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104. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « LIVRE QUATRIEME. » pp. 1-3

Il n'est aucun de ces vices, si rigoureusement condamnés dans l'Evangile, et si contraires aux bonnes mœurs, que le théâtre ne loue, n'enseigne, n'inspire.

105. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre I. Continuation des Mêlanges. » pp. 7-31

Les rôles du Lion, dit-il, inspirent l’orgueil, l’injustice, la tyrannie ; ceux du Renard enseignait la perfidie ; ceux du Loup la rapine & la cruauté ? […] Lafontaine & tous les Fabulistes seroient bien mutilés, la moitié des fables seroient supprimées, le Lion, le Tigre, le Loup, le Renard, le Serpent, &c. se trouvent par-tout ; & loin d’inspirer leurs vices, ils sont odieux à tout le monde. […] Dans l’Histoire, qu’il appelle le Théatre des Mœurs, on voit , dit-il, Néron à côté de Titus, Domitien & Trajan, Ciceron & Catilina, les monstres & les héros, l’opprobre & la gloire de l’humanité y paroissent dans le même rang ; &, ce qui est plus déplorable, c’est que ceux qui ont écrit pour les jeunes princes l’Histoire des Rois, se sont appesantis sur leurs vices, & ont insisté avec force sur le tableau de leurs crimes, sous prétexte d’en inspirer de l’horreur ; au lieu d’en détourner les yeux du lecteur. […] Autre paradoxe : il veut, malgré toutes les regles, qu’on prenne dans la Tragédie les leçons & les exemples des princes, & dans la Comédie ceux des particuliers, pour inspirer l’horreur & le mépris du vice, à l’exception du libertinage, qu’on n’évite que par la fuite, & pour lequel le Spectacle est le plus grand danger.

106. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE VII. Suite de l’Indécence. » pp. 138-160

n’inspire-t-elle aucune passion ? […] tout ce que la plus violente passion inspire. De part & d’autre on s’efforce de la sentir pour la bien exprimer, de la bien exprimer pour l’inspirer ; tous deux bienfaits, tous deux parés, tous deux exercés, tous deux passionnés, peuvent-ils se regarder le plus tendrement, se dire les choses les plus galantes, sans allumer un feu criminel dans leur cœur ? […] Quelle tournure à donner à l’esprit des filles, que de leur inspirer le goût du théatre, qu’on devroit leur faire craindre comme l’écueil le plus dangereux de la vertu !

107. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « CHAPITRE III. Des Comédies de ce temps, si elles sont moins mauvaises et moins condamnables que celles du temps passé. » pp. 55-81

On veut faire croire que Molière avait seulement dessein d’inspirer du mépris, et de donner de l’horreur pour ceux qui font un trafic honteux de la dévotion ; et qui s’en servent pour procurer leur avancement dans le monde. […] Ne semble-t-il pas avoir pris plaisir de faire, en la personne de Dom Juan, une peinture affreuse d’un vrai scélérat, qui n’est capable d’inspirer aux jeunes gens qui en voient la représentation, que des sentiments déshonnêtes, impies et de véritables Athées. […] « On peut en tirer des moralités fort instructives, et capables d’inspirer aux hommes de l’amour pour la vertu et de l’horreur pour le vice. » Saint Isidore dit positivement que les Comédiens ne s’étudient qu’à pervertir le peuple, et non pas à le rendre meilleur. […] Car pour réussir dans le damnable dessein, que le diable leur inspire de dresser des pièges à la simplicité des filles.

108. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE V. Des Pièces tirées de l’Ecriture sainte. » pp. 96-119

On fera l’apologie des profanations théâtrales de la parole de Dieu, et un style fleuri qui inspire la piété, sera traité de sacrilège ! […] sera-ce avec ce religieux respect qu’inspire sa sainteté à un cœur chrétien ? […] Ce n’est plus une héroïne inspirée de Dieu, qui entreprend avec courage, exécute avec fermeté ; c’est une aventurière étonnée, troublée, inquiète, incertaine, qui porte l’empreinte de la faiblesse et de la témérité. […] « On ne pût souffrir, dit Fontenelle dans la vie de son oncle, la seule idée du péril de la prostitution, quoiqu’on sût qu’il n’aurait point d’effet. » Il attribue la délicatesse du public au goût de décence que Corneille avait inspiré.

