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346. (1692) De la tragédie « De la tragédie ancienne et moderne. » pp. 148-162

Je ne dis point que ces Tragédies n’aient eu ce qu’elles devaient avoir pour plaire au goût des Athéniens : mais qui pourrait traduire en Français dans toute sa force l’Œdipe même, le chef-d’œuvre des Anciens ; j’ose assurer que rien au monde ne nous paraîtrait plus barbare, plus funeste, plus opposé aux vrais sentiments qu’on doit avoir. […] Que si l’on conservait en ce temps-là les vrais sentiments de l’humanité, il fallait murmurer contre la cruauté des Dieux en impie ; et si l’on voulait être dévot envers les Dieux, il fallait être cruel et barbare envers les hommes : il fallait faire, comme Agamemnon, la dernière violence à la nature et à son amour : « Tantum Religio potuit suadere malorum. » dit Lucrèce sur ce sacrifice barbarej.

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