capable de séduire et de corrompre le cœur des Spectateurs ; mais l’austère vertu dont la Reine fait parade ensuite lorsqu’elle dit, que pour toute récompense de son amour le Comte doit être content de la voir, de soupirer, de la plaindre de se plaindre, cette austère vertu, dis-je, n’est capable que d’égayer l’Auditeur en le faisant rire d’une maxime que le penchant de la nature ne nous inspire pas : ainsi cette belle vertu est étalée sur la Scène en pure perte. […] Bref, la morale et l’instruction que les Spectateurs peuvent tirer de cette Tragédie, se réduisent à cette maxime ; que dans les plus vertueux et les plus grands Héros, non seulement la passion d’amour est excusable, mais que d’une certaine façon elle est même nécessaire ; maxime insoutenable et très pernicieuse : ainsi je ne crois pas que l’Alexandre de M. […] Ce qui ne me détermine pas moins à mettre la Tragédie d’Astrate dans la classe de celles qui sont à rejeter : c’est la morale qui règne dans cette Pièce ; elle est remplie de maximes très pernicieuses, et même quelquefois impies.

11. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — XVIII.  » p. 474

Il ne faut pas s'imaginer que ces méchantes maximes dont les Comédies sont pleines ne nuisent point, parce qu'on n'y va pas pour former ses sentiments, mais pour se divertir: car elles ne laissent pas de faire leurs impressions sans qu'on s'en aperçoive ; et un Gentilhomme ressentira plus vivement un affront, et se portera plus facilement à s'en venger par la voie criminelle qui est ordinaire en France, lorsqu'il aura ouï réciter ces vers. […] Or on ne peut nier que les Comédies, qui sont toutes pleines de ces mauvaises maximes ne contribuent beaucoup à fortifier cette impression; parce que l'esprit y étant transporté et tout hors de soi, au lieu de corriger ces sentiments, s'y abandonne sans résistance, et met son plaisir à sentir les mouvements qu'ils inspirent, ce qui le dispose à en produire de semblables dans l'occasion.

12. (1675) Traité de la comédie « XVIII.  » pp. 300-301

Il ne faut pas s'imaginer que ces méchantes maximes dont les Comédies sont pleines ne nuisent point; parce qu'on n'y va pas pour former ses sentiments, mais pour se divertir: car elles ne laissent pas de faire leurs impressions sans qu'on s'en aperçoive ; et un Gentilhomme sentira plus vivement un affront, et se portera plus facilement à s'en venger par la voie criminelle qui était ordinaire en France, lorsqu'il aura ouï réciter ces Vers: « Mourir sans tirer ma raison : Rechercher un trépas si mortel à ma gloire ; Endurer que l'Espagne impute à ma mémoire D'avoir mal soutenu l'honneur de ma maison; N'écoutons plus ce penser suborneur. » Et la raison en est que les passions ne s'excitent pas seulement par les objets, mais aussi par les fausses opinions dont l'esprit est prévenu. […] Or on ne peut nier que les Comédies, qui sont toutes pleines de ces mauvaises maximes, ne contribuent beaucoup à fortifier cette impression; parce que l'esprit y étant transporté et tout hors de soi, au lieu de corriger ces sentiments s'y abandonne sans résistance, et met son plaisir à sentir les mouvements qu'ils inspirent, ce qui le dispose à en produire de semblables dans l'occasion.

13. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — XVII.  » pp. 471-473

Ainsi les Poètes qui doivent s'accommoder à ces inclinations pour leur plaire, sont obligés de faire en sorte que leurs pièces roulent toujours sur ces trois passions; et de les remplir d'amour, de sentiments d'orgueil, et des maximes de l'honneur humain. […] Meurs ou tue. » Et cependant en les considérant selon la raison, il n'y a rien de plus détestable ; mais on croit qu'il est permis aux Poètes de proposer les plus damnables maximes pourvu qu'elles soient conformes au caractère de leurs personnages.

14. (1675) Traité de la comédie « XVII.  » pp. 297-299

Ainsi les Poètes, qui pour leur plaire doivent s'accommoder à ces inclinations, sont obligés de faire en sorte que leurs pièces roulent toujours sur ces trois passions, et de les remplir ainsi d'amours, de sentiments d'orgueil, et des maximes de l'honneur humain. […] Mais on croit qu'il est permis aux Poètes de proposer les plus damnables maximes pourvu qu'elles soient conformes au caractère de leurs personnages.

15. (1742) VIII. Conférence. De la Comédie, contraire aux promesses du Batême [Conférences théologiques et morales, IV] « X. Conference sur les sacremens. » pp. 223-247

Ne corrompent-ils pas les mœurs par tant de mauvais sentimens qu’ils inspirent, si contraires aux maximes de l’Evangile ? […] Jesus-Christ enfin a envoyé ses Apôtres par toute la terre, pour précher son Evangile : mais il n’y a jamais envoyé de comédiens, pour y débiter des maximes contraires à cet Evangile, comme font tous les gens de théatre. […] Uniquement attentifs à corrompre le monde sous prétexte de le réjouir, ils ne débitent que des maximes pernicieuses, tout opposées aux maximes saintes de l’Evangile : maximes d’orgueil, en ne parlant que de fierté, de hauteur & de mépris : maximes de vengeance, en donnant la fausse valeur de leurs héros pour la vraie grandeur d’ame qui consiste à ne rien laisser impuni : maximes de cupidité & du plus sordide interêt, en exposant aux yeux d’un public tous les artificieux détours des usuriers, pour s’enrichir du bien des familles, des orphelins & des veuves : maximes d’impureté, en exposant sur la scéne les intrigues amoureuses de mille amans profanes. […] Nous renonçons à ses maximes pour toujours, & nous embrassons les vôtres.

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