La Bourgeoisie & le peuple en ont encore une idée. […] Les harpies sont venues de la même idée, & quoique leur figure soit differente, ce sont de belles filles selon Virgile : Virginei volucrum vultus. […] Elle est pourtant excusablé ; car quoique la morale ait toujours été la même, les idées dans ces lieux, dans ces tems éloignés, étoient moins austeres que dans l’Eglise Chrétienne. […] Cette idée est bien hasardée, rien ne la fait naître dans le Livre de Judith, la vie de retraite qu’elle a menée avant & après, l’éloge que lui donne le grand Prêtre de n’avoir jamais pensé à de secondes noces, la rendent très peu vrai semblable, & elle n’excuseroit ni les mensonges qu’elle débite à Holopherne, ni sa facilité à se rendre aux propositions de Vagao, & à se livrer seule dans sa tente à la passion d’un idolâtre.
Vous Auteurs, à qui le Ciel n’a accordé que du Génie et de l’esprit, ne prêchez que que la morale et la sagesse et vous ferez bien ; mais lorsque vous ne craindrez plus que votre Plume n’altère par sa faiblesse, la sublimité des idées de notre Sainte Religion, consacrez lui vos talents ; perfectionnez, peignez comme Racine, l’enthousiasme divin des Prophètes, et vous ferez encore mieux. Vous qui seriez entraînés par tous les vices si l’art du Théâtre n’était capable de vous distraire de mille mauvaises idées qui triompheraient de vous dans votre oisiveté, allez au spectacle, et vous ferez bien ; dès que le silence de vos passions vous permettra d’être attentif à la voix d’un Orateur sacré, n’allez plus qu’au sermon, vous ferez encore mieux. Vous Acteurs à qui le Ciel n’a départi d’autre talent que celui de vous approprier les idées d’autrui, l’art de les exprimer avec toute l’énergie extérieure qu’elles exigent, peignez aux hommes leurs vices et leurs ridicules ; soyez les organes de la Morale et de la Raison, vous ferez bien. […] Les Anciens avaient en général un très grand respect pour les femmes, mais ils marquaient ce respect en s’abstenant de les exposer au jugement du Public et croyaient honorer leur modestie, en se taisant sur leurs autres vertus etc : De là venait que dans leurs Comédies les rôles d’Amoureuses et des filles à marier ne représentaient jamais que des esclaves et des filles publiques, ils avaient une telle idée de la modestie du sexe qu’ils auraient cru manquer aux égards qu’ils lui devaient de mettre une honnête fille sur la scène, seulement en représentation.
M. le Marquis de Pompignan, qui a fait une étude particuliére de ces piéces anciennes, nous en donnera-t-il une idée différente ? […] En fidéle partisan de l’Encyclopédie, il a cru qu’il devoit se faire un devoir de conformer ses sentimens & ses idées, aux mœurs de la société, de regarder les préjugés comme des principes, &c. […] Malheur à ceux, qui approchent des Sacremens, avec des dispositions si contraires à celles que J.C. demande d’une ame pénitente ; croyez-vous, que quiconque se laisse prendre à de semblables piéges, donne une grande idée de son génie ? […] » Non, dit l’Auteur du Mimographe, ou idée d’une femme honnête. […] C’est aussi l’idée de l’Auteur de la réponse à la Préface de Judith.
Croyez-vous en vérité, que la subtile contagion d’un mal dangereux demande toujours un objet grossier, ou que la convoitise soit corrigée ou ralentie par l’idée du mariage que vous lui mettez devant les yeux dans vos héros & vos héroïnes passionnés ? […] Or, rapprochant maintenant ces deux idées, je vous demande si rien ne vous blesse dans leur accord ? […] Quelle idée peut-elle avoir du vrai bonheur, quand amusée ainsi par des objets frivoles, elle y place toute sa félicité ; & qu’au lieu d’appaiser sa faim par une nourriture solide, elle s’empoisonne par le mensonge & l’erreur ? […] ne commencent-ils pas par se livrer à l’impression de l’amour charnel ; & quand les idées d’honnêteté s’offrent à leur esprit, n’est-ce pas toujours inutilement & trop tard ? […] c’est qu’en effet vous ne connoissez le théâtre, que par l’idée qu’un préjugé trop soutenu de vos passions vous en donne.
