Elle sert non-seulement à l’Auteur, mais encore au Lecteur, à l’un, à juger de l’effet d’une période, accompagnée d’un ton & d’un geste convenables ; à l’autre, à se mettre à la place du premier, & à sentir ce qu’il veut lui dire.
Jugez sur ce pied, Madame, où vous en pourrez venir, si vous aimez le divertissement de la comédie.
ou Lutteurs, bien qu'ils combattissent tous nus sur l'Arène, ni les Thyméliques ou Musiciens, bien qu'ils joignissent leur voix et l'adresse de leurs mains aux Danses des Mimes et des Bouffons ; ni les Conducteurs des Chariots au Cirque, ni même les Palefreniers qui servaient auprès des chevaux employés aux Courses sacrées, bien qu'ils fussent de la plus méprisable condition, d'où l'on peut aisément juger, et certainement, que les Acteurs des Poèmes Dramatiques n'ont jamais souffert cette tache ; ils ne paraissaient point sur le Théâtre que modestement vêtus, bien que ce fut quelquefois plaisamment ; ils n'occupaient les Musiciens qu'aux Danses et aux Chants de leurs Chœurs, ou de quelques vers insérés dans le corps de leurs Poèmes, comme ceux de nos Stances que l'on récite mal à propos, au lieu de les chanter, étant Lyriques.
La source de la damnation, dit Tertullien en parlant des Comédiens, est le mauvais usage de sa condition ; et au pis aller on pourrait ce semble les réduire à en juger de même que d’un valet dont le maître prête quelquefois à usure et quelquefois sans usure, ou d’un marchand qui vend des cartes à des personnes qu’on soupçonne tromper quelquefois au jeu. […] Quatrièmement, il ajoute qu’on doit juger des Spectacles par le jugement que les Païens en faisaient, ils croyaient qu’un homme était devenu Chrétien quand il s’en abstenait. « Le refus20 , dit-il, qu’un homme fait d’aller aux Spectacles, est la marque par laquelle les Païens reconnaissent qu’il est devenu Chrétien, pour nous faire connaître que l’instinct de la Religion Chrétienne doit éloigner du Théâtre ceux qui en font profession. […] » L’on pourra peut-être croire qu’en approchant plus près du siècle présent, les Théâtres se sont purifiés et ont beaucoup changé, mais on en peut juger par ce qui s’est passé du temps de saint Charles, et depuis lui jusqu’à présent. […] Que ce soit là le sentiment de ce saint Prélat, la preuve en est claire ; car dans le même endroit il parle en général de la Comédie, il veut qu’on avertisse les Princes et les Magistrats, afin qu’ils chassent les Comédiens de leurs terres et de l’étendue de leur Juridiction68. « Nous avons, dit-il, jugé à propos qu’il était bon de remontrer aux Princes, et d’avertir les Magistrats qu’il fallait chasser hors de leurs terres les Comédiens, les Farceurs, les Bateleurs et tous les autres méchantes gens qui sont de cette sorte.
On y apprend à juger de toutes choses par les sens, à ne regarder comme bien que ce qui les satisfait, & à ne considérer comme subsistant & réel que ce qui les frappe. […] Simonet) qui observa que « la plupart des partisans des Spectacles sont portés plutôt par inclination que par lumieres, à juger favorablement d’un Ecrit fait exprès pour justifier les Théatres ». […] C’est pourquoi il a jugé à propos de se caractériser. « Je suis, dit-il, un homme étranger, pour ainsi dire, à la piété, sans vocation décidée, en un mot un homme du monde. […] Il ne tient qu’à nos Financiers de mériter de pareils éloges ; & l’on peut en juger par l’estime que l’on a pour ceux d’entre eux dont la gestion a toujours été irreprochable. […] Au reste, ces Ecclésiastiques, apologistes publics des Théatres, sont en si petit nombre, qu’il faut en juger comme l’on juge des exceptions qui, par leur rareté confirment la regle.
