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205. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Huitième Lettre. De la même. » pp. 100-232

Il serait encore à desirer, qu’on ôtât de nos Pièces actuelles, ces tableaux d’une fille qui lute contre un débauché : je les trouve inutiles pour l’instruction, &, comme le geste interprétatif, ils ne sont propres qu’à lancer dans l’âme des étincelles d’une volupté peu délicate. […] Les vers efféminés du doucereux Quinaut, nous représentent tantôt une Angélique qui fait céder sa gloire à une indigne passion ; tantôt une Armide tyrannisée par l’amour, qui n’épargne son ennemi que parce qu’il est beau ; ces deux Héroïnes immolent tout à la volupté : les Opéras les plus sages, seront ceux où, comme dans Dardanus, on immole tout à la tendresse : le plaisir, les jeux, la criminelle galanterie, voila la morale de l’Opéra ; genre d’ailleurs, qui, si vous lui ôtez sa mollesse & son sybarisme, sort entièrement de la nature. […] Les Anglais ont des Pièces assez longues pour remplir en entier le tems que nous donnons au Spectacle : mais comme la légèreté Française veut de la diversité, elle pourrait ne pas s’accommoder d’une seule Pièce ; une action trop compliquée fatiguerