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27. (1698) Théologie du cœur et de l’esprit « Théologie du cœur et de l’esprit » pp. 252-267

N’y ayant donc point de divertissement plus agreable aux gens du monde que la Comedie, ils s’efforcent de s’en assurer une jouissance paisible, pour que rien ne manque à leurs plaisirs. […] Chacun condamneroit un Religieux, qui se trouveroit à ces sortes d’assemblées, parce que personne n’ignore la disproportion de ce divertissement avec la sainteté de la vie dont une ame voüée à Dieu doit faire profession. […] La nécessité où l’on est de prendre quelque sorte de divertissement & de relâche, ne peut pas excuser la Comedie, qui ne fut jamais un divertissement permis. […] Un Chrétien qui a renoncé au monde, & à ses plaisirs, ne doit point rechercher le divertissement pour le divertissement, & ne peut en prendre que par nécessité ; c’est à dire, qu’il ne peut en prendre que pour délasser son esprit, & reprendre ses forces. Le besoin qu’on a de divertissement, est moins grand qu’on ne croit ; & souvent il consiste plus en une nécessité imaginaire, qu’en une nécessité réelle.

28. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Sentiments des Pères de l'Eglise sur la comédie et les spectacles — 4. SIÈCLE. » pp. 120-146

C'est pourquoi je vous prie tous de ne point assister à ces infâmes représentations des Spectacles, et d'en retirer les autres ; car tout ce qui s'y fait, bien loin d'être un divertissement, n'est qu'un dérèglement pernicieux qui n'attire que des peines et des supplices. […]   Saint Paul nous a défendu les paroles de raillerie, et celles qui ne tendent qu'à un vain divertissement ; mais le Démon nous persuade d'aimer les unes et les autres. […] Que si vous avez tant de passion pour vous divertir, il y a bien d'autres divertissements moins dangereux, et plus agréables que ceux-là. Les Barbares ont dit autrefois une parole digne des plus sages d'entre les Philosophes: Car entendant parler de ces folies du Théâtre ; et de ces honteux divertissements qu'on y va chercher. […] Les uns mettent toute leur joie dans les choses de ce monde, les autres dans les Jeux du Cirque, les autres dans les divertissements de la Comédie ; Mais vous, dit le Roi Prophète à chaque juste, Mettez toute votre joie dans le Seigneur, et non pas dans les plaisirs de ce monde.

29. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Des anciens Spectacles. Livre premier. — Chapitre II. Des Amphitheatres. » pp. 44-72

La troisiéme estoit plus necessaire qu’aparante : L’on y gardoit diverses especes d’animaux, des chevaux pour les courses & pour les chasses, des bestes feroces pour les Criminels ou pour les Athletes, ou des rares & curieuses pour le divertissement des curieux. […] Comme bien souvent on s’est contenté de faire voir au Peuple divers Animaux étrangers & inconnus, sans autre ceremonie, & sans autre divertissement. […] Servilius, Preteur, qui donnoit le divertissement des Ieux, s’abandonna à ces sortes de combats. […] Le femmes mesme prirent & donnerent ces divertissemens de l’Amphitheatre, & pour singularizer d’avantage dans leurs plaisirs, elles passerent les nuits à combatre aux flambeaux pour le divertissement du Prince & du Peuple. […] Ce qui obligea ce grand homme de chercher quelque chose de nouveau dans un second divertissement où sa curiosité s’arresta à un Loup-servier qu’il fit venir des Gaules.

30. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XIV. La fréquentation des spectacles ne peut se concilier avec la vie et les sentiments d’un véritable chrétien. » pp. 118-132

Cependant des hommes qui se disent chrétiens ne se contentent pas de se déclarer pour des divertissements si contraires à la religion qu’ils professent, ils courent encore les autoriser par leur présence. […] » « Jésus-Christ prendrait part à des divertissements si coupables ! […] Aussi la religion règle plutôt l’usage de nos divertissements qu’elle ne les défend. « Mais, si la religion nous permet certains divertissements, elle ne les permet que comme un remède à notre faiblesse, et pour nous préparer à de plus sérieuses occupations. […] « Pour savoir si un chrétien peut allier la fréquentation des spectacles avec la sainteté de son état, examinons l’impression que ces divertissements font sur son cœur.