Jugez après cela, Monsieur, de la bonne foi de notre Docteur, et s’il a raison de se fortifier de l’autorité de Tertullien, comme si ce Père avait dit absolument que les Spectacles ne sont défendus en aucun endroit de l’Ecriture, puisque Tertullien lui-même en cite un passage, qui selon lui les condamne. […] Il conclut enfin, en appliquant tout ce qu’il vient de rapporter des Jeux à la Comédie, et en apostrophant son Ami : « De ces paroles de saint Thomas, lui dit-il, il vous est aisé de juger, Monsieur, que sous le nom de Jeux il comprend aussi la Comédie, quand il dit que ce relâchement de l’esprit qui est une vertu, se fait par des paroles et par des actions divertissantes. […] D’où il est facile de juger que ce saint Docteur ne condamne pas absolument les danses, les chants, les Opéras et les Comédies, mais seulement les Spectacles qui représentaient les fables en la manière lascive des Grecs et des Romains, et qui se célébraient en l’honneur des Idoles. » Il n’y a rien de fidèle ni de juste dans tout ce que le Docteur pose ici de saint Cyprien : il erre dans le fait ; et il pèche dans le raisonnement qu’il fait faire à saint Cyprien, ou plutôt qu’il fait lui-même. […] On peut juger par tout cela de l’attention que saint Charles a eue à ne pas permettre les Comédies, et à les décrier même autant qu’il a pu, à cause des circonstances qui les accompagnent et de leurs effets, ainsi qu’il s’explique : et je ne sais si on doit avoir beaucoup de créance au récit de Fontana de Ferrare, qui parle d’une Ordonnance que saint Charles avait faite comme pour les permettre. […] Mais c’est peut-être qu’il s’est aperçu que la Cour toute seule n’était pas compétente pour juger d’un fait de Religion, et en cela il ne s’est pas trompé : Mais à cela près, examinons les principes d’où il tire sa conclusion.
Nous serions insensés, et nous et toute notre Cité, si on vous admettait auparavant que les Magistrats eussent vu vos Compositions, et jugé de ce que vous avez à dire à notre peuple »at.Ce sont les propres mots de cet excellent Auteur, d’où on peut recueillir combien il tenait préjudiciable à une République d’y endurer des Théâtres. […] Lui aussi jugeait défavorablement des Théâtres, et avait reconnu le dommage qu’ils causent à ceux qui les fréquentent. […] Posé que de grâce, et par une concession pure, on leur accordait, que de leur nature ils sont tels, et en l’ordre des choses libresdu, ils se font paraître très mauvais Théologiens, voulant ôter aux Conducteurs de l’Eglise, le pouvoir d’y faire des règlements, selon qu’il est jugé plus expédient pour le bien et édification des troupeaux qui leur sont commis. […] Premièrement, nous leur disons que ce n’est pas au malade proprement à juger de sa maladie, où il se peut mécompter. […] Mais comme ils se trompent à juger de leur mal, ils se déçoivent de même en ce qu’ils disent du remède.
C’est apparemment pour éviter le naufrage commun, que le Rédacteur des articles, Comédie & Comédien, dans le 6me volume du Grand Vocabulaire François, en 1768, pag. 256, a jugé expédient de la déguiser. […] &c, il feint d’être surpris du peu de considération, qu’on a pour eux, & attribue ce prétendu préjugé, à certaines constitutions des tems reculés, dont il n’a pas jugé à propos de fixer l’époque, il dissimule adroitement les postérieures, ne dit rien des écrits des Peres, & passe l’éponge sur tout ce qu’il voit être sans réponse. […] Songez encore, si vous jugez digne du nom de Chrétien, de trouver honnête la corruption réduite en maximes dans les Opera de Quinault &c.
Veuillez, je vous en supplie, me juger avec bonté, et prononcer dans votre haute sagesse sur la question que tous deux nous avons débattue.
J’ose assurer que de cent personnes qni ont reçu de l’éducation, il n’y en a pas dix en état de juger du style d’un ouvrage.