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5. (1698) Théologie du cœur et de l’esprit « Théologie du cœur et de l’esprit » pp. 252-267

L’amour étant la plus forte impression que le premier péché a fait sur nous, rien n’est plus dangereux que de l’exciter, que de le nourrir, & de s’exposer à tout ce qui en favorise le cours. […] Notre pente aux plaisirs des sens, est une de nos plus dangereuses maladies. […] Ce n’est point par la lecture des Romans, non plus que par le plaisir de la Comedie, que nous arriverons à ces deux fins : est-il rien de plus dangereux à notre innocence ? […] Ceux qui dans leurs Comedies ont le plus affecté une certaine honnêteté apparente, n’ont évité de donner des pensées contre la pureté, que pour exciter en nous d’autres idées qui ne sont pas moins dangereuses. […] Voit-on rien de plus dangereux que la morale des Comedies & des Romans ?

6. (1668) Les Comédies et les Tragédies corrompent les mœurs bien loin de les réformer. La représentation qu’on fait des Comédies et des Tragédies sur les Théâtres publics en augmente le danger. On ne peut assister au spectacle sans péril « Chapitre XI. La représentation qu’on fait des Comédies et des Tragédies sur les Théâtres publics, en augmente le danger. L’on ne peut assister aux spectacles sans péril. » pp. 191-200

LES Poèmes Dramatiques sont plus dangereux que tous les autres Ouvrages de Poésie ; parce qu’on les représente sur les Théâtres publics. […]  » Ce qui fait dire à ce Philosophe, qu’il n’y a rien de plus dangereux pour les bonnes mœurs, que les Spectacles […] Accordons à la coutume qu’on peut aimer les divertissements et les rechercher ; mais aussi ne saurait-on dénier que les plaisirs criminels ou dangereux, tels qu’on a prouvé qu’est celui de la Comédie, ne soient défendus. […] Non seulement les Comédiens et les Comédiennes, mais toutes les personnes qui vont à la Comédie, y paraissent avec tous leurs ornements : ce qui cause de plus dangereuses chutes, comme dit Tertullien ; « In omni spectaculo nullum magis scandalum occurrit, quam ille virorum et mulierum accuratior cultus. […] Ce qui doit être évident à ceux qui auront lu avec quelque attention les Réflexions que nous avons faites jusqu’à présent, puisque les Pices de Théâtre étant composées aujourd’hui avec plus d’art, elles sont par conséquent plus dangereuses, selon les Réflexions du Chapitre troisième ci-dessus.

7. (1757) Article dixiéme. Sur les Spectacles [Dictionnaire apostolique] « Article dixiéme. Sur les Spectacles. » pp. 584-662

Or, pour appliquer cette instruction à notre siécle, quoi de plus dangereux parmi nous, que ces théâtres profanes où le monde court en foule ? […] Vous écoutez de sa bouche ses criminels aveux, & vos sens résistent-ils à une amorce si dangereuse ? […] appellerez-vous honnête une Morale empoisonnée qui pour attaquer un vice en justifie un autre plus éclattant, mais plus dangereux ? […] feux d’autant plus dangereux, que nous ne voulons point les éteindre. […] On ne reçoit aux spectacles que de dangereuses leçons.

8. (1687) Instruction chrétienne pour l’éducation des filles « CHAPITRE XIII. Des jeux, des spectacles, et des bals, qui sont défendus aux Filles Chrétiennes. » pp. 274-320

François de Borgia, que le jeu était toujours très dangereux : et que quand on s’y donnait avec trop d’attache, on y perdait quatre choses, le temps, l’argent, la dévotion et la conscience. […] Voilà bien des péchés avant que d’être sortie de la maison, et des péchés d’autant plus dangereux, qu’ils sont spirituels et imperceptibles. […] Elles ont continué, et cette première démarche a été la cause de toutes les autres, elles s’en sont confessées, mais elles n’ont pas quitté les occasions dangereuses. […] Paul, c’est le meilleur moyen de demeurer victorieux dans ce genre de combat si dangereux à la chasteté. […] Nous voyons bien, dites-vous, que votre intention est, qu’on se sépare absolument des compagnies dangereuses, et que l’unique nécessité est d’obéir à Dieu, de sauver son âme.

9. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre IV. Les spectacles inspirent l’amour profane. » pp. 32-50

« Fuis ce lieu dangereux, innocente pudeur ; Fuis ces rochers couverts des débris de l’honneur »r Comme l’amour profane est la source des plus grands désordres, rien n’est plus dangereux que d’allumer, de fomenter, de nourrir cette passion, et de détruire ce qui la tient en bride. […] La subtile contagion d’un mal dangereux ne demande pas toujours un objet grossier ; l’idée du mariage qu’on met dans ces héros et ces héroïnes amoureuses ne corrige pas, et ne ralentit pas la flamme secrète d’un cœur disposé à aimer. […] Quand il serait vrai qu’on ne peint au théâtre que des passions légitimes, s’ensuit-il de là que les impressions en soient plus faibles, que les effets en soient moins dangereux ? […] Ils n’ont mis en jeu que des passions folles ou criminelles, et les plus légitimes, ils les ont rendues répréhensibles et dangereuses par la manière dont ils les ont représentées. […] Disons donc, avec La Rochefoucauld, que tous les grands divertissements sont dangereux pour la vertu ; mais qu’entre tous ceux qui sont inventés, il n’y en a pas qui soient plus à craindre que ceux du théâtre.

10. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XVIII. Eprouver par soi-même si les spectacles sont dangereux, c’est vouloir tomber dans les dangers qu’ils offrent. » pp. 154-163

Eprouver par soi-même si les spectacles sont dangereux, c’est vouloir tomber dans les dangers qu’ils offrent. […] « Le grand écueil de tous les hommes et surtout des jeunes gens est de vouloir éprouver si ce qu’on leur représente comme dangereux l’est autant qu’on le dit. […] Les maximes établies avec plus de soin sont les plus conformes aux passions, et par conséquent les plus fausses ; et, si un vice y est quelquefois condamné, c’est pour en justifier quelque autre plus éclatant et plus dangereux. […] « Il n’y a donc rien de plus dangereux, quand il s’agit des mœurs, que de chercher à voir ce qu’on ne veut pas être ; car on devient aisément ce qu’on regarde avec plaisir, puisque c’est le plaisir qui attire le cœur, et qu’il est impossible qu’il n’approuve pas ce qu’il goûte avec joie. « Il est vrai que peu de personnes connaissent tout le danger des passions, dont on n’est ému que parce qu’on les voit ; mais ces passions ne causent guère moins de désordres que les autres, et elles sont encore en cela plus dangereuses, que le plaisir qu’elles causent n’est point mêlé de ces peines et de ces chagrins qui suivent les autres passions et qui servent quelquefois à en corriger ; car ce qu’on voit dans autrui touche assez pour faire plaisir, mais ne touche pas assez pour tourmenter : c’est en cela que consiste le danger du théâtre.

11. (1752) Essai sur la comédie nouvelle « ESSAI SUR LA COMEDIE MODERNE. » pp. 1-160

fourbe dont l’intrigue, les maximes, et les démarches, de l’aveu même des sectateurs de Molière, sont dangereuses à tous égards. […] En les examinant de plus près, on les verra n’offrir que des sentiments dangereux, surtout pour la jeunesse. […] Ici tout est dangereux, là tout est pur ; c’est un exercice utile à la jeunesse, c’est un plaisir qui contribue à son instruction. […] Il en a rapporté beaucoup d’autres, telles que l’indécence, l’équivoque, la mauvaise morale, les maximes dangereuses, les intrigues d’amour. […] Mais on peut dire que les Pièces de cet Auteur, et en général celles des Anciens, sont bien moins dangereuses que celles de nos jours.

12. (1767) Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs « Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs — PREMIERE PARTIE. Quelle est l’essence de la Comédie. » pp. 11-33

