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71. (1705) Traité de la police « Chapitre IV. De la Comédie Française ; son origine, son progrès, et les Règlements qui ont été faits pour en permettre, corriger et discipliner les représentations, ou pour en assurer la tranquillité. » pp. 439-445

Ainsi la Comédie tomba dans un fort grand mépris. […] L’entreprise était trop forte pour la soutenir lui seul. Cela l’obligea d’associer à son privilège une personne de qualité d’un génie très singulier pour les machines de théâtre, et le Sieur Champeron qui était fort riche. […] Ces représentations furent continuées avec un fort grand succès sous le titre d’Opéra ou Académie de musique. […] Cette réduction a augmenté le concours des spectateurs, et a fait prendre à proportion de plus fortes mesures pour y maintenir la tranquillité nécessaire aux divertissements publics.

72. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre VI. Du Cardinal Mazarin. » pp. 89-108

Celui-ci, dont la fortune était alors fort délabrée, ayant appris peu de temps après ce mot flatteur, courut aussitôt à l’appartement du Cardinal, qu’il trouva couché. […] Caffaro, Théatin, pour avoir osé écrire en faveur de la comédie, et l’a fait authentiquement rétracter (ce fait reviendra ailleurs fort au long). […] Il y a deux relations différentes, rapportées tout au long par le Cardinal Baronius à l’année 1177, des circonstances de cette paix, l’une fort simple et fort naturelle par deux témoins oculaires de grand poids : Chroniq. […] Ce ne furent d’abord que de jeunes gentilshommes Romains, qui jouaient sans doute fort décemment, comme dans les collèges. […] L’Empereur comptait beaucoup sur les grâces de ce joli Prélat, qui sans doute de son côté était fort content de sa personne et de son mérite théâtral.

73. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre IV. Du Législateur de Sans–souci. » pp. 93-109

L’homme est le plus fort, il faut des cables pour l’attacher. […] Henri VIII avec ses fureurs, Elisabeth avec sa vanité, ont laissé aux Evêques & aux Curés à cet égard ce qui leur avoit toujours appartenu, à plus forte raison dans tous les Etats Chrétiens où la puissance ecclésiastique a été separée de la puissance royale. […] C’est approuver la violence, c’est y inviter que de donner si peu de temps, comme s’il étoit fort difficile de continuer pendant huit jours les mauvais traitemens pour empêcher de s’adresser à la Justice. […] On a chez les Turcs le droit d’employer cette apologie, elle est fort dans le goût de Colombine. […] Cette raison est fort ordinaire dans la noblesse, elle en est même quelquefois l’origine & le vrai titre.

74. (1772) Spectacles [article du Dictionnaire des sciences ecclésiastiques] « Spectacles. » pp. 150-153

On va achever de ruiner , disoient-ils, ce qui nous reste encore des bonnes mœurs de nos ancêtres, qui sont si fort altérées. […] Nous instruisons un moment, mais nous avons long-tems séduit ; & quelque forte que soit la leçon de morale que puisse présenter la catastrophe qui termine la piece, le remede est trop foible & vient trop tard. […] n’est-ce pas de ce qu’ils ont des passions plus fortes que celles qu’on y représente, & qu’ils sont si corrompus, que les spectacles ne trouvent plus rien à faire en eux ? […] Pour ce qui est de l’Italie, nous ne pouvons produire un monument ni plus récent, ni plus fort, ni plus certain, des sentimens des souverains Pontifes touchant les théâtres, que le traité latin des spectacles, imprimé à Rome en 1752, par le célebre Pere Concina, Dominicain. […] Mais lorsqu’on ne va aux spectacles que par pure nécessité, & par l’engagement indispensable de son état ; qu’on n’y commet aucun mal, & que l’on ne s’expose pas même à l’occasion prochaine d’en commettre aucun, il n’y a point de péché, ou il n’y a tout au plus qu’un péché véniel, selon plusieurs Théologiens, quoique fort rigides d’ailleurs.

75. (1694) Lettre à l’abbé Menard « Lettre LIII. De remercîment à M. l’Abbé Menard. Il y est parlé de quelques Ouvrages dont ont porte le jugement. » pp. 62-63

Mais son opinion est bien expliquée et bien soutenue ; il n’oublie rien de ce qui peut servir à sa cause, et à quelques endroits près, cette dissertation est fort raisonnable ; mais je ne sais s’il était expédient de la faire imprimer. […] J’ai été fort aise que l’Académie ait enfin déterminé de faire une Epître dédicatoire.

76. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — V.  » p. 459

Que si les personnes qui vivent dans la retraite et dans l'éloignement du monde, ne laissent pas de trouver de grandes difficultés dans la vie chrétienne au fond même des monastères; s'ils reçoivent des atteintes du commerce du monde, lors même que c'est la charité et la nécessité qui les y engage, et qu'ils se tiennent sur leurs gardes autant qu'ils peuvent pour y résister ; quelles peuvent être les plaies et les chutes de ceux qui, menant une vie toute sensuelle s'exposent à des tentations, auxquelles les plus forts ne pourraient pas résister ? […]  » Ces esprits qui servent à Dieu de ministres ne sont pas stables, et il trouve des défauts dans ses Anges mêmes ; à combien plus forte raison des âmes enfermées dans des corps, comme dans des maisons de boue, seront-elles sujettes à la corruption et au péché ?

