Pour ceux qui sont remplis des maximes de la chair et du monde, et que Dieu par un juste, mais terrible jugement, a abandonnés aux désirs de leur cœur ; je ne m’étonne pas qu’ils trouvent de la faiblesse dans mes raisonnements ; ils en trouvent dans l’Evangile : ils n’ont pas accoutumé d’examiner les choses par les règles que j’ai suivies.
« Si le pénitent ne veut pas promettre de renoncer pour toujours à ces amusements pernicieux, ou si le confesseur a un juste fondement de juger que, nonobstant la promesse qu’il en fait, il n’est pas véritablement disposé à fuir entièrement les spectacles, il doit lui refuser l’absolution, jusqu’à ce que, par des preuves réelles et non équivoques, il soit moralement assuré de la sincérité de sa conversion et de son changement ; conformément aux anciennes ordonnances synodales de ce diocèse, qui ont été renouvelées et confirmées à cet égard. » (Instructions sur le Rituel de Toulon, t. i, du Sacrement de pénitence, page 741.)
Le Prince de Condé voyant que la maison d’Orléans avoit obtenu le théâtre de l’Opera, aux dépens de la Ville ; demanda, comme branche aînée, & comme un digne objet de ses prérogatives, la préférence sur la maison de Conti, pour le théâtre de la comédie Françoise ; il l’obtint aux mêmes conditions, que la Ville de Paris en fera tous les frais ; que le théâtre fera corps avec l’Hôtel, s’y simétrisera avec la façade : c’est un si bel ornement, il est bien juste de l’y incorporer.
L’art de la danse dans sa juste idée, est l’art de peindre & d’exciter les passions, & d’en présenter les objets par les mouvemens du corps, c’est la volupté en action, le cœur en mouvement, comme la peinture représente par les couleurs, la musique par les sons.
Pour moi, qui suis la première femme qui traite cette matière ; qui n’ai lu les Ouvrages des hommes que pour les contredire, je vais prendre un juste milieu : J’avance que le Théâtre peut être utile ou dangereux par ses Drames, par la Musique, par les Danses ; mais qu’il est toujours avantageux par le plaisir qu’il procure ; je dois le prouver dans un autre endroit.
« Mais quel spectacle au chrétien (dit-il) est l’avènement voisin du Seigneur, déjà connu, déjà glorieux et triomphant, quelle exultation des anges, quelle gloire des saints ressuscitant, quelle le royaume des justes et la nouvelle cité de Jérusalem ?
Thémistocle, grand homme d’Etat, jeta sans façon dans la mer, par un zèle un peu militaire, un Poète comique : « Tu ne m’as que trop noyé, lui dit-il, en me portant au vice, de toutes les mers la plus orageuse, où le naufrage est le plus certain ; il est juste qu’à mon tour je te noie une fois. » Platon et Aristote, si différents dans leurs sentiments, se réunissent en ce point.
.° Quel plus beau spectacle que l'avènement du Seigneur triomphant, la joie des Anges, la résurrection des Saints, le règne des Justes, la nouvelle Jérusalem, ce dernier et perpétuel jour du jugement, si peu attendu, si méprisé, lorsque ce monde si ancien et tant de fois renouvelé sera consumé par le feu !
On dira, peut-être, que l’expérience nous apprend le contraire de ce que j’avance ; puisque nous sommes témoins chaque jour que les justes supplices, décernés aux grands criminels, font sur les hommes les plus vives impressions d’horreur et de compassion ; pendant qu’ils ne voient qu’avec répugnance les coupables languir dans les douleurs : mais, il on fait réflexion à la différence qu’il y a de voir avec les yeux de l’âme, ou avec les yeux du corps, on cessera de faire cette objection.
A la place de l’Avarice, supposez que c’est le Génie du commerce qui parle, & vous aurez une juste idée de l’activité qu’il exige de tous ceux qui suivent son parti. […] Il n’arrive point une dispute par an, aux Théatres, même au Parterre, & peut-être, pourrais-je dire hardiment qu’il ne se passe point de jour ou de nuit sans que le Boulevard ne nous offre quelque catastrophe sanglante ; ainsi, l’objection contre les Théatres de la Nation, est sans fondement, & quand bien même elle serait juste, la Cause des Trétaux n’en serait certainement pas meilleure. […] On ne saurait disconvenir que cet Ouvrage, rempli de vérités certaines, de principes excellens, d’observations judicieuses, ne contienne aussi des raisonnemens un peu hazardés, des conséquences peu réfléchies & peu justes ; en un mot, un rigorisme pousse trop avant contre les Théatres.