Ne passons pas si légèrement sur l’article de l’Eglise, d’autant mieux qu’elle a sans doute l’autorité de vous commander, et que vous vous révoltez contre elle toutes les fois que vous fréquentez les Théâtres. […] Car ou vous êtes enfants de l’Eglise, ou vous ne l'êtes point, et dans l’un ou l’autre cas votre jugement est prononcé. […] mes Frères, n’y eût-il que la rébellion que vous arborez contre l’Eglise et contre ses Ministres, lorsque vous allez aux Spectacles, vous devriez les regarder avec la plus grande horreur, et frémir au seul aspect de ceux qui voudraient vous y entraîner. […] quelle génération que la nôtre en comparaison de celle qui fit les beaux jours de l’Eglise ! […] De ce terrible état on passe à des railleries sur l’Eglise et sur ses Ministres, à un mépris général pour tout ce qu’elle prescrit : et voilà, mes Frères, comment les Spectacles sont ordinairement une source d’incrédulité.
Ensuite au son des instrumens on se rend à l’Eglise où le Seigneur conduit le vainqueur : il le place sur un espece de thrône avec un Prie-Dieu, on fait des prieres publiques pour le Roi, pour le Seigneur & sa famille, & par une priere en françois, on remercie Dieu des graces qu’il a faites aux deux Paroisses ; on le prie de continuer à les accorder. […] Le Chef du Corps-Municipal vint de Besançon avec les Compagnies bourgeoises, se rendit chez la Rosiere où se trouverent les Juges & le cortege tout formé, la prit par la main & la mena à l’Eglise avec celle qui avoit l’accessit : le Curé la reçut à la porte de l’Eglise & lui fit ce petit discours : Vous avez grand sujet de vous réjouir, ma chere fille, puisque ce jour est pour vous un jour de triomphe, mais votre joie doit être sainte ; c’est moins à vous qu’à la vertu qu’on rend hommage, & vous devez l’honorer en vous par une modestie soutenue. […] Le Curé introduisit la Rosiere dans l’Eglise & la plaça sur un Prie-Dieu qu’on lui avoit préparé devant la Table de la Communion, au bruit de la musique du Régiment & des boëtes qu’on tiroit dans la voisinage, & les filles chanterent des couples composés par un Bénédictin à son honneur. […] Croix, jour auquel l’Eglise commence de faire des prieres publiques qu’elle continue jusqu’à la Croix de septembre, pour demander à Dieu la conservation des fruits de la terre : ut fructus terræ dare & conservare digneris . Le matin l’Académie s’assemble dans l’Eglise paroissiale où l’on dit une Messe à cette intention, suivie d’un sermon où l’on exhorte les fideles d’avoir recours à Dieu pour obtenir la rosée du ciel & la graisse de la terre, à reconnoitre ses bienfaits, à lui en rapporter la gloire & en faire un saint usage, secours du ciel sans lequel tous nos travaux & toute notre industrie seroit inutile.
Ces ingenieuses productions servent à former l’éloquence, à corriger les mœurs, à soulager l’esprit, & n’estant pas criminelles d’elles-mesmes, & estant si utiles au public, elles ne meritent pas le anathémes de l’Eglise. […] Prosper qui luy donne ce nom, sauva quelque temps sa teste des foudres de l’Eglise, & du mépris de ses disciples. […] Dieu declare luy-mesme aux Puissances de l’Eglise, & du monde, qu’il ne leur pardonnera point une complaisance si contraire à leur devoir, au bien public, & à sa propre gloire. […] Ne croyez-vous pas, ne craignez-vous pas que Dieu soit plus offensé par des desobeïssances formelles à ses commandemens, que par le danger de violer une des loix, ou de ne pas observer un des conseils de son Eglise ? […] Et puisque vous avez l’avantage d’estre les enfans de l’Eglise, n’ayez pas moins de respect pour un Dieu qui est son Espoux, & vostre Pere : n’ayez pas moins de charité pour les Fidelles qui sont leurs enfans, & vos freres.
[FRONTISPICE] DISCOURS sur les PLAISIRS POPULAIRES, les bals Et les SpectaclesPrononcé dans l’Eglise française (première succursale de Clichy), sise à Paris, boulevard Saint-Denis, n. 10, PAR L’ABBÉ AUZOU,Curé de Clichy, par élection du peuple, et président de l’Eglise française.
