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503. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE IX. Sentiments de Tertullien. » pp. 180-200

Ce qui souille par la bouche, souille par les yeux et par les oreilles, ce sont les avenues du cœur ; serait-il bien pur, si ce qui y conduit est corrompu ? […] Sans doute on conserve la paix du cœur, en prenant parti pour un cocher ; on apprend la pureté en contemplant une Actrice : « Pudicitiam addiscet attonitus in Mimos.

504. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE III. En quoi consiste le Plaisir de la Tragédie, & de la grande émotion que causoient les Tragédies Grecques. » pp. 49-62

Dans la corruption de notre cœur.

505. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE V. En quoi consiste le Plaisir de la Comédie, & de ce Sel qui assaisonnoit les Comédies Grecques. » pp. 131-144

On se vante d’avoir pleuré à une belle Tragédie, parce qu’on est flatté de paroître avoir un cœur tendre : mais on ne se vante point d’avoir ri des balourdises d’Arlequin : on dit au contraire, j’ai ri comme un Enfant.

506. (1825) Encore des comédiens et du clergé « NOTICE SUR LE MINISTERE FRANÇAIS EN 1825. » pp. 87-100

La vengeance, si facile à l’homme puissant, semble n’être jamais entrée dans son cœur, car elle n’est l’apanage que de la petitesse et de la méchanceté.

507. (1694) La conduite du vrai chrétien « ARTICLE V.  » pp. 415-435

Le même Tertullien que je viens de citer, parlant de la scène et de l’échafaud des Farceurs, l’appelle « la sacristie de Vénus, le consistoire de l’impudicité, l’arsenal de toute vilenie, qui prend sa grâce et sa gaité, de l’ordure et de la saleté », parce que la voix des Bateleurs, leurs gestes et leurs habits de parade, allument des étincelles de lubricité dans le cœur de ceux qui les écoutent et qui les regardent.

508. (1674) Le Theâtre François pp. -284

Elle eut la bonté de me receuoir auec cet air engageant qui luy gagne les cœurs de tout le monde, & particulierement des Etrangers, qu’elle ne renuoye jamais que tres satisfaits. […] Est-ce qu’vn couplet amoureux secondé des charmes d’vne belle voix penetre moins auant dans les cœurs de l’Assemblée, que lorsqu’il est simplement recité à nôtre mode ? […] Il y a eu de bons Comediens qui ont quitté le Marais, où ils estoient estimez, sans nulle necessité, & de gayeté de cœur, le poste de Paris leur plaisant moins alors que la liberté de la campagne. […] Il y a entre eux des memoires tres heureuses, & il se trouue des Acteurs qui sçauent par cœur la piece entiere, pour ne l’auoir oüie que dans la lecture & dans les repetitions. […] Il est bon qu’ils sçachent par cœur les deux derniers vers de l’Acte, pour reprendre prontement la Symphonie, sans attendre que l’on leur crie, Ioüez ; ce qui arriue souuent.

509. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre III. Jurisprudence du Royaume. » pp. 51-74

On ne représenterait pas la comédie, si on n’aimait le vice : « Si flagitia non probaremus, comedia nulla esset omnino. » C’est le comble du désordre de louer le désordre, et une maladie extrême de louer la maladie : « Libidinem laudare summæ libidinis, ægritudinem laudare maxime detestabile. » Les comédies affaiblissent les hommes les plus forts, amollissent le cœur, énervent la vertu, ce qui les fait chasser avec raison de la république de Platon : « Lamentantes inducunt, fortissimos molliunt animos, discuntur vitia, nervos omnes virtutis elidunt ; recte igitur a Platone excluduntur in ea civitate quam finxit, etc. » Pour imprimer à son fils l’amour de la décence, il cite (Officiis C. […] Louis, dit du Tillet, chassa de son royaume les Farceurs et Comédiens, comme une peste publique, capable de corrompre les mœurs de tous ses sujets. » Dupleix et Mézeray, qui le copie, disent sur Philippe-Auguste : « Ce Prince signala sa piété par l’expulsion des Comédiens, qu’il chassa de sa Cour, comme gens qui ne servent qu’à efféminer les hommes, flatter les voluptés, et remplir les esprits oiseux de chimères qui les gâtent, et à causer dans les cœurs des mouvements déréglés, que la religion et la sagesse nous recommandent si fort d’étouffer.

510. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre premier.  » pp. 4-42

En comparant la tragédie à la comédie, tantôt il met entre elles une égalité de mérite, pour justifier l’égalité de récompense : Melpomene & Thalie sont assez à côté l’une de l’autre  ; tantôt il donne la supériorité à la comédie : Il faut d’avantage au poëte comique, il ne doit ceder en rien au tragique, doit avoir autant de génie, être aussi bon poëte, & de plus, observateur des cœurs & des actions. […] Le fils trop occupé de ses plaisirs pour s’embarrasser des sciences ; trop dissipateur pour avoir dequoi leur faire de grands biens, pouvoit tout au plus leur faire quelques caresses ; car il avoit le tâlent singulier de courtisan, il étoit caressant, insinuant, plein de grace dans la conversation & dans sa personne, & gagnoit les cœurs. […] Paul Jove Panegiriste de ce Pape qui convient que sa vie voluptueuse & dissipée avoit terni l’éclat de ses belles qualités, & la gloire de son Pontificat, prétend pour l’excuser, que c’étoit moins la corruption de son cœur naturellement bon, que la facilité de son caractère, & la liberté de la puissance souveraine.

511. (1686) La Comédie défendue aux chrétiens pour diverses raisons [Traité des jeux et des divertissemens] « Chapitre XXV » pp. 299-346

Theophile Patriarche d’Alexandriea, parce que les Spectacles sont contraires à la discipline des Chrêtiens ; Minutius Felixb, parce qu’ils sont mauvais ; Tatienc, parce que les Comédies sont pleines de choses frivoles & inutiles ; Tertuliend, par le jugement que les hommes font de ceux qui les representent & qui passent dans leur esprit pour des gens infames ; par le jugement que Dieu même en porte, n’y aïant rien dans les Spectacles qu’il ne condamne ; parce que les Spectacles sont du nombre des pompes du diable, ausquelles nous avons renoncé dans nôtre Baptême ; parce que les Païens mêmes jugeoient qu’un homme estoit devenu Chrêtien à cause qu’il s’en abstenoit, reconnoissant que l’instinct de la pieté Chrêtienne éloignoit du theâtre ceux qui en faisoient profession ; parce qu’il est impossible d’y conserver les sentimens de pieté qu’un Chrêtien doit toûjours avoir dans le cœur ; parce que tous les objets qui s’y presentent à lui, ne sont propres qu’à le détourner de Dieu & à l’attacher à la creature ; parce qu’il est ridicule de pretendre en pouvoir faire un bon usage & les rapporter à Dieu ; parce que supposé qu’il y en eût d’honnêtes, les Chrêtiens ne doivent toûjours les regarder que comme un miel envenimé, dont ils ne peuvent goûter sans danger de se donner la mort ; enfin, parce que l’état d’un Chrêtien en cette vie est de fuïr toutes sortes de plaisirs, & de faire consister toute sa joïe dans les larmes de la penitence, dans le pardon de ses pechez dans la connoissance de la verité & dans le mépris même des plaisirs les plus innocens & les plus legitimes. […] Il ne nous en a pas donné pour sauter avec impudence comme des chameaux : car ce ne sont pas seulement les femmes qui sautent d’une maniere honteuse, les chameaux le font aussi ; mais il nous en a donné pour nous tenir ferme dans les Cœurs des Anges. […] On danse en compagnie & devant le monde, je le veux ; mais si cette circonstance empêche les desordres publics & éclatans, elle n’empêche nullement les desordres du cœur, contre lesquels les Chrêtiens ne doivent pas moins se précautionner & se fortifier que contre les pechez exterieurs.

512. (1725) Mr. de Moliere [article des Jugemens des savans] « Mr. de Moliere, » pp. 339-352

Moliére est un des plus dangereux ennemis que le Siécle ou le monde3 ait suscité à l’Eglise de Jesus-Christ : & il est d’autant plus redoutable qu’il fait encore après sa mort le même ravage dans le cœur de ses Lecteurs, qu’il en avoit fait de son vivant dans celui de ses Spectateurs.

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