Les déclamations de Seneque, qu’on a honorées du nom de tragédies, ne sont pas faites pour changer les cœurs.
Je donne ces noms avec les apostilles que j’ai trouvées, sans y changer un mot.
que ce qui est bon et mauvais en soi, ne peut changer de nature ; puisque tout est fixe et certain à l’égard de la vérité de Dieu : « Non potest esse aliud quod verè bonum est, et malum, omnia penes Dei veritatem fixa sunt. » Supposé ce principe, il faut considérer ce que c’est que la Comédie, car si tout ce qui est renfermé, et qui constitue sa nature est bon ; il faudra dire qu’elle est bonne.
Le raffinement de l’impiété ne va-t-il pas quelquefois jusqu’à changer les notions des choses à faire de la comédie une bonne œuvre, et à travestir l’irréligion en respect pour la religion ?
A-t-il changé depuis ?
Tel le fameux Acteur Jacob, emporté par le torrent du vice, s’étant abandonné au théâtre, changea son nom pour ne pas faire tort à sa famille, qui était noble, et prit celui de Monfleury, sous lequel seul il est connu, et qui ne sera jamais inséré dans la généalogie de sa maison.
Tous les actes moraux sont caractérisés par leurs objets ; la décoration n'en change pas la nature.
Ces Spartiates coquettes & petits-maîtres furent hués de tout le monde : malgré les représentations de l’auteur, on ne voulut rien changer : la piece tomba. […] Le Tribunal de la Cour ne regarde que l’administration & la discipline intérieure entr’eux ; mais non les étrangers, les ouvriers, les auteurs, les débiteurs, les créanciers, &c. à l’égard desquels on n’a rien changé à la justice ordinaire.
Mais tout cela, dira-t-on, paraît sur le théâtre comme une faiblesse, « Quand on l’accorderait ainsi, aux défenseurs des spectacles, ils ne pourraient nier qu’il y paraît comme une belle, une noble faiblesse, comme la faiblesse des héros et des héroïnes, enfin comme faiblesse si artificieusement changée en vertu qu’on l’admire, qu’on l’applaudit sur tous les théâtres, et qu’elle doit faire une partie essentielle des plaisirs publics ; et cette noble faiblesse de quelque manière qu’on la tourne et qu’on la dore, dans le fond, ce sera toujours, quoiqu’on puisse dire, la concupiscence de la chair.
Que le Gouvernement politique tolère ou autorise les Spectacles, cette condescendance en change-t-elle la nature ?