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3. (1844) Théologie morale « CHAPITRE I. Des Péchés de luxure non consommée, sections 644-651. » pp. 291-296

Il y aurait aussi péché mortel pour les simples spectateurs qui assisteraient à une représentation notablement obscène, pour le plaisir honteux que cette représentation peut occasionner. Mais il n’en est pas de même de ceux qui n’y assistent que par curiosité ou par récréation ; ils ne pèchent que véniellement, pourvu qu’ils se proposent de résister à tout mouvement charnel qui peut survenir, ou qu’ils n’aient pas lieu de craindre de se laisser aller à quelques fautes graves4. Cependant, il serait difficile d’excuser de péché mortel un jeune homme qui, sans nécessité, voudrait assister au spectacle, dans le cas dont il s’agit ; à moins qu’il ne fût d’une conscience très timorée, et qu’il ne pût s’autoriser sur sa propre expérience. Encore faudrait-il, dans ce dernier cas, que son exemple ne fût pas une occasion pour d’autres jeunes gens d’assister à des représentations indécentes5. […] Si les choses représentées ne sont pas notablement obscènes, et si la manière de les représenter ne blesse point gravement les mœurs, il n’y a que péché véniel à assister au spectacle sans raison légitime.

4. (1782) Le Pour et Contre des Spectacles « Premiere lettre de Mr. *** à Madame *** sur les spectacles » pp. 3-59

est il plus permis d’assister à ces piéces, que de les représenter ? […] Ceux qui y assistent, sont donc coupables de péché. […] Les plus portés à justifier la Comédie, ont-ils jamais osé offrir cette action à Dieu, ont-ils jamais pensé à lui rendre graces d’y avoir assisté ? […] Antonin, d’assister à ces sortes de spectacles, & c’en est un autre de donner de l’argent pour cet effet. […] Ils ne peuvent donc y assister, sans trangresser ses loix, & sans fouler aux pieds ses décisions & ses défenses.

5. (1638) L’Image du Vray Chrestien. Chapitre IV « Chapitre 4. » pp. 106-108

LE titre contient tout ce qui est du Chapitre lequel défend : d’assister aux banquets, festins, jeux, danses, et bals, ou spectacles déshonnêtes ; Et que ni par ceux de leur famille soit permis de donner ou contribuer quelque chose pour tels vanités. […] IL faut ici remarquer qu’en la Règle n’est défendu au Tertiaires d’assister à toutes sortes de Spectacles ou Comédies, comme aussi à toutes sortes de Banquets : Mais seulement à ceux qui sont ordinairement accompagné de quelque déshonnêteté,c insolence, vanité ou désordre : d’ou vient que quand quelque Comédie se représente par les Etudiants aux Ecoles bien morigenéesd sur quelque Histoire ou vie de quelque Saint, il est bien permis aux Tertiaires d’y assister, comme aussi aux Banquets honorables, et au noces de leurs plus proches parents, et ce avec toute modestie et honnêteté, fuyant ce qui pourrait ressentir quelque vanité indécente.

6. (1845) Des spectacles ou des représentations scéniques [Moechialogie, I, II, 7] pp. 246-276

Mais il n’en est pas de même de ceux qui n’y assistent que par curiosité ou par récréation ; ils ne pèchent que véniellement, pourvu qu’ils se proposent de résister à tout mouvement charnel qui peut survenir, ou qu’ils n’aient pas lieu de craindre de se laisser aller à quelques fautes graves. […] Encore faudrait-il, dans ce dernier cas, que son exemple ne fût pas une occasion, pour d’autres jeunes gens, d’assister à des représentations indécentes. » (Théologie morale, t. 1, 6e partie, du sixième précepte du décalogue.) […] Il faut faire remarquer ici que Sanchez ne se sert pas de l’expression valdè turpes, très ou du moins notablement obscène, lorsqu’il avance qu’il n’y a point de péché mortel quand on assiste à un spectacle obscène, turpis ob solam vanam curiositatem, etc. […] Quant au jeune homme à qui on permet d’assister, sans nécessité, à ces sortes de spectacles, c’est-à-dire notablement obscènes, sans pécher mortellement, pourvu qu’il fût d’une conscience très-timorée, nous demanderons quelle est cette conscience très-timorée d’un jeune homme qui assiste à de pareils spectales ? […] Nous ne parlons ici que des personnes qui assistent au spectacle et non des acteurs, etc.

7. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « La tradition de l'Eglise sur la comédie et les spectacles. Les conciles » pp. 53-68

La première est la sévérité de l'Eglise contre les comédiens et contre ceux qui assistaient à ces Spectacles, et le grand soin qu'elle prend pour empêcher qu'on ne contraigne les Chrétiens à y assister, ou à en être les acteurs; ce qui nous doit faire voir qu'elle n'a pas regardé cela comme un crime médiocre. […] Qu'il soit défendu à tous Laïques d'assister aux Spectacles: Car il a toujours été défendu aux Chrétiens d'aller aux lieux qui sont souillés par les blasphèmes; c'est à dire, selon l'interprétation de Zonare, il a toujours été défendu aux Chrétiens d'aller aux lieux où l'on ne fait que des actions désordonnées et honteuses; et où par conséquent les Chrétiens qui y sont présents, sont cause que le nom de Dieu est blasphémé par les Infidèles, voyant le mépris que les Chrétiens font de la tempérance et de l'honnêteté. […] Il faut encore représenter aux très-pieux Empereurs qu'on ne doit point contraindre les Chrétiens d'assister aux Spectacles, ou d'en être les acteurs; car il ne faut persécuter personne, pour l'obliger de faire des choses qui sont contraires aux Commandements de Dieu; mais on doit laisser chacun dans la liberté qu'il a reçue de Dieu pour en user comme il faut; surtout on doit considérer le danger où sont ceux qui sont du corps de ces personnes qui sont chargées du soin des Jeux publics, qu'on contraint par la terreur des peines, de se trouver aux Spectacles contre les Commandements de Dieu. […] Nous défendons aux Peuples dans toutes les Villes de notre Empire les divertissements des Théâtres, et du Cirque le Dimanche, qui est le premier jour de la semaine, le jour de la Naissance de notre Sauveur Jésus-Christ, le jour de l'Epiphanie, les jours de Pasques, et de la Pentecôte, tant qu'on porte les habits blancs, qui par leur blancheur, comme par des rayons célestes figurent la nouvelle lumière qu'on reçoit au Baptême; Comme aussi les jours qu'on célèbre, avec grande raison la mémoire du martyre des Apôtres, qui sont les Maîtres de tous les Chrétiens; afin que les fidèles occupent tout leur cœur et tout leur esprit au service de Dieu, et que s'il y a encore des personnes qui suivent l'impiété des Juifs, ou l'erreur et la folie des Païens, ils reconnaissent que le temps des prières est bien différent du temps du divertissement, et des plaisirs, et afin que nul ne s'imagine qu'il est obligé d'assister aux Spectacles, ou de les représenter à notre honneur, par la vénération et le respect qu'il doit à la Majesté Impériale, sans avoir même égard au culte qu'on doit à Dieu, de peur de nous offenser en faisant paraître moins d'affection envers nous, qu'il n'avait accoutumé de faire; Nous voulons que tout le monde soit persuadé que le plus grand honneur que nous puissions recevoir des hommes, est que toute la terre rende à Dieu tout-puissant la soumission, et le service qui est dû à sa grandeur.

8. (1694) Lettre d’un Docteur de Sorbonne à une personne de Qualité, sur le sujet de la Comédie « letter » pp. 3-127

Mais y a-t-il quelqu’un des mondains qui puisse se vanter de n’y assister qu’avec ces ménagements et ces précautions ? […] Les Magistrats n’en empêchent pas la publication ; et Sa Majesté même n’a pas dédaigné d’y assister en personne. […] Quant à ce qu’il a l’audace de citer l’exemple de Sa Majesté, laquelle, dit-il, « n’a pas dédaigné autrefois d’assister aux Spectacles ». […] Il ne dit pas que les Religieux, les Prêtres, les Abbés et les Evêques n’y assistent pas, ce qu’il aurait fallu dire, mais il se contente de dire qu’ils ne doivent pas s’y rencontrer ; ce qui ne prouve rien de ce qu’il prétend, non plus que si je lui disais que les Comédies sont innocentes de la part des Spectateurs, parce que tous les Chrétiens généralement ne doivent pas y assister à cause de leur Baptême : car quoique les Chrétiens ne doivent point assister à la Comédie, cela n’empêche pas que beaucoup n’y assistent ; de même que s’il est vrai ce que le Docteur a dit plus haut, il y a aussi beaucoup de Religieux, de Prêtres, d’Abbés et d’Evêques qui ne font point de scrupule d’y assister : mais si cela est de la sorte, où est donc cette bienséance prétendue de la part des personnes qui se divertissent à la Comédie ? […] Le Docteur a prouvé plus haut l’innocence des Comédies d’aujourd’hui, parce que les Religieux, les Prêtres, les Abbés et les Evêques, ne font point de scrupule d’y assister : et présentement il en prouve la bienséance, parce que les Religieux, les Prêtres, les Abbés et les Evêques n’y assistent pas ; et que même, selon lui, ils ne peuvent y assister sans commettre un péché mortel : de manière que le voilà lui-même devenu le scrupuleux, et érigé en Directeur des Evêques.

9. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre III. Que les anciens Pères de l'Eglise défendirent aux Chrétiens d'assister aux Jeux du Théâtre, parce que c'était participer à l'Idolâtrie. » pp. 57-89

Que les anciens Pères de l'Eglise défendirent aux Chrétiens d'assister aux Jeux du Théâtre, parce que c'était participer à l'Idolâtrie. Puis qu'il est indubitable que tous les Jeux du Théâtre, aussi bien que les autres Spectacles des Anciens, étaient des actes de Religion, il ne faut pas trouver étrange que les Docteurs de la primitive Eglise aient défendu si rigoureusement aux Chrétiens d'y assister, parce que c'était publiquement solenniser avec les Païens les Fêtes de leurs faux Dieux, participer à la révérence qu'ils rendaient aux Démons, et se contaminer d'une Idolâtrie d'autant plus dangereuse, qu'elle était agréable. […] rendre raison aux Païens pourquoi les Fidèles refusaient d'assister à leurs Spectacles, il dit en un mot. […] Car alors qu'ils assistent à ces Jeux que les Païens font en l'honneur des Idoles, ils se déclarent Idolâtres, ils font injure à Dieu, et méprisent la véritable Religion ; et l'on ne doit point prétexter ces désordres de l'exemple de David, qui fit des Chœurs de Danse et de Musique en des Processions solennelles ; car il ne dansait pas avec des sauts et des gestes dissolus quelque honteuse fable des Grecs ; ils y célébraient la gloire de Dieu par des Hymnes saintes ; et l'on ne se doit point faire un Spectacle des choses dont l'artifice du Démon a corrompu la sainteté pour les rendre criminelles. […] Si quelqu'un donc assiste à ces cérémonies, et se trouve en ces assemblées de Religion, il abandonne le culte du vrai Dieu, et se met du parti des faux Dieux, dont il célèbre les Fêtes. » Mais après le témoignage de Salvien ce célèbre Évêque de Marseille, il ne peut rester aucun douteSalvien. l. 6. de provid.

10. (1646) Science du chrétien « Des comédies. » pp. 638-643

Si je croyais que vous et moi dussions jamais assister à ces vilaines comédies, je demanderais à Dieu qu’il envoyât son foudre pour nous écraser, et ce coup du Ciel ne nous serait pas si funeste, que le geste d’un comédien lascif, ou la parole d’une effrontée comédienne. […] Je réduis toutes vos armes à un seul bouclier, qui sera une sainte et généreuse résolution, de ne jamais assister à ces vilaines comédies. […] Je vous dis, mon ami, que le meilleur de ces comédies ne vaut rien, et quand bien je vous concéderais que le corps serait bon, il y a trop de danger d’y assister.

11. (1715) Dictionnaire de cas de conscience « COMEDIE. » pp. 739740-750

Aristobule, homme de qualité, et Marianne sa femme, ont coutume d’assister à la Comédie et à l’Opéra. […] dit nettement que le théâtre est une des pompes du diable, auxquels les Chrétiens ont renoncé à leur Baptême : et que c’est par conséquent être apostat, que d’y assister. « Quomodo, ô Christiane, spectacula post baptismum sequeris, quæ opus esse diaboli confiteris ? […] D’où il conclut, que, y assister, c’est donc quitter Jésus-Christ et reprendre le démon. « Diabolus autem (est) in spectaculis et pompis suis. […]  » Cet Ange de l’Ecole n’a donc garde d’enseigner, qu’on puisse assister aux Comédies dont nous parlons, ni qu’on puisse rien donner à ceux qui les représentent ; puisque tout au contraire il les condamne lui-même avec S. […] Licinius Farceur et Comédien, connu publiquement pour tel, s’étant présenté à Pâques à la Communion à la vue de tous ceux qui assistaient aux Divins Offices ; Ignace son Curé, la lui a refusée, dont Lucinius s’est fort scandalisé.

12. (1694) Lettre d’un théologien « Lettre d'un théologien » pp. 1-62

Les Pères assurent qu’on n’y peut pas assister, les Docteurs Scholastiques soutiennent le contraire. […] La troisième enfin, que non seulement il n’y a point de péché à les assister avec discrétion, mais encore que c’est une action de justice de leur donner, comme on y est obligé, la récompense de leur emploi et de leur travail. […] Le premier est de s’en informer à des personnes de poids et de probité, lesquelles avec l’horreur qu’elles ont du péché, ne laissent pas d’assister à ces sortes de Spectacles. […] C’est une marque assurément que ni l’Eglise, ni la Cour, n’ont rien reconnu dans les Comédies, telles qu’on les représente aujourd’hui, qui puisse empêcher en conscience les Chrétiens d’y assister. […] Mille gens y assistent sans éprouver la moindre émotion dans leur âme, et sans qu’elles fassent plus d’impression sur eux, qu’en fait un Vaisseau en fendant les eaux.

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