Hersilie fait donc tout ce que la vertu la plus sévère peut exiger d’elle ; et si elle parle à la fin, c’est la situation qui l’y force ; puisqu’elle se voit exposée à perdre ou son père ou celui qu’elle aime, dont l’un des deux ne peut éviter de périr dans le combat singulier résolu entre eux, et juré à la face des Autels.
Et afin de nous restreindre à celles desquelles l’abus continue en notre temps : pource qu’entre les spectacles, contre lesquels plusieurs Anciens serviteurs de Dieu, ont déclamé, il y en a qui ne se pratiquent plus, aussi n’en parlerons-nous point : comme ceux des gladiateurs et escrimeurs à outrance, des combats d’hommes contre les bêtes sauvages ; des luttes et des courses à cheval et en chariots, dedans les arènes des cirques et Théâtres : combien qu’en plusieurs de ces jeux, ôté ce qu’ilsm étaient consacrés aux Dieux des Gentils, il y eût moins de danger de corruption, excepté en ceux auxquels les spectateurs prenaient plaisir à voir épandre le sang, et déchirer les hommes, s’accoutumant à la cruauté : Car pour les courses, elles pouvaient avoir leur utilité, et servir d’exercices préparatoires à une juste guerre, et n’y avait rien de soi, qui attirât les spectateurs à quelque mauvaise pensée, ou convoitise désordonnée ; où il n’y avait point de paroles qui jetassent dans le cœur par les oreilles, quelque ordure, ou quelque profanation, ni des gestes lascifs et impudiques : où se voyait seulement une agilité et adresse de ceux qui y étaient exercés, et qui à l’envi tâchaient d’emporter le prix. […] Car, comme les armées qui se disposent au combat, ou entrecoupent de fossés, ou embarrassent de pauxfd fichés ou incommodent de chaussetrapes, les chemins par où on voit que les troupes ennemies passeront afin que s’il y en a quelques-uns, qui ne tombent pas en tous ces pièges, il n’y en ait toutefois aucun qui les échappe tous : Ainsi les Diables ont tendu tant d’embûches en cette vie au genre humain, qu’encore que quelqu’un en puisse éviter plusieurs, toutefois il sera pris par une. […] Le Concile in Trullo se réunit en 691-692, le canon 51 excommunie qui assiste à des mimes, combats de bêtes et danses sur scène.
Voyez la Lettre qu’il écrit à Donat, dans laquelle après l’avoir prié de jeter les yeux sur tout ce qui se passait sur la terre pour en connaître la vanité ; après lui avoir parlé des jeux de Luttes, des Combats de Gladiateurs, dans lesquels l’homme était sacrifié au plaisir de l’homme : « Homo occiditur in hominis voluptatem 2 », il passe aux Tragédies et aux Comédies, dans lesquelles, à la vérité, il nous dit que l’on faisait de sales représentations ; mais, personne ne doit conjecturer de ces paroles que les incestes et les adultères honteux dont il parle se commissent sur le Théâtre. […] Saint Cyprien déclame au commencement du Livre des Spectacles contre les Chrétiens qui prétendaient autoriser les Spectacles des Gentils par les Ecritures, « de Scripturis caelestibus vindicare 18 » : et se servaient pour cela de la danse de David devant l’Arche, du chariot d’Elie, des instruments de Nabla et des combats dont parle Saint Paul aux Ephésiens et aux Corinthiens ; et soutenaient qu’il était permis aux Chrétiens de regarder des Spectacles dont il était parlé dans l’Ecriture, et que ceux-là étant justifiés et permis, ceux des Gentils le devaient être de même. […] Les Chrétiens sont persuadés, que cette subordination, cet accord et cette soumission ne saurait être parfaite et inaltérable dans cette vie, que tant que leur âme est enfermée dans ce corps mortel, la partie inférieure se révolte contre la supérieure, qu’ils ressentent dans leurs membres une autre loi qui répugne sans cesse à la loi de leur esprit ; et que c’est ce qui a fait dire à Saint Paul, que la vie de l’homme Chrétien doit être un combat continuel sur la terre, dans lequel on ne peut demeurer victorieux que par la victoire que l’on remporte sur les passions ; et dans lequel on est infailliblement vaincu dès que les passions dominent et prennent le dessus. […] Il y combat vigoureusement l’opinion de ceux qui prétendaient que l’Ecriture ne les avait pas défendus : ainsi, sauf meilleur avis, je crois qu’il combattait la vôtre pour la détruire entièrement.
Les premiers étaient ceux du Cirque, la course des Chevaux, les Combats des bêtes, des Gladiateurs, des Athlètes : ces Jeux n’ont nul rapport à ce que nous traitons. […] L. 1. cap. 8 que dès lors il fut défendu à toutes personnes de consulter les devins, de se faire initier, de dédier des Statues ; qu’on abolit de très anciennes coutumes, et que les combats des Gladiateurs furent défendus. […] Dans les autres Villes il y avait seulement des Cirques, des Amphithéâtres, pour le combat des bêtes. […] , qu’autrefois les Empereurs défendaient en ces saints jours les spectacles, les courses de chevaux et le combat des bêtes : « Dies festos Majestati divinæ dedicatos, nullis volumus voluptatibus occupari.... nihil itaque eadem die sibi vindicet scæna theatralis aut ferarum lacrymosa spectacula. […] , que le saint Empereur Henri II. prenait plaisir à exposer à la fureur des ours un homme nu à qui on avait frotté le corps avec du miel, et que ce saint Abbé lui inspira de l’horreur pour ces combats.
Quelques autres Poëtes ont pris des sujets chez les Mahométans, ils ont eu peu de succès ; ils ont écrit d’un style noble, & n’ont étalé que des combats de sentimens, comme dans Racine.
Nous avons en petit ce que nos pères avoient en grand, mais diversifié selon le génie des peuples : courses de taureaux en Espagne, & de chevaux à Rome, combats des bêtes en Angleterre, gladiateurs en Allemagne, lutteurs athlètes en Toscane, sur-tout des théatres par-tout, moins vastes à la vérité, mais en plus grand nombre, plus amusans, plus diversifiés, & des représentations incomparablement plus fréquentés qu’à Athènes & à Rome.
Et nous voyons dans le Code qu’autrefois les Empereurs Chrétiens ne voulaient pas qu’en ces saints jours on fit des spectacles, des courses de chevaux, ou des combats d’autres bêtes : « Dies festos majestati divinæ dedicatos nullis volumus voluptatibus occupari… nihil itaque eadem die sibi vindicet Scena theatralis, aut ferarum lacrymosa spectacula. »Lege ultima de falsis legibus §. 12. p. 9.
Que si depuis quelque temps les écrits ne s’adressent pas directement aux Jésuites, et s’ils ne sont plus comme vous dites que les Spectateurs du combat, c’est parce qu’on les a mis hors d’Etat de combattre.
Peut-on donc trop sévèrement proscrire un spectacle public qui en sape les fondements, en éteint l’esprit, en combat les maximes, en fait mépriser les mystères ?
La loi que l’on viole, les sentiments qu’on combat par les œuvres, sont-ils moins certains ?