31. (1675) Traité de la comédie « XXX.  » p. 324

Personne n'approuverait sans doute qu'un Chartreux allât à la Comédie, parce que tout le monde voit assez l'extrême disproportion de ce divertissement avec la vie sainte dont il fait profession. […] Si on regardait la vie Chrétienne par cette vue, on connaîtrait aussitôt combien la Comédie y est opposée ; et il ne faudrait point de raisons pour en convaincre ceux qui seraient persuadés de ces vérités capitales de notre Religion, comme il n'en faut point pour convaincre un Chartreux instruit dans sa règle, que ces divertissements profanes lui sont défendus.

32. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — XXX.  » p. 491

Personne n'approuverait sans doute qu'un Chartreux allât à la Comédie; parce que tout le monde voit assez l'extrême disproportion qu'a ce divertissement avec la vie sainte dont il fait profession: mais on n'est pas choqué de même de ce que plusieurs Chrétiens ne font pas difficulté d'y aller; parce qu'on ne connaît pas la sainteté à laquelle ils sont obligés par le vœu de leur baptême. […] Si on regardait la vie chrétienne par cette vue, on connaîtrait aussitôt combien la Comédie y est opposée ; et il ne faudrait point de raisons pour en convaincre ceux qui seraient persuadés de ces vérités capitales de notre religion; comme il n'en faut point pour convaincre un Chartreux instruit dans sa règle, que les divertissements profanes lui sont défendus.

33. (1671) Lettre d’un ecclésiastique à un de ses Amis « letter » pp. 472-482

Il me semble que cette question est vidée il y a longtemps, et qu’il n’y a personne dans le Christianisme qui ait besoin d’autre Casuiste que celui qu’il porte en soi-même, pour juger que ce divertissement est périlleux et contraire à la piété : Qu’il interroge sa propre conscience, quelque artifice dont il se   serve pour la tromper, en lui représentant cette action avec toute l’innocence qu’il pourra, si la syndérèse n’est tout à fait étouffée, elle lui donnera toujours de la crainte de le prendre, et de l’inquiétude de l’avoir pris. […] Consultons l’expérience, elle nous apprend que ceux qui aiment ces divertissements ont fort peu de foi, s’ils en ont, et qu’elle est fort infirme. […] Secondement, il suffit que ces divertissements soient périlleux, pour engager les Chrétiens de s’en détourner, et s’ils ne le sont pas pour tous, au moins ceux qui ont la conduite des autres, et dont on suit les exemples, ne sauraient se trouver à ces Spectacles, sans être cause de la ruine de plusieurs, et sans perdre pour eux-mêmes la charité chrétienne, suivant cette parole du S. […] Dans le 14. il se propose l’objection que font encore aujourd’hui les protecteurs de ces divertissements, qu’il n’y a point de commandement de Dieu dans les Écritures Saintes qui le défende expressément, et qui oblige de lesl fuir ; A quoi il répond qu’il ne faut lire que le premier vers, du 1. […] [NDE] Ou bien il faut corriger « le » en « les » ou bien il faut comprendre : défende le théâtre et fuir les divertissements.

34. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Des anciens Spectacles. Livre premier. — Chapitre II. Des Naumachies. » pp. 100-111

Iule Cesar ayant trouvé un endroit favorable sur le bord du Tybre, & assez proche de la Ville, apellé Codete, le fit netoyer & creuser, pour le rendre capable de porter les charges qu’il luy preparoit, & y donna le divertissement d’une Naumachie. […] Car en l’une des deux Naumachies dont il voulut donner & prendre le divertissement, il y fit rehausser les eaux en un point que des Poissons marins y parurent nageans & fuyans les javelots & les hameçons des Chasseurs & des Pécheurs. […] Enfin, il donna en public le divertissement de deux Naumachies également nouvelles & pompeuses. […] Cette inhumanité fut funeste à toute Rome : & une grande partie de ceux qui s’étoient trouvez à ce divertissement, mourut des maladies qui le suivirent, & qui firent un grand ravage parmy le Peuple.