En effet le vice n’est pas dangereux parce qu’il est ridicule, mais parce qu’il entraîne après lui des suites funestes : par exemple, l’ivrognerie n’est pas un vice dangereux, parce qu’il met celui qui en est dominé dans un état d’extravagance qui lui attire les regards de tous les passans ; parce qu’il lui fait dire cent choses déraisonnables qui le font prendre pour un insensé ; mais bien parce qu’un ivrogne va dépenser au cabaret l’argent qui seroit mieux employé au soutien de sa famille ; mais bien parce qu’un ivrogne pour contenter sa malheureuse passion, laisse manquer de pain à sa femme & à ses enfans ; parce qu’il perd le goût du travail, & tombe lui-même dans la misere inséparable de la fainéantise ; mais bien parce qu’un homme dans l’état d’ivresse perd le sentiment de sa propre conservation, & qu’étant privé de raison, il n’a plus de frein qui puisse s’opposer à ses mauvais penchans. […] Dira-t-on qu’un avare est un homme dangereux, parce qu’il querelle à chaque heure du jour ses enfans & ses valets, sur la consommation excessive des provisions domestiques ; parce qu’il s’habille de toile pouvant porter un habit de drap ; parce qu’il nettoie lui-même ses lampes, & ramasse l’huile qui est au fond pour lui tenir lieu de pommade ; parce qu’il égoutte le vin qui est au fond des verres quand le repas est fini, & cent autres petites singeries qu’on lui prête pour nous faire rire ? […] Avant de répondre à cette objection, il est à propos que je m’explique sur ce que j’entends par l’exclusion du ridicule ; je ne prétends pas interdire à la Comédie la peinture du ridicule qui se trouve dans les vices qu’elle attaque, pourvu que ces vices ne soient tels que parce qu’ils sont ridicules ; mais lorsque les vices qu’elle attaque sont dangereux, elle ne doit point leur prêter pour amuser les Spectateurs, un ridicule qui ne serviroit qu’à affoiblir l’horreur qu’on en doit concevoir : de plus, si la Comédie veut se renfermer exactement dans les bornes qui lui sont prescrites, c’est-à-dire, si elle veut corriger les hommes, elle n’attaquera que des vices essentiels, c’est-à-dire, ceux dont les suites sont funestes à la société, & laissera aux Théâtres de la foire saint Germain, le soin d’amuser le peuple par la peinture des vices ridicules. […] Ce sont ceux qui ne sont ni assez affligeans pour exciter la compassion, ni assez révoltans pour donner de la haine, ni assez dangereux pour inspirer de l’effroi ; c’est-à-dire, que M. Marmontel réduit à rien les vices qui sont du ressort de la Comédie, ce qui ne prouve pas qu’il ait beaucoup approfondi le sujet qu’il traite ; car il ne peut pas disconvenir que la Comédie doit corriger les Mœurs : or de quelle importance sera une correction qui tombera sur des Mœurs ou des défauts qui ne seront ni affligeans, ni révoltans, ni dangereux ?

13. (1843) Le Théâtre, par l'Auteur des Mauvais Livres « Le Théâtre. » pp. 3-43

Son état est-il moins dangereux ? […]  » D’Alembert voulut prendre la défense du théâtre, mais il fut forcé d’avouer que les spectacles sont un poison dangereux. […] Entre tous les plaisirs dangereux pour la vertu il n’y en a pas qui soient plus à craindre que ceux du théâtre. […] O vous tous, que l’attrait du plaisir entraîne vers ces lieux dangereux, pesez bien ces réflexions avant de franchir le seuil, qui y conduit, et vous reculerez d’effroi. […] L’opéra lui paraît excessivement dangereux dans toutes ses parties.

14. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « HISTOIRE ET ABREGE DES OUVRAGES LATIN, ITALIEN ET FRANCAIS, POUR ET CONTRE LA COMÉDIE ET L’OPERA — CHAPITRE II. » pp. 19-41

Tous ces Jésuites soutiennent que les Comédies de ce siècle sont dangereuses pour la pureté. […] Il est dangereux de les lire, et l’on doit s’en abstenir. 2°. […] Le troisième remède, est de Mariana Jésuite, au livre 3 de Rege et Regis institutione, Cap. de Spectaculis, qui croit qu’on doit publier la Doctrine contre la Comédie, parce qu’il y aura toujours quelqu’un qui en pourra profiter, et qui préférera son salut à un plaisir si dangereux. […] C’est pourquoi dans le Chapitre 4. il fait voir que cet usage est opposé à la pudeur du sexe, très dangereux pour les jeunes gens qui y assistent, et la source de beaucoup de désordres. […] D’où il conclut que les Comédies de ce siècle ne se jouant jamais sans femmes, sans expressions tendres, capables de donner de mauvaises pensées, et qui excitent souvent un amour déréglé ; il faut dire que les Comédies ne sont pas des jeux honnêtes, mais très criminels et très dangereux.

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