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6. (1819) La Criticomanie, (scénique), dernière cause de la décadence de la religion et des mœurs. Tome II « La criticomanie. » pp. 1-104

Que doit-il résulter de ce scandale inouï pour les jeunes spectateurs, ou pour les enfants qui, d’instinct, d’après le mouvement de leur cœur, et d’après leur éducation, doivent regarder comme de droit naturel le devoir d’aimer leurs parents, et le précepte de les respecter comme indispensable, absolu et tel que leur propre intérêt et la honte d’y manquer devraient du moins empêcher des enfants d’aller jusqu’à outrager ainsi l’auteur de leurs jours ? […] Et, de plus, les enfants ne pouvaient manquer d’étendre les conséquences et les applications de ces nouvelles vues. […] Leurs valets se ligueront pour dérober à votre avarice les secours que vos enfants n’ont pu obtenir de votre amour ; la dissipation et le larcin seront le fruit de vos épargnes ; et vos enfants, devenus vicieux par votre faute et pour votre supplice, seront encore intéressants pour le public que vous révoltez. » Et pour compléter la leçon et en assurer mieux le succès, il aurait fallu de l’autre côté encourager aussi à la vertu la famille de cet avare, lui rappeler qu’il est du devoir absolu des enfants de respecter leur père, de supporter patiemment ses défauts sur lesquels ils doivent, à l’imitation du bon fils, jeter le manteau du respect et de l’amour ; que cette patience est l’exercice le plus noble, le plus méritoire que des enfants bien nés puissent faire de leur vertu ; que non seulement la voix du sang et celle de l’honneur, mais l’humanité et la religion, qui recommandent l’indulgence envers tous nos semblables, leur en font un devoir bien plus rigoureux envers leur père. […] Conseillés et agissant ainsi, les enfants ne seront pas plus forcés à voler leur père que leurs compagnons de malheur ne le sont à voler leurs concitoyens. […] Voilà une source principale de cette foule de femmes perdues ou prostituées que l’on rencontre partout, dont le sang vicié se perpétue dans de malheureux enfants qui arrivent au monde chargés de toutes les disgrâces.

7. (1825) Des comédiens et du clergé « Des comédiens et du clergé. —  piété et bienfaisance d’un comédien.  » pp. 365-370

En présence de Beauchâteau et de son épouse, elle raconta qu’elle appartenait à de très honnêtes gens ; mais que sa mère, devenue veuve, avait dissipé son bien et celui de ses enfants ; qu’alors elle fut obligée de demeurer avec un frère qui subsistait par le moyen d’un bénéfice. Elle ajouta qu’elle avait eu une sœur qui était morte dans un couvent, après y avoir vécu dans la plus grande austérité, pour expier la faiblesse de s’être laissé abuser par l’amour, et par un président de qui elle avait eu une fille, mais que malgré des recherches multipliées, elle n’était jamais parvenue à faire aucune découverte sur le sort de cet enfant. […] La reine, mère de Louis XIV, le cardinal Mazarin et le chancelier Séguier, se faisaient un plaisir d’exercer l’esprit de cet enfant. […] Le cardinal Mazarin, prince de l’Eglise, et le chancelier Séguier, eussent-ils accordé leurs soins protecteurs à un enfant qui n’avait puisé le goût de la poésie que dans la propre profession de son père, si cette profession avait été frappée d’une excommunication réelle ?

8. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre V. Infamie civile des Comédiens. » pp. 101-125

 3. et tous les Jurisconsultes, sur la matière de l’exhérédation des enfants et du testament inofficieux, dans les institutes, le digeste, le code, les nouvelles, et toutes les coutumes. […] Des pères de cet état, fort peu instruits des droits que la loi leur donne, fort peu sensibles à un déshonneur qu’ils ne sentent pas, et qui dans le fond n’est rien pour eux, trop heureux même que leur enfants trouvent du pain, en faisant les Rois et les Princes, ne se sont pas avisés de déshériter leurs enfants Comédiens, et ceux-ci se sont aussi peu embarrassés de la tache d’une exhérédation que personne ne sait, et qui n’aboutit à rien. […] Si le père y a consenti, il n’est pas recevable à s’en plaindre ; si l’enfant a quitté avant le testament, ou même avant la mort du père, on lui pardonne une faute qu’il a réparée. […] Tout doit être rendu à la famille, ou confisqué, quand même ces enfants auraient obtenu du Prince des lettres de légitimation. […] C’était en effet pour des gens d’honneur une vraie menace, si l’enfant eût été légitime.

9. (1822) De l’influence des théâtres « [De l’influence des théâtres] » pp. 1-30

Les parents épargnèrent donc les frais d’école, et trouvèrent plus économique de payer le petit entretien de leurs enfants avec la paye qu’ils apportaient régulièrement le samedi. […] Les fortes émotions vinrent remplacer les effets d’une gaîté souvent licencieuse, et le mélodrame acheva de tourner la tête à ces pauvres enfants. […] Médiateur dans une querelle d’enfants pour de pures vétilles, le plus jeune me répondit avec la gravité du Cid : on ne transige point avec l’honneur ! […] bien, mon enfant, deviens-tu plus raisonnable ? […] [NDE] « Ecoute-nous comme des enfants » (sicut infantes audi nos), devise d’Audinot, qui commença par un théâtre de marionnettes à la Foire Saint-Germain puis fit jouer une troupe d’enfants à l’Ambigu-Comique, inauguré en 1769 sur le Boulevard du Temple.

10. (1843) Le Théâtre, par l'Auteur des Mauvais Livres « Le Théâtre. » pp. 3-43

On vous dira, chères enfants, qu’on vous a fait tourner la tête, qu’on vous a portées à une dévotion outrée, qu’on vous a inspiré de vains scrupules, qu’aujourd’hui les enfants se croient plus sages que leurs parents et veulent se conduire selon leurs caprices. […] Enfants catholiques, vous avez eu le bonheur de recevoir souvent le corps adorable de J. […] Et vous pères et mères de famille, qui êtes assez aveugles pour engager, pour forcer même vos enfants à fréquenter le théâtre, vous ne comprenez pas que la Religion mise en pratique est l’unique moyen de conserver les mœurs, qu’elle est le plus sûr garant de l’obéissance de vos enfants envers vous, et que votre bonheur futur dépend de leur fidélité à la loi de Dieu et de l’Église. […] Pères et mères, vos enfants à qui vous aviez fait donner une bonne éducation, étaient destinés par la divine Providence à vous ramener dans la voie du salut. […] Néanmoins, ils se livrent ensuite au désespoir quand leurs enfants donnent dans des désordres préjudiciables à leur honneur et à leur fortune.

11. (1580) De l’institution des enfants « De l’institution des enfants. Essais, I, 26 [fin] »

De l’institution des enfants Essais, I, 26 [fin]a [a] Mon âme ne laissait pourtant en même temps d’avoir à part soi des remuements fermesb [c] et des jugements sûrs et ouverts autour des objets qu’elle connaissait, [a] et les digérait seule, sans aucune communicationc. […] C’est un exercice que je ne méloue point aux jeunes enfants de maisoni ; et ai vu nos Princes s’y adonner depuis en personne, à l’exemple d’aucuns des anciens, honnêtement et louablement. […] [NDE] Comprendre : que je ne condamne pas pour les jeunes enfants de bonne maison.

12. (1819) La Criticomanie, (scénique), dernière cause de la décadence de la religion et des mœurs. Tome II « Post-scriptum. » pp. 201-216

5 …………… …………… …………… …………… De tant de modes d’oppression anciens et nouveaux, de ce pouvoir effréné, toujours menaçant, de lui ôter sa place, c’est-à-dire, son pain et celui de ses enfants, il résulte incontestablement, ainsi que je viens de le dire, qu’un employé manque tout-à-fait de la sécurité la plus essentielle au bien-être ; il en résulte que, libre de droit, il est de fait l’esclave d’un homme, même sans vertu, devant lequel il doit trembler et se courber, d’un homme qui, placé fortuitement entre lui et les autorités légales de son pays, en arrête l’action à son égard, l’empêche d’en ressentir les bienfaisantes influences, et rend illusoire par conséquent la jouissance de ses droits. […] La société veut qu’à l’âge de raison tous ses membres jouissent de leurs droits en toute plénitude, ou ne soient soumis qu’à l’empire des lois générales et positives qui la régissent ; c’est pourquoi, se défiant de la perfection de celles de la nature, voulant prévenir ses injustices ou ses erreurs, et l’amour, la tendresse paternelle, les affections intimes et cordiales d’un père pour son enfant ; les gages qu’il lui en a donnés depuis son berceau, ne paraissant pas encore à sa sollicitude des garanties suffisantes, l’enfant étant parvenu à cet âge, elle l’affranchit du pouvoir paternel, pour le mettre à l’abri de ses abus ; elle lui assure soigneusement ce que son père lui doit ; et ici, par une inconséquence trop peu sentie, elle l’abandonne et le laisse à la merci du pouvoir et des passions d’un inconnu, ou d’un étranger de fait plus puissant sur lui que son père même, avec lequel il n’a que de froids rapports, et dont rien ne lui garantit la bienveillance, ni même la justice.. ! […] Tous ceux, dit-il, de qui le pain d’autrui dépend, ces supérieurs de toute espèce sont d’autres pères de votre création ; achevez donc votre ouvrage ; rendez-les propres à leur destinée ; assurez aussi à leurs enfants ce qu’ils leur doivent ; comme la nature, en formant les siens, a imprimé dans le fond de leurs cœurs des lois auxquelles ils ne peuvent résister sans remords ; ainsi, en formant les vôtres, imposez-leur des devoirs auxquels ils ne puissent manquer sans châtiment.

13. (1671) Lettre d’un ecclésiastique à un de ses Amis « letter » pp. 472-482

Mais comme vous ne m’interrogez pas seulement pour devenir plus savant, mais pour marcher plus sûrement dans la voie du Ciel, qui oblige les hommes de se faire Enfants, et les Maîtres de se réduire dans le rang de Disciples « Non nisi reversos in naturam puerorum introire in Regnum Caelorum Domino docet » S. […] , et faisant de nos plus redoutables mystères des jeux d’enfant, des délires d’un furieux, et des extravagances d’un fol ? […] Quand il n’y aurait que les enfants les plus faibles de cette divine Mère, qui s’en mal édifieraient, les autres qui sont plus forts, suivant la règle de la Charité, ne seraient-ils pas très étroitement obligés et sous peine de péché, de s’en abstenir, leur devant cette condescendance avec plus de justice, que celui dont parle S. […] On ne doit pas s’étonner que les enfants du monde combattent avec tant de chaleur ces sentiments, qui étant des suites nécessaires de la Religion, et inséparables de la vraie piété, sont aussi anciens dans l’Église, que les vérités chrétiennes qui les produisent : Car renversant le Théâtre, et ruinant la Comédie, on détruit tout d’un coup le royaume de Satan, qui ne subsiste, selon l’Apôtre S. […] Pour nous, jouissons de la vraie liberté des enfants de Dieu, élevant notre esprit à la contemplation de ce que notre Seigneur a opéré sur la terre pour notre salut, de la majesté foudroyante avec laquelle il paraîtra à la fin des siècles, pour juger nos justices et nos péchés, et pour rendre à un chacun selon ses œuvres : et des récompenses éternelles qu’il a préparées dans le ciel à ceux qui auront consommé leur course, combattu le bon combat, et conservé jusques à la mort la fidélité qu’ils doivent à leur souverain Maître.

14. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — XXXII.  » p. 492

Si le Chrétien se considère comme pécheur, il doit reconnaître qu'il n'y a rien de plus contraire à cet état qui l'oblige à la pénitence, aux larmes, et à la fuite des plaisirs inutiles, que la recherche d'un divertissement aussi vain et aussi dangereux que la Comédie: et s'il se considère comme enfant de Dieu, comme membre de Jésus-Christ, illuminé par sa vérité, enrichi de ses grâces, nourri de son corps, héritier de son royaume; il doit juger qu'il n'y a rien de plus indigne d'une si haute qualité, que de prendre part à ces folles joies des enfants du siècle.

15. (1675) Traité de la comédie « XXXII.  » p. 327

S'il se considère comme enfant de Dieu, comme membre de Jésus-Christ, illuminé par sa vérité, enrichi de ses grâces, nourri de son corps, héritier de son Royaume; il doit juger qu'il n'y a rien de plus indigne d'une si haute qualité que de prendre part à ces folles joies des enfants du siècle.

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