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137. (1590) De l’institution de la république « SIXIEME TITRE. Des Poètes, et de leurs vertus, item quels Poètes on peut lire et quels on doit rejeter des Théâtres. » pp. 117-127

Car ils ne pouvaient confesser que ceux là fussent vrais dieux, lesquels ils avaient connu avoir été mortels, et souillés d’une infinité de vices et de méchancetés, quoiqu’ils eussent plusieurs auteurs, auxquels contredire ils estimaient être fort dangereux, et pour cette occasion ils appropriaient sous fables obscures ce qu’ils ne pouvaient ou n’osaient dire ouvertement. […] Or non les Poètes seuls, mais aussi les Philosophes n’ont eu aucune connaissance du vrai Dieu, devant la venue de notre Sauveur Jésus-Christ, vrai et unique fils de Dieu, lequel nous a donné son Père à connaître instituant la vraie Religion, par laquelle les ténèbres d’erreur ont été abolies, et aussi toute fausse opinion. Il ne sera donc pas raisonnable de bannir de la cité les Poètes, non plus que les Philosophes, pour avoir ignoré le vrai Dieu : vu que les Philosophes ont été aveuglés de même erreur, et ténèbres d’ignorance. […] Les Poètes ont parlé de Dieu, ce qu’ils ont pu, vu qu’il n'y avait presque personne de ce temps-là, qui eût connaissance du vrai Dieu, ni de la vérité. […] Car je me persuade être vrai ce queCic.

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