77. (1722) Chocquet, Louis [article du Supplément au Dictionnaire Historique et Critique] « article » pp. 42-44

CHOCQUET (Louïs) fameux Poëte François vers le milieu du XVI. siecle, & Auteur d’un Ouvrage fort rare & fort singulier, dont nous donnerons ci-dessous des Extraits (A). […] Il a même assez souvent raporté de longs Passages qui n’avoient rien de fort exquis. […] [Remarque] (A) Il est Auteur d’un Ouvrage… fort singulier, dont nous donnerons des Extraits. […] L’Interrogation juridique qu’on fit au Boiteux me semble devoir être raportée : Anne : … » mais je te vueil demander » S’il est vray ce qu’on a compte, » On nous a ici recite » Que pour trouuer moyen de viure » Toy qui estoys fort & deliure » Faignoys d’estre tout contrefaict.

78. (1738) Sentimens de Monseigneur Jean Joseph Languet Evéque de Soissons, et de quelques autres Savans et Pieux Ecrivains de la Compagnie de Jesus, sur le faux bonheur et la vanité des plaisirs mondains. Premiere partie « Sentimens de quelques ecrivains De la Compagnie de Jesus, Touchant les Bals & Comedies. Premiere Partie. — Entretien cinquieme. Le danger de la Comedie en particulier, decouvert par le R. P. F. Guilloré de la Compagnie de Jesus. » pp. 67-79

l’Eglise, la conscience, & les frequens naufrages de l’innocence, sont ces voix, qui disent, que de tous les moyens, qu’à le Demon pour perdre bien des ames, la comedie en est le plus doux, le plus fort, & le plus caché. […] Tout cela, ne sont-ce pas autant de fortes attaques, données par les yeux, & par les oreilles, au cœur des personnes, qui écoutent ce qui se declame, & qui voyent le spectacle d’une comedie, pour y porter des impressions d’amour, en leur amolissant la volonté ; en leur gravant dans l’imagination des images, & des representations moins honnétes ; & en leur laissant dans la memoire des idées, qui ont toûjours quelque chose de sensuel ? […] Je demande si cette disposition de l’esprit, & du cœur secondant elle-même les sollicitations molles & douces de ces objets, il est possible, qu’on s’en defende, sans s’y laisser aller fort sensuellement ? […] Elle est, par exemple, d’un temperament doux & tres-sensible ; elle a un cœur, qui prend aussi-tôt feu ; l’imagination en est vive & forte, pour conserver la molesse, & l’impureté des images ; la volonté en est naturellement foible, & facile, pour se laisser aller à toutes ces representations ; elle a l’experience de ces desordres secrets, qu’elle a plûtôt aimez, qu’elle n’a combattus. […] Me direz-vous maintenant, que l’on voit des personnes de bonne vie, & des bonnes mœurs, qui sans tant de façon vont à la comedie, comme les autres, & qu’ainsi l’on est fort justifié, quand on agit sur leur exemple ?

79. (1761) Lettre à Mlle Cl[airon] « LETTRE A MLLE. CL****, ACTRICE. DE LA COMÉDIE FRANÇOISE. Au sujet d’un Ouvrage écrit pour, la défense du Théâtre. » pp. 3-32

Son Ouvrage, devenu fort rare, traite la matière à fond ; et le sage Religieux qui en est l’Auteur, a démontré par des raisons sans réplique, que le Théâtre n’a jamais été condamné par l’Eglise, et qu’en soi-même il ne peut être condamnable. […] Le respectable Prélat dont il parle, n’a pas prononcé une Excommunication nouvelle ; mais il a donné de nouveaux ordres aux Curés de son Diocèse, pour remettre en vigueur une condamnation qu’il regardait comme fort ancienne dans l’Eglise, et dont il ne restait plus aucune trace. […] Je vais vous le dire, Mademoiselle, et cette anecdote fort intéressante pour le Théâtre, est sans doute ignorée des Comédiens, qui n’auraient pas manqué de lui faire trouver place dans le Mémoire de leur Avocat, s’ils en avoient eu connaissance. […] Je ne ferai là-dessus qu’une réflexion fort simple. […] Les réflexions que je viens de faire, Mademoiselle, sont sans doute fort désagréables pour quelqu’un qui voudrait voir sa profession décorée de toute la gloire qu’elle mérite par elle-même, et qui n’est obscurcie que par les abus qui s’y sont introduits.

80. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Procès des Comédiens. » pp. 169-224

Le vice n’est-il pas assez fort, sans multiplier ses forteresses, ses garnisons, ses munitions de guerre, pour faire plus de ravage ? […] Il est vrai que les portraits sont fort ressemblans, que son pinceau est vif, piquant & énergique. […] Ce déchaînement fort inutile contre le fanatisme, l’invitation aux gens de lettres d’écrire contre ce fantôme, ont de grands inconvéniens : l’impiété se cache & défigure la Religion sous ce prétexte ; ce qui rend fort suspect celui qui à tout propos s’en enveloppe. […] Les comédiens sont fort glorieux de ce procès. […] Ils comptent beaucoup sur la faveur des actrices par-tout fort puissantes.

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