On se remplit, on se pénètre à loisir des mêmes vues, des mêmes penchants que font paraître les personnages qu’on représente. […] » Quand l’intrigue agréable et le style léger et délicat des drames n’inviteraient pas les spectateurs à se livrer à l’amour, la magie du spectacle, la vue des actrices et des femmes qui remplissent les loges, ne les portent-elles pas déjà trop efficacement à cette funeste passion ? Peut-on dire qu’on est indifférent à la vue des actrices qui possèdent si bien l’accent du cœur ? […] Jean Chrysostôme5, que l’on rencontre par hasard dans la place publique, a souvent, par sa seule vue, allumé la passion dans l’âme de celui qui jette sur elle un regard indiscret, des hommes qui assistent aux spectacles, non par hasard, mais avec le plus grand empressement, qui abandonnent l’église pour s’y transporter, qui y passent des journées entières, les yeux attachés sur des femmes méprisables, pourront-ils dire qu’ils ont regardé ces femmes sans un mauvais désir ?