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140. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE IV. Suite des Masques. » pp. 82-109

Il n’est pas plus permis à l’Ecclésiastique de quitter la soutane qu’au Militaire de changer son uniforme, au Religieux son habit : l’élégance de sa toilette est une vraie mascarade. […] Cette raison n’est pas tout-à-fait vraie, l’idolâtrie Grecque & Romaine sont postérieures à Moyse. […] sur le passage du Deuteronome, ajoute une raison qui quoique moins certaine peut avoir quelque chose de vrai. […] Pour moi, je pense que le vrai charme, le vrai talisman du déguisement de sexe, que le libertinage a travesti en culte & en superstition, c’est que les habits d’un différent sexe, quand on les manie, quand on les porte dans des dispositions criminelles, influent même physiquement dans l’impureté, excitent des sensations, des idées, des désirs, des mouvemens de lubricité dans ceux qui s’en couvrent, ou qui les voient, comme si la personne à qui ils appartiennent, étoit présente ; le feu impur qui s’allume naturellement, & que le goût, les discours, les gestes, l’imitation du sexe souffle, attise, sont le vrai charme. […] Pour l’homme, être mou, efféminé, livré au plaisir, au luxe, à l’élégance de la toilette, à la délicatesse du sexe, c’est devenir femme, c’est une vraie mascarade.

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