Le Théâtre recommença par les représentations saintes ou morales : Peu de temps après, la corruption y mêla du profane, et le Public les goûta davantage.
*** Ici vient se mêler un héros dans nos Scènes, Qui, par son ton superbe, ébranle tous les cœurs, Et nous fait, bien souvent, répandre bien des pleurs : Il semble avoir en main de l’Empire les rênes.
Je dis universel, parce que ce n’était pas seulement en France que le clergé catholique mêlait des sujets profanes aux choses saintes et aux offices divins ; nous allons nous borner à quelques citations de ces sortes de profanations dans les pays étrangers : A Nivelle, dans le Brabant, la confrérie de Sainte-Gertrude fait, tous les ans, le lendemain de la Pentecôte, une procession solennelle en l’honneur de cette sainte qui est la patronne de la ville. […] On voit cependant ce mélange monstrueux dans la procession de la Fête-Dieu, qui d’ailleurs est pompeuse et magnifique ; dans les rangs des ecclésiastiques, qui marchent dévotement et les yeux baissés, se mêlent des farceurs et des baladins, qui gesticulent et qui sautent de la manière la plus indécente. […] Les plus libertins d’entre les séculiers, se mêlaient parmi le clergé pour faire aussi quelques personnages de fous en habits ecclésiastiques, de moines et de religieuses. […] Dans l’intervalle des leçons on faisait manger et boire l’âne ; enfin, après les trois nocturnes, on le menait dans la nef, où tout le peuple, mêlé au clergé, dansait autour de lui : on tâchait d’imiter son chant. […] L’impiété se mêlait à cette bouffonnerie.
n’y mêle-t-on, ni épisode, ni passion, ni intrigue, ni dénouement ? […] Jamais profanation plus éclatante que celle du théâtre ; ce n’est pas une conversation particulière, où quelque bouffon détourne à un sens profane quelque mot de l’Ecriture, c’est ici une pièce entière, où de propos délibéré, avec le plus d’art et de réflexion, on change, on ajoute, on retranche, on altère, uniquement pour amuser le parterre, le texte, les pensées, les événements des livres saints, souvent avec la plus grande indécence, par des épisodes et des personnages qui y mêlent la galanterie et le crime. […] Corneille a mêlé des amours profanes dans Polyeucte et dans Théodore, Boyer dans Judith. […] Mais l’Abbé auteur donne prudemment à son drame un passeport sans lequel il n’eût pas été reçu ; c’est une intrigue amoureuse, de son invention, d’un Prince Ammonite avec la fille de Jephté : « Je n’ai point, dit-il, osé bannir tout à fait l’amour profane d’un théâtre qui n’est fait que pour lui. » Il tâche d’excuser les danses sacerdotales et pastorales qu’il y mêle ; il assure qu’une grande Princesse versa des larmes à la seule lecture qu’il lui en fit (il fallait qu’elle eût le cœur bien tendre).
Les noms des Dieux de la Fable qu’on y mêle, les grands mots adorables, divinités, génie, leur paroît une apothéose. […] Pour peu qu’un homme eût de verve, il pouvoit, sans être éclipsé, se mêler dans cette foule de rimailleurs, & le public qui n’en savoit pas davantage, & qui y entendoit le langage des Halles, crioit au miracle, comme les Harangetes battoient des mains aux farces de Vadé, &c. […] Il en résultoit dans sa tête un systême bizarre où tout étoit mêlé & confondu, sans précision & sans justesse. […] Cyranno ne se mêla point de politique, ses satyres étoient moins des traits caustiques que des plaisanteries d’un débauché. […] Les eaux venant à s’y mêler, formerent un mortier que le tems a durci comme une pierre.
Si les Tragiques Grecs avaient établis la règle des divisions des Drames, pour accorder aux Spectateurs quelques tems de repos, auraient-ils souvent laissé sur la Scène un de leurs principaux Personnages, qui se mêlait quelquefois avec le chœur, ou qui gardait le silence ? […] M. de Mailhol ; Ramire, Tragédie, mêlée de Scènes comiques, représentée aux Italiens en 1757.
Que sert en somme la figure du Dragon, comme toutes les autres masques et diableries, et principalement celles qui se font ès Processions, sinon pour faire peur aux enfants, faire rire les bons compagnons et libertins, et les conduire à un mépris des saintes Cérémonies qu’on mêle avec les Jeux et Spectacles ?
Si nous adoptions le précepte d’Horace, dont j’ai parlé plus haut, les quinqué, les septuor, de l’Opéra-Bouffon & de la Comédie mêlée d’Ariettes en seraient bannis pour jamais ; & le nouveau Spectacle perdrait son plus bel ornement.
Inès a porté dans tous les cœurs, l’attendrissement dont elle était pénétrée : elle a vu des larmes, entendu des sanglots, mêlés aux cris de l’admiration.
J’ai donc appréhendé de mêler des Dissertations de Dogme à l’examen des piéces de Théatre, je crois avoir eu raison.