109. (1707) Lettres sur la comédie « Réponse à la Lettre de Monsieur Despreaux. » pp. 276-292

C’est précisément sa douleur qui fait sa joie dans ces spectacles d’attendrissement ; mais comme la compassion qu’inspire la Tragédie, est proprement une compassion stérile, qui ne tend pas à secourir les affligés, mais seulement à s’unir de cœur à leur affliction ; il s’ensuit qu’on prend tout le mauvais de la Tragédie, et que le bon échappe faute d’objet sur qui l’appliquer. […] Monsieur, j’ose encore ne pas convenir avec vous, que l’amour exprimé chastement dans cette Poésie, bien loin d’inspirer de l’amour, contribue à guérir de l’amour, pourvu qu’on n’y répande point d’images ni de sentiments voluptueux, et que si quelqu’un malgré cette précaution ne laisse pas de s’y corrompre, la faute vient de ce quelqu’un, et non pas de la Comédie.

110. (1756) Lettres sur les spectacles vol. 2 «  AVERTISSEMENT. DU LIBRAIRE. » pp. -

Vous devez de même, Monsieur, être entendu par les gens sensés & par toutes les personnes de bonne foi, qui, averties par l’expérience, voudront se rappeller les scrupules qu’elles ont éprouvés les premieres fois qu’elles ont été à nos Théatres, avec les justes préventions qu’une bonne éducation leur avoit inspirées contre ces amusemens si funestes à la vertu.

111. (1804) De l’influence du théâtre « DE L’INFLUENCE DE LA CHAIRE, DU THEATRE ET DU BARREAU, DANS LA SOCIETE CIVILE, » pp. 1-167

Quelle haine ne devait pas naturellement inspirer contre les prêtres cette vive apostrophe que fait Montalban, à la cinquième scène du quatrième acte de la veuve du Malabar q ? […] Les muses, ces aimables et tendres sœurs, qui toujours avec la rapidité de l’éclair, fuient au premier bruit des désordres civils, les muses ont-elles pu jamais inspirer de si lugubres accents ? […] En un mot, la pièce dans son ensemble, me paraît inspirer un intérêt dont il est difficile de se défendre, et je ne suis nullement surpris du succès constant qu’elle a obtenu. […] Enfin, devons-nous trouver étrange que dans quelques tribunaux, quoiqu’heureusement en bien petit nombre aujourd’hui, l’avocat, à peine distingué de l’accusé même, puisse encore si rarement se faire entendre avec cette faveur que devrait seule inspirer la sainteté de son ministère ? […] Il est impossible que l’avocat chargé de porter la parole devant des hommes aussi vénérables, ne se sente pas l’âme agrandie, et ne s’élève pas au ton de respect et de dignité que leur aspect inspire naturellement.

112. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE V. Eloge de Moliere. » pp. 154-202

En célébrant un libertin & un impie, on diminue l’horreur que doivent inspirer son impiété & ses vices. […] quel éloge des poëtes, être inspirés par des chimeres, être comparés à des chimeres, être assis au milieu des chimeres ! […] les vers d’Horace, la prose d’Aristote ont-ils pu l’inspirer une scene ? […] Ce modèle parfait d’humilité va l’inspirer à son éleve, pour lui apprendre à bien gouverner. […] Mauvaise raison, il ne faut pas faire des peintures libres du vice, c’est l’inspirer & l’apprendre ; il n’y auroit donc qu’à faire paroître des femmes prostituées sur le Théâtre, elles existent.

113. (1762) Apologie du théâtre adressée à Mlle. Cl… Célébre Actrice de la Comédie Française pp. 3-143

D’ailleurs quel est le sentiment qu’elle inspire ? […] Dans la composition c’est l’idée que l’on consulte, dans la représentation au contraire c’est la réalité : dans l’une c’est l’art qui nous inspire ; & dans l’autre c’est la nature. […] Le crime, cette indignité monstrueuse qui souleve tout le monde ; où bien ce ton ouvert de perversité plus inspiré par la folie que par la malice : voilà l’idée exacte que nous aurons du vice. […] Là il ne sçait nous inspirer que les sentimens qui lui sont propres : le miel, la bonté, l’élévation. […] En fait d’égaremens on ne voit personne emprunter des lumiéres, encore moins des motifs : chacun suit son génie & agi selon qu’il est inspiré.

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