Je ne dis point que ces Tragédies n’aient eu ce qu’elles devaient avoir pour plaire au goût des Athéniens : mais qui pourrait traduire en Français dans toute sa force l’Œdipe même, le chef-d’œuvre des Anciens ; j’ose assurer que rien au monde ne nous paraîtrait plus barbare, plus funeste, plus opposé aux vrais sentiments qu’on doit avoir. […] Que si l’on conservait en ce temps-là les vrais sentiments de l’humanité, il fallait murmurer contre la cruauté des Dieux en impie ; et si l’on voulait être dévot envers les Dieux, il fallait être cruel et barbare envers les hommes : il fallait faire, comme Agamemnon, la dernière violence à la nature et à son amour : « Tantum Religio potuit suadere malorum. » dit Lucrèce sur ce sacrifice barbarej.