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144. (1752) Essai sur la comédie nouvelle « ESSAI SUR LA COMEDIE MODERNE. » pp. 1-160

C’est le même plan qui avait été proposé il y a quelques années par un Comédien lui-même, cet honnête homme dont parle M.F. […] Poète par goût, plus que par étude, ce fut un feu de jeunesse, non la malignité de la fortune qui le fit Comédien. […] Par le zèle qu’on lui voit pour la Comédie et les Comédiens, on entrevoit ce qui l’irrite, et on va tâcher de le tranquilliser. […] On le prie lui-même de nommer une ville où l’établissement des Comédiens ait fait disparaître tous ces vices. […] On convient que de tout temps les Comédiennes surtout, ont été plus exposées que d’autres à la médisance.

145. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre VIII. Du Clergé comédien. » pp. 176-212

Du Clergé comédien. […] C’est le talent du Comédien Anglois Garrik. […] Mais pour suivre le plan de la liste que nous avons entrepris du Clergé Comédien, nous en dirons encore un mot. […] Ces Comédiens à petit collet ne brûlent-ils pas l’encens de leurs poésies ? […] Eh bien , lui répondit Voltaire, les Comédiens l’ont refusé.

146. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Suite des Mêlanges. » pp. 146-197

Il peut se jetter dans l’enfer, les comédiens le font tous les jours, leurs ouvrages les y conduisent. […] Les comédiens répondent fort poliment, mais refusent de jouer sa piece. […] Répétition journaliere dans une actrice, un comédien qui en fait métier. […] Il est plaisant qu’au jugement de ce grand maître, comédien signifie imposteur. […] Un comédien joue toutes sortes de rôles, & ne paroît jamais ce qu’il est.

147. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre IX. Sentiments de S. Ambroise. » pp. 200-211

Telles sont les lois qui défendent les spectacles les jours de dimanche, qui interdisent aux Comédiens les habits ecclésiastiques ou religieux, et même les habits et les parures trop riches, qui ordonnent d’ôter des lieux publics leurs portraits, qui donnent à toutes les personnes attachées au théâtre la liberté de se retirer quand elles veulent se convertir, et défendent d’administrer les derniers sacrements aux Comédiens qu’après un sérieux examen et des preuves bien certaines de leur conversion, constatées par l’information des Juges et l’approbation des Evêques. […] Ambroise le loue d’avoir méprisé les spectacles et les Comédiennes. […] On l’accusait d’avoir du goût pour les combats et la chasse des bêtes féroces, et il les fit tuer toutes à même temps : « Omnes feras uno momento jussit interfici. » On disait qu’il aimait les jeux du cirque et du théâtre, il n’y parut plus, il ne les permit plus, même les jours solennels de sa naissance et de son couronnement, où ils étaient d’usage : « Ne solemnibus quidem natalibus, vel imperialis honoris gratia putabat celebrandos. » Tant il savait être son maître, et dans l’âge le plus tendre égaler la force et la sagesse des vieillards : « Adolescentem videres senilem ferre sententiam. » Il y avait à Rome une Courtisane d’une beauté parfaite, qui corrompait la jeune noblesse, d’autant plus dangereuse que c’était une Comédienne (car dans toutes les affaires de galanterie il se trouve toujours quelque héroïne de théâtre) : « Scenicæ cujusdam forma et decore Romæ adolescentes nobiles deperire. » Valentinien ordonne qu’on la fasse venir à la Cour. […] Vous regardez avec plaisir un Comédien, un pantomime, un gladiateur, un chariot qui roule sur l’arène, et hæc vanitas est. […] profitons du temps, aimable jeunesse, la vie s’envole comme un léger nuage, hâtons nous d’en jouir, ne laissons pas passer le printemps sans en cueillir les fleurs, avant qu’elles se flétrissent ; laissons partout des traces de nos plaisirs, faisons-nous des couronnes de roses, et ne songeons qu’à jouir agréablement des charmes de la volupté, puisque tout va s’anéantir dans le tombeau : « Non prætereat nos flos temporis, coronemus nos rosis antequam marcescant. » Si l’on ne voit pas dans ce portrait le théâtre et sa morale, le parterre et sa folie, les Actrices et leurs manèges, le spectacle et ses dangers, les coulisses, les loges, les foyers, les maisons des Comédiens, la vie des Comédiennes, on ne voit pas le soleil à midi ; mais si après ces connaissances, on aime encore, on fréquente le théâtre, plus misérablement aveugle, on ne voit pas l’enfer ouvert sous ses pieds.

148. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE II. Des Spectacles des Communautés Religieuses. » pp. 28-47

Il est vrai qu’on leur a quelquefois reproché de souffrir sur leur terrain cette comédie licencieuse, de louer leurs boutiques aux Comédiens, et d’en tirer un profit considérable. […] Louis, Roi de France, on avait mis au nombre de ses vertus d’avoir chassé les Comédiens de son royaume, dans celle de S.  […]  1.), le Parlement de Paris termina deux procès comiques, entre les Comédiens français et ceux de la foire S.  […] Germain, intervint dans l’instance, et prit fait et cause pour les Comédiens de la foire, auxquels il avait garanti dans son bail, la pleine liberté du théâtre sur son terrain. […] Quel Comédien voudra suivre ces lois ?

149. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre VI. Siécle de Louis XV. Chap. 2. » pp. 161-170

Alexandre fit deux actes célebres de générosité envers les vaincus, après la victoire, il traita avec les plus grands égards dus à leur dignité, la femme & les filles de Darius, & le Roi Porus ; mais quoique les Grecs aimassent bien les spectacles, quoiqu’ils y réussissent parfaitement, Alexandre ne donna point la comédie à Lisigambis dans les pleines d’Arbelles, ni à Porus dans son camp, aussi ne trainoit-il pas dans son armée un régiment de comédiens, comme une troupe de pandoures ; il n’est pas même parlé de théatre dans sa vie, quoique écrite dans un grand détail, tant il l’aimoit peu. […] Autrefois le Roi, la Reine, les Princes alloient danser & quelquefois jouer sur le théatre avec les comédiens. La régularité de la fondatrice faisoit dresser le théatre chez elle, & venir les comédiens jouer avec les Princesses. […] Voltaire trouve une contradiction entre l’infamie attachée au metier de comédien, & l’honneur qu’on fait au théatre de le régarder comme une école noble, utile, digne des personnes Royales ; il a raison, rien de plus ordinaire dans le monde, on croit se deshonorer en se mesalliant, & un Seigneur épouse une actrice. […] Il travailla lui-même comme le plus simple artisan, il fit venir en Moscovie, à grands frais, toute sorte d’artistes ; mais jamais il ne daigna penser au théatre, il n’étudia point l’art de la déclamation, ni la danse, ni la musique, il ne parut point sur la scéne, comme sur les chantiers d’Amsterdam, il ne demanda ni comédiens ni comédiennes, il ne bâtit aucun théatre dans ses États ; il étoit trop grand pour s’amuser à ces miseres.

150. (1731) Discours sur la comédie « PREFACE » pp. -

Véritablement il y a déjà plus de cent ans que le Théâtre des Comédiens se soutient à Paris sans interruption, et il n’y a pas un moindre espace de temps que l’Eglise fulmine contre les Comédiens, et fait exhorter les Fidèles à fuir leurs spectacles ; mais elle ne désespère pas d’en voir la fin. […] Voudrait-on dire que la Cour et la Ville furent plus réglées, et qu’il se fit moins de crimes sous Henry III. lorsqu’il eût appelé les Comédiens, et qu’il les eût établi à Paris ? Ce n’est pas du moins le sentiment de Mézerai et des Auteurs contemporains ; les Arrêts que le Parlement rendit contre les premiers Comédiens, déposent le contraire. […] » Que les Prédicateurs et les Théologiens, frappés de ces exemples, ne cessent point de crier contre les Spectacles, tandis que l’Eglise lance ses foudres contre les Comédiens ; qu’ils représentent le Théâtre, comme l’école de l’impureté, la nourriture des passions, l’assemblage des ruses du démon pour les réveiller, où les yeux sont environnés d’objets séducteurs, les oreilles ouvertes à des discours souvent obscènes et toujours profanes, qui infectent le cœur et l’esprit. […] Après toutes ces réflexions, il serait superflu de s’étendre davantage, pour montrer que l’Eglise fait éclater sa prudence et sa charité en excommuniant les Comédiens, et en tolérant ceux qui vont aux spectacles.

151. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Sentiments des Pères de l'Eglise sur la comédie et les spectacles — 12. SIECLE. » pp. 187-190

L'oisiveté est l'ennemie de l'âme, qui la dépouille de toutes ses inclinations vertueuses ; C'est pourquoi un très savant homme donne ce conseil : Que l'ennemi du genre humain, dit-il, vous trouve toujours occupé, afin qu'avec autant de bonheur, que de prudence, vous vous couvriez de vos occupations, comme d'un bouclier contre toutes ses tentations : Il faut fuir l'oisiveté comme une dangereuse Sirène ; et cependant les Comédiens nous y attirent. […] Vous ne doutez point que l'autorité des Pères de l'Eglise n'ait interdit la sacrée Communion aux Comédiens e aux Farceurs; d'où vous pouvez juger quelle peine méritent ceux qui les favorisent, Si vous vous représentez que les coupables des crimes, et leurs complices doivent être également punis. Ceux qui donnent aux Comédiens, dit Saint Augustin, pourquoi leur donnent-ils, si ce n'est parce qu'ils se plaisent au mal que font ces personnes infâmes ?

152. (1754) Considerations sur l’art du théâtre. D*** à M. Jean-Jacques Rousseau, citoyen de Geneve « Considérations sur l’art du Théâtre. » pp. 5-82

Si la profession de Comédien est honnête. […] L’art du Comédien est d’imiter les passions. […] Le Comédien représente des passions qui ne sont pas les siennes. […] Il ne me reste plus qu’à examiner la conduite & les mœurs tant décriées des Comédiens. […] Il s’agit de sçavoir si les Comédiens sont pesés plus souvent que les autres hommes dans la balance de Themis.

153. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre II. Est-il du bien de l’Etat que les Militaires aillent à la Comédie ? » pp. 20-34

Le Maréchal de Saxe avait aussi peu de délicatesse : non seulement il souffrait que les Officiers jouassent des rôles, mais il avait une troupe de Comédiens qui le suivait et campait avec lui ; il la prêtait même au Général ennemi. […] On ne vit jamais non plus ces illustres guerriers, traînant des troupes de Comédiens dans leurs armées, faire du spectacle une partie de l’exercice et de la discipline militaire. […] Mais la frivolité et la mollesse ont jugé le théâtre si nécessaire à former de grands Capitaines, qu’on a imposé sur les Officiers de Cavalerie, d’Infanterie et de Dragons, une taxe par tête, de tant par mois, pour entretenir des Comédiens. […] On ne voit pas de Comédiens entrer au service ; ils sont trop lâches, ce seraient de mauvais Soldats. […] Le théâtre est le tableau du monde : nos Comédiens sont les hommes et les femmes de tous les temps, de tous les pays, de toutes les passions, de tous les crimes.

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