Cette sévérité venait de l’ancienne discipline des pénitents, qu’on étendait, comme on voit, jusqu’au carême, où toute l’église se mettait en pénitence ; et de peur qu’on ne s’imagine que cette discipline des pénitents fût excessive ou déraisonnable, Saint Thomas l’appuie de cette raison : que ces spectacles et ces exercices Ibid. […] [saint Thomas d’Aquin, Commentaire des Sentences, livre IV, distinction 16, article 2, réponse à questiuncula 2] « empêchent la récollection des pénitents, et que leur état étant un état de peine, l’église a droit de leur retrancher par la pénitence, même des choses utiles, mais qui ne leur sont pas propres » ; sans y apporter d’autre exception que « le cas de nécessité : ubi nécessitas exposcit » ; comme serait dans la chasse s’il en fallait vivre : tout cela conformément aux canons, à la doctrine des saints, et au Maîtreaf des sentencesMag. 4. dist.16 [Pierre Lombard (= magister sententiarum), Sentences, livre IV, distinction 16]. […] , sans que cela répugne à l’esprit de gémissement et de pénitence dont l’église y fait profession publique ; et voilà ce qu’il appelle répondre « avec les propres paroles de Saint Thomas ». […] Qu’on ne fasse donc point ce tort à Saint Thomas, de le faire auteur d’un si visible relâchement de la discipline : c’est assez de l’avoir fait sans qu’il y pensât, le défenseur de la comédie ; sans encore lui faire dire, qu’on la peut jouer dans le carême, quoiqu’il n’y ait pas un seul mot dans tous ses ouvrages qui tende à cela de près ou de loin ; et qu’au contraire il ait enseigné si expressément que les spectacles publics répugnent à l’esprit de pénitence que l’église veut renouveler dans le carême.
APPROBATION N ous soussignés Docteurs de la Maison & Société de Sorbonne, avons lû le présent Ecrit sur la Comédie, dans lequel nous n’avons rien trouvé que de conforme à la foi de l’Eglise & aux régles de la Morale Chrétienne. […] CHEVALLIER, Chanoine & Pénitencier de l’Eglise d’Auxerre.
Y a-t-il un mot de Jésus-Christ, de son Eglise, de ses mystères, des vertus évangéliques, l’humilité, la mortification, la pauvreté, le recueillement ? […] 1420.) parle ainsi : « Molière est un des plus dangereux ennemis que le monde ait suscités à l’Eglise. […] Mettons le Roi, l’Etat, les maximes du gouvernement, à la place de Dieu, de l’Eglise, de la morale évangélique. […] Vincent, Ministre de la Rochelle, a fait approuver son livre contre la comédie par douze Ministres de diverses Eglises. […] Le livre de Jansénius n’avait pas encore paru, un Protestant ne connaît ni le chrême ni l’excommunication de l’Eglise, ni l’autorité de S.
Nous crûmes la première fois, que ce n’était qu’une curiosité passagère d’un divertissement inconnu, dont vous vouliez vous désabuser, et nous eûmes quelque légère condescendance : mais puisque c’est une habitude de plaisir, et une espèce de libertinage qui se renouvelle tous les ans, nous connaissons que ce n’est plus le temps de se taire, et qu’un plus long silence pourrait vous donner lieu de penser que nous tolé- rons ce que l’Eglise condamne, et que nous condamnons avec l’Eglise. […] L’Eglise retranche même dans les jours de tristesse et de deuil, les solemnités de son culte, les parures de ses Autels et de ses Ministres, la douceur même et la gaieté de ses chants ; et vous irez repaître vos yeux des agréments affectés, et du pompeux ajustement de quelques femmes licencieuses, et prêter l’oreille à la voix et aux récits passionnés de ces Sirènes, dont parle Isaïe Isay. ch. […] Ecoutez la voix du Pasteur, qui vous exhorte et vous sollicite, qui aime mieux devoir votre obéissance à ses charitables conseils, qu’aux censures que l’Eglise lui a mises en main.
Il avait travaillé l’espace de trois ans à la conversion des âmes jour et nuit, continuellement, sans un seul moment de relâche, pleurant, prêchant, exhortant et instruisant les fidèles en public et en particulier, en l’église et par les maisons19. Après tant de fatigues, de larmes et veilles pour toutes les églises, au lieu de divertissements il châtie son corps, et cela, dit-il, de peur que je ne sois réprouvé. […] Mais quand je repasse en ma mémoire les commandements de Dieu et de l’Eglise : Un seul Dieu tu adoreras, je ne trouve point que le bal, les danses ni les comédies y soient défendus. […] Cyprien, et aux autres Pères de l’Eglise qui ne vous flattent point, puisqu’ils n’ont point besoin de vous ; aux Pères à qui toute l’Eglise dit en la messe : Vos eslis lux mundi ; aux Pères qui lisaient et qui méditaient jour et nuit l’Ecriture, qui ont reçu le Saint-Esprit pour l’entendre, qui nous sont envoyés de Dieu, pour nous en donner l’intelligence, et qui reprennent aigrement ces folies ?
Il faut que dans toutes ses études il ait pris bien peu, et du goût de la science qu’il professe, et de l’esprit de la Religion de Jésus-Christ, pour entreprendre la défense de ces spectacles, que les Pères et les Canons de l’Eglise ont condamnés comme contraires à la sainteté des mœurs et à la pureté du cœur, que nous veut inspirer Jésus-Christ par ses paroles et par ses exemples. […] Parmi Messieurs de la Religion Prétendue Réformée, on ne lit les Pères et les Canons de l’Eglise que pour les critiquer, non pas pour les suivre. […] On m’avouera qu’il n’y a pas lieu d’espérer des décisions bien justes en matière de Religion, d’un Théologien qui se rend le défenseur des spectacles que l’Eglise et les Pères ont condamnés.