Addisson dans son voyage d’Italie, en porte ce jugement très-remarquable, elles sont toutes basses, pauvres, & dissolues beaucoup plus que celles mêmes de mon Pays : leurs Poëtes n’ont aucune idée de l’agréable Comédie. […] Mais l’Auteur du Spectateur ne donne pas une grande idée de la Tragédie de sa Nation, quand il dit qu’on y excite la Terreur, par des ombres, des spectres, par le son d’une cloche : & M. de Voltaire, très-capable de juger de cette Tragédie, malgré les éloges qu’il a donnés quelquefois au Théâtre Anglois, ne dit-il pas dans sa Lettre à M.
Il faut avoir des idées bien singulieres de la décence, pour le croire, & se flatter de le persuader aux gens de bien. […] Ce parallele bien analysé entre ces deux prétendus luxes est une idée fausse, & même peu Chrétienne, à laquelle sans doute ce Prélat n’a pas fait assez d’attention. […] Ce langage, l’écho de celui du siécle, ces idées, qui en rendent le véritable esprit, font de l’incrédulité un jeu qui amuse, un ton qui a imposé un air de bel esprit, dont on se fait honneur, une espece de scene comique.
Les objets spirituels échappent à l’imagination & n’intéressent pas, mais les objets extérieurs excitent de fortes tentations & de violens ébranlemens ; l’ame accoutumée à juger de tout par comparaison, les prend pour la mesure de la grandeur, & se forme des idées plus élevées de ce qu’elles représentent. […] Dans le Royaume voisin, dans la Prusse le Prince alors régnant par un goût tout opposé aimoit les Géans, il faisoit chercher de toutes parts & achetoit fort chèrement les hommes les plus grands ; il trouva le moyen de composer ses Gardes & plusieurs Régimens de Goliaths, en sorte que ces deux Royaumes voisins étoient comme l’Isle de Lilliput & l’Isle de Bodin Brac, du Docteur Suifh, l’une pleine de petits hommes, & l’autre de Géans, ce qui faisoit rire toute l’Europe ; leurs successeurs ont d’autres idées, & ne veulent que des hommes ordinaires. […] Cette idée impie n’entra jamais dans l’esprit des femmes, qui en cela n’honorent que le Dieu de Cythère.
On peut se faire entendre sans gestes, un Pantomime sans paroles, mais on n’excite pas si aisément les passions, ou n’imprime pas des idées aussi vives & aussi promprement que quand on réunit ces deux langages. […] La flamme secrette qui s’est allumée ne s’éteint pas par l’idée d’un mariage. […] Ces idées ne sont ni nouvelles ni chimériques ; on les réalise tous les jours, & sont consacrées par les Canons de l’Eglise & l’autorité des Théologieus.
Le geai ne se voit pas sans peine dépouillé des plumes du paon : il en est pourtant qui ne sont couvert que de haillons par l’imitation maussade qu’on en a faite, & la licence dont on les a chargées, que l’original ne se permet pas, & qui en donne des idées défavorable très-injustement. […] Dans cette idée, il composa une tragédie, pour opposer à celle de Corneille, que la faveur de Son Eminence fit mettre fort au-dessus de celui-ci, avec le même goût qu’il paya 600 liv. six vers de Colletet, les plus grossiers & les plus maussades : liberalité dont Colleret lui-même se moqua. […] Cette idée burlesque est si révoltante, qu’on ne peut l’entendre sans indignation.
Comme ce métier est indigne du trône, je ne compose que quand je n’ai rien de mieux à faire ; j’ai toujours avec moi quelque bel esprit qui rédige mes idées. […] Je ne porte qu’un habit uniforme, le militaire s’en fait honneur, je le laisse dans cette idée ; mais dans le vrai c’est par épargne & pour donner l’exemple. […] Nos sujets pour qui nous sommes plus séveres se sont par-là une idée avantageuse du métier.