Les Jeunes-personnes, qui n’ont jamais vu de Spectacles, sont extrêmement prévenues contr’eux : j’étais étonnée que le non-usage & le préjugé rendissent leur critique plus sévère que celle de monsieur Des Tianges & la mienne : ma surprise a cessé, lorsqu’elles m’ont avoué qu’elles achevaient de lire la Nouvelle-Héloïse, & qu’elles connaissaient la Lettre de M. […] Vous voyez, par la dixième Classe, à quel genre de Comédies je laisserais la dénomination de Comique-larmoyant : j’avouerai que je me suis presque repentie d’y avoir placé l’Orfelin-Anglais. […] Je vous avouerai, que j’avais encore un autre motif. […] L’homme qui fit ce prodige, c’est Corneille, & la Pièce qui en fut l’occasion, c’est Polyeucte ; Drame, il faut l’avouer, qui réunissait pour les Chrétiens, une partie des choses qui firent le succès des anciennes Tragédies Grecques.
Il dit, je l’avoue, qu’il a conçu une haine effroyable contre le genre humain ; mais en quelle occasion le dit-il ? […] Le plus charmant objet de la Nature, le plus capable d’émouvoir un cœur sensible et de le porter au bien, est, je l’avoue, une femme aimable et vertueuse ; mais cet objet céleste où se cache-t-il ? […] C’est au moins avouer qu’ils ont besoin d’être contenus, et que les moyens n’en sont pas faciles. […] Il y a, je l’avoue, une autre sorte d’affaire où la gentillesse se mêle à la cruauté, et où l’on ne tue les gens que par hasard ; c’est celle où l’on se bat au premier sang. […] ab Au reste, j’avoue que j’aimerais mieux, quant à moi, que nous pussions nous passer entièrement de tous ces tréteaux, et que petits et grands nous sussions tirer nos plaisirs et nos devoirs de notre état et de nous-mêmes ; mais de ce qu’on devrait peut-être chasser les Bateleurs, il ne s’ensuit pas qu’il faille appeler les Comédiens.
Il faut avouer, M.
de la Harpe n’avouera pas, quoiqu’il ne soit pas Grec ; du moins Homere & Petrarque n’ont-ils pas enrichi les fastes du monde par de belles histoires, la pbilosophie par de savantes dissertations, la théologie par de brillants paradoxes : ont-ils expliqué le systême du grand Newton, la politique de la sage Angleterre ?
Tout cela, je l’avoue, est au dessus de ma portee.
J’avoue , dit-il, que la comédie peut corrompre les mœurs quand la gayeté degenere en licence ; ce qui n’arrive que trop souvent, ou plutôt ce qui arrive toujours de mille manieres par le reste de la piéce, le libertinage des acteurs & des spectateurs, l’immodestie des actrices, des décorations, &c.
Je n’ai garde de justifier ni l’opéra, ni l’Abbé qui le fréquente ; mais cette bonne morale que l’Auteur avoue ne s’être glissée que par hasard dans ses pieces, où il ne l’avoit pas en vue, n’est-elle absolument pas gâtée par la morale pratique de l’action même ?
J’avoue en ce sens que Moliere est un Philosophe, & un Philosophe très dangereux, & que son Théatre est une véritable école de philosophie qui a formé une infinité de disciples.
Les femmes surtout, qui y venaient en foule, croyaient trouver la justification de leurs galanteries dans la coquetterie d’une Sainte avouée de Dieu même.
Le raffinement d’un théâtre poli ne peut s’accommoder de cette gothique franchise : le remords et la honte d’un vice avoué troublent la douceur du plaisir.