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61. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE I. Faut-il permettre aux femmes d’aller à la Comédie ? » pp. 4-29

Les provinces ont chacune leur corps aussi, ce qui fait des milliers pour le royaume. […] On ne s’est pas même renfermé dans ces bornes, les Actrices ont communiqué leurs privilèges ; toutes les débutantes, les postulantes, les aspirantes, les expectantes, obtiennent de la troupe un brevet d’expectative pour la premiere place vacante, & dès-lors regardées comme membres du corps où elles disent vouloir entrer, elles jouissent de la même impunité que les autres. […] elles ne vivent que du travail du corps & de ce que leur donnent leurs amans. […] Vous seriez bien étonné (d’Orbessan, Voyage d’Italie) de voir les portes du spectacle s’ouvrir par-tout aux Gondoliers : corps très-considérable à Venise, servant à plus d’un usage ; leur principal office est d’applaudir à outrance aux Acteurs & aux Actrices, dans des termes dont je ne répetterai pas le sens à raison de leur obscénité. […] Je suis persuadé que le corps des Fiacres aura bien-tôt les mêmes prérogatives ; il est vrai que comme à Paris le sexe a plus de liberté, on y a moins besoin de leurs services.

62. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE III. Immodestie des Actrices. » pp. 57-84

Il essaya de se dérober aux yeux de Dieu : effort bien inutile, Dieu voit tout, & ne voit dans le corps humain que son ouvrage, dont sa sainteté infinie ne peut être souillée : Timui te, eo quòd nudus essem, & abscondi me. […] J’en appelle de l’affectation à l’indécence : celle-ci plus sincere dévoile votre ame, en dévoilant votre corps. […] Chrysostome, est le siege du démon, combien doit l’être un corps animé ! […] Chaque athlette ne luttoit que contre un adversaire ; chaque Actrice fait la guerre à tous les spectateurs ; ce n’est pas au corps, c’est à l’ame qu’elle livre l’assaut. […] Le reste du corps ne distingue point ; il est inutile de le découvrir.

63. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE IV. Spectacles singuliers. » pp. 106-127

Le second ordre est Dorique, & les deux ailes présentent deux avant corps, surmontés d’un fronton, dont les timpans sont remplis d’écussons, soutenues de figures. L’avant corps du fonds de la cour est couronné d’un attique dont le fronton circulaire renferme le Blason de la maison d’Orléans, soutenus par des figures ailées. […] Pour animer à la vengeance, on jette au milieu de l’assemblée, des membres des corps morts tous ensanglantés, si l’on en a, ou secs ou boucanés, qu’on a conservé exprès par cet espece d’embaumement, en disant : Voilà les membres d’un tel, votre fils, votre frere, &c. […] Un charriot & un cercuëil ouvert, où est un corps mort. […] Un charriot plein de sable d’où sortent des têtes dégoûtantes de sang ; & un autre plein de bras, de jambes, avec des cierges allumés, & plusieurs autres charriots remplis de corps morts, de tourterelles, de pigeons qu’on laisse voler, & divers chevaux chargés du bagage & des armes des morts, d’étendarts, des turbans, & du sabre d’Ali long de trente pieds, avec lequel il fendit la Lune.

64. (1690) Entretien sur ce qui forme l’honnête homme et le vrai savant « VII. ENTRETIEN. » pp. 193-227

, où il est dit qu’une « vieille femme n’ayant pu échapper durant sa vie à un homme, qui l’avait forcée à le faire son héritier, elle voulut qu’il la portât après sa mort sur son corps frotté d’huile, afin de lui échapper du moins à cette fois ». […] Car il est certain que tout le secret de la Rhétorique consiste à réveiller de manière les traces principales du cerveau de l’auditeur, que plusieurs autre qu’on appelle accessoires se réveillent en même temps ; et qu’ainsi l’âme agréablement ébranlée par les idées qui en résultent, reconnaisse par un jugement favorable le plaisir qu’elle reçoit par le moyen du corps. […] Mille gens y paraissent sans avoir étudié ni l’homme, ni la Religion : il faut bien qu’ils y débitent des fleurettes, et qu’ils y tâchent à persuader par l’agitation du corps, et par l’élévation de la voix. […] Je veux qu’on défende jusqu’aux insectes, et qu’on lui fasse voir qu’un petit rayon de lumière n’a pas plutôt débandé un des ressors du corps du plus petit animal, qu’on le voit chercher ou éviter les choses qui sont utiles ou contraires à sa vie.

65. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VI. Anecdotes de Cour. » pp. 171-202

Cependant tous les corps & communautés en robe de cérémonie, viennent successivement & avec un profond respect, faire une révérence & un compliment à la statue. […] Mais, ce qui ajoute le ridicule au frivole, c’est que le Roi & toute sa famille y étoient présens ; tous les corps passent devant lui & lui tournent le dos, pour saluer & complimenter sa figure. […] La danse est une sorte de geste de tout le corps, & le geste une sorte de danse. […] Il devoit y joindre la sculpture, puisque la peinture fait sortir les corps comme le ciseau. […] C’est la premiere fois qu’un corps vénérable de théologiens, jurisconsultes, médecins, philosophes, qui, d’après les canons, les loix, les SS.

66. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre VII. Troisieme suite du Fard. » pp. 171-194

En vous formant Dieu a réglé les dimensions de votre corps, les traits de votre visage, la couleur de vos cheveux, la vigueur de votre tempéramment, la durée de votre vie, &c. […] Vous pouvez, vous devez-même cultiver, pour ainsi dire, votre corps par la propreté, la décence, la frugalité, l’exercice, comme vous cultivés votre esprit par l’étude, votre champ par la charrue. […] Les sentimens du cœur sont sans doute, le principal hommage que Dieu demande ; mais il exige aussi l’hommage du corps. Glorifiez & portez Dieu dans votre corps, dit l’Apôtre, par la mortification, le travail, la modestie. […] Ainsi dit l’Apôtre, le corps est le Temple du Saint-Esprit, une Hostie vivante, sainte, raisonnable.

67. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre V [IV]. De la Chaussure du Théâtre. » pp. 115-141

Quand on étoit assis, la noblesse étoit cachée par la partie du corps la plus roturiere. […] Montfaucon, & tous les antiquaires, d’une infinité de manieres : on les attachoit au-tour du pied & au-dessus de la cheville, à peu près comme les sandales des Religieux ; on les laçoit quelquefois comme on lace le corps des femmes. […] Les ornemens de sa tête, les vêtemens de son corps, les parures de ses pieds, il n’est couvert que de ridicules : A planta pedis usque ad verticem non est in eo sanitus. […] Qu’importe , lui dit-on, en quel endroit du corps tu portes le bandeau royal ? […] Les pieds sont composés de nerf, de muscles, de tendons d’une extreme sensibilité, on n’a donc pu y enfoncer des clouds, & percer le bois de la croix, élever tout le corps, & l’appuyer sur ses pieds déchirés, sans faire souffrir les plus affreux tourmens J.

68. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE III. Suite du Mariage. » pp. 55-79

Ce peuple est trop frivole pour rassembler un corps de doctrine, il y a trop de divisions & de rivalités pour se réunir en secte, & former un parti bien lié. […] Vous voyez en moi, dit une ombre à Pluton, tout le corps des C… affligé, outragé, tout contrit des affronts publics que ce grand corps a reçus depuis que malicieusement cet ennemi juré de notre repos nous a rendus le jouet de tout le monde. […] Avant sa scandaleuse médisance notre illustre corps vivoit dans la premiere innocence. […] Ne perdez pas le souvenir d’une autre vie, ensevelissez mon corps lorsque mon ame aura été reçue de Dieu : Cùm acceperit Deus animam sepeli corpus (quelle petitesse d’esprit de distinguer l’ame du corps !).

69. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre II.  » pp. 36-74

Nos corps sont le temple du Saint-Esprit. […] Tout le corps du Paganisme & de la Poësie n’est guere que la débauche & ses effets tournés de mille manieres, pour apprendre cette loi essentielle qu’il faut fuir la volupté pour n’en être pas infecté. […] Il forme les organes du corps, les lumieres de l’esprit, les sentimens du cœur, le caractere du Soldat & du Capitaine, les circonstances des tems & des lieux, pour l’accomplissement de ses volontés. […] Elle commence par se laver tout le corps ; ainsi faut-il se laver le cœur dans les larmes de la pénitence. […] De là il s’en va colorer l’estomac & les intestins, se mêler avec le sang & les humeurs, & au moyen de la circulation se répandant dans toute l’habitude du corps, il viendra enfin, par les petits pores capillaires & les houpes de la peau, enluminer l’épiderme.

70. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE IX. Sentiments de Saint Augustin sur les Spectacles. » pp. 180-198

Je n’y serai que de corps, leur dit-il ; mes yeux et mon cœur ne s’ouvriront point à ces horreurs : « Adero absens ; numquid animam et oculos in spectacula potesti intendere. » En effet, il tint toujours les yeux fermés ; plût à Dieu eût-il aussi fermé les oreilles ! […] Peste encore plus sensible et plus dangereuse, qui fait périr, non les corps, mais les mœurs : « Astutia spirituum nefandorum pestilentiam longè gravierem (le théâtre) qua plurimum gaudet non corporibus, sed moribus curavit immittere, et delicata sub intravit insania. » (L. […] Ecoutez, si l’ivresse de l’erreur vous laisse encore quelque lueur de bon sens : les Dieux ordonnent le théâtre pour vous préserver des maux du corps, et leur Pontife l’abolit pour préserver vos âmes de la corruption du vice. Si quelque étincelle de raison vous fait préférer l’âme au corps, jugez qui mérite mieux votre culte : « Pontifex propter animarum cavendam pestilentiam scenum construi prohibebat. » Mais ce que la postérité aura peine à croire, la corruption était si grande, l’aveuglement si profond, qu’après le sac de Rome les amateurs du théâtre, fugitifs, étant venus à Carthage, allaient en foule se passionner au spectacle : « Animos miserorum tantis obcacavit tenebris, tanta deformitate fœdavit, ut Romà vastata, quos pestilentia illa possiderat, in theatris quotidie certatim pro Histrionibus insanirent. » O insensés, l’univers entier est étonné et affligé de vos malheurs, et vous, quelle fureur ! […] On applaudit aux combats des Gladiateurs, et on se moque des œuvres de miséricorde ; on entretient la débauche des Comédiens, et on laisse manquer les pauvres du nécessaire ; on blasphème la doctrine de Dieu et on décrie les Prédicateurs qui condamnent cette infamie publique, et on adore ces Dieux prétendus qui se plaisent à des spectacles de théâtre qui déshonorent le corps et l’âme.

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