35. (1697) A Monseigneur de Harlay, Archevêque de Paris « A MONSEIGNEUR DE HARLAY, ARCHEVEQUE DE PARIS, DUC ET PAIR DE FRANCE  » pp. 394-406

Je n’avais garde de la lui demander, sûr qu’il ne me l’accorderait pas : mais, comme j’ai d’autres Pièces à faire représenter, et entre autres Esope à la Cour, que je suis prêt de soumettre à la Censure la plus austère, je me flattai que les Auditeurs me seraient plus favorables si je leur faisais voir que les Pères et les Canons qui ont détesté les Comédies détestables n’ont point prétendu interdire les divertissements honnêtes, et, pour ainsi dire, plus capables de corriger les mœurs que de les corrompre. […]  » Si Votre Grandeur me voulait permettre de lui parler avec autant de bonne foi que de respect, je lui dirais que l’orage qui s’est élevé depuis quelques jours contre la Comédie, dont, sans y penser, j’ai été la cause, a été comme une de ces pluies heureuses, qui redoublent la fertilité de la Terre ; et que les raisons contre un Divertissement si approuvé ont paru si faibles qu’elles ont augmenté l’envie d’y aller. […] » Le Cardinal de Richelieu qui était un grand Théologien, un grand Evêque, et un grand Ministre d’Etat, se serait-il si hautement déclaré le Protecteur de la Comédie, et de ceux qui écrivaient avec succès pour le Théâtre, s’il eût trouvé ce Divertissement indigne d’un Chrétien : et la Sorbonne, qui lui est redevable de tant de bienfaits, peut-elle condamner ce qu’approuvait ce grand Homme, sans donner une atteinte à sa mémoire ?  […] Augustin, Orose, Lactance, Salvien, et pour citer des autorités encore plus grandes, les Conciles ont condamné le plus justement du monde les Spectacles de leur Temps, parce qu’en effet ils étaient abominables ; et si nous en voyions de pareils je suis persuadé que les plus Libertins de notre Siècle les condamneraient aussi ; mais aujourd’hui que la Comédie est non seulement exempte de ces abominations, mais capable de donner des leçons utiles, les raisons qui avaient donné lieu aux Anathèmes fulminés contre elle, ne subsistent plus ; et s’il faut des Divertissements aux hommes pour les délasser des fatigues qui sont inséparables de la vie, c’est un de ceux que je crois le plus innocents.

36. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « La tradition de l'Eglise sur la comédie et les spectacles. Les conciles » pp. 53-68

Nous défendons aux Peuples dans toutes les Villes de notre Empire les divertissements des Théâtres, et du Cirque le Dimanche, qui est le premier jour de la semaine, le jour de la Naissance de notre Sauveur Jésus-Christ, le jour de l'Epiphanie, les jours de Pasques, et de la Pentecôte, tant qu'on porte les habits blancs, qui par leur blancheur, comme par des rayons célestes figurent la nouvelle lumière qu'on reçoit au Baptême; Comme aussi les jours qu'on célèbre, avec grande raison la mémoire du martyre des Apôtres, qui sont les Maîtres de tous les Chrétiens; afin que les fidèles occupent tout leur cœur et tout leur esprit au service de Dieu, et que s'il y a encore des personnes qui suivent l'impiété des Juifs, ou l'erreur et la folie des Païens, ils reconnaissent que le temps des prières est bien différent du temps du divertissement, et des plaisirs, et afin que nul ne s'imagine qu'il est obligé d'assister aux Spectacles, ou de les représenter à notre honneur, par la vénération et le respect qu'il doit à la Majesté Impériale, sans avoir même égard au culte qu'on doit à Dieu, de peur de nous offenser en faisant paraître moins d'affection envers nous, qu'il n'avait accoutumé de faire; Nous voulons que tout le monde soit persuadé que le plus grand honneur que nous puissions recevoir des hommes, est que toute la terre rende à Dieu tout-puissant la soumission, et le service qui est dû à sa grandeur. […] Sur quoi Zonare fait cette réflexion, les règles de la discipline Evangélique, bien loin de permettre aux Fidèles de s'abandonner au relâchement et à la dissolution, elles les obligent à se conduire vertueusement, et sans reproche, pour répondre à la sainteté de la Religion dont ils font profession; c'est pourquoi le Décret de ce Canon défend, et interdit tout ce qui relâche l'esprit, et dissipe son attention par un divertissement inutile qui cause le ris dissolu, et des réjouissances immodestes. […] Qu'ils représentent sans cesse combien les Spectacles, les Jeux, et les autres divertissements semblables, qui sont des restes du Paganisme sont contraires à la discipline Chrétienne; combien ils sont exécrables, et détestables; combien de maux et d'afflictions publiques ils attirent sur le Peuple chrétien; et pour en persuader leurs auditeurs, ils emploieront les raisons dont se servent ces grands Personnages, Tertullien, Saint Cyprien martyr, Salvien, et Saint Chrysostome, ils n'omettront rien sur ce sujet de ce qui peut contribuer à détruire entièrement ces dérèglements et ces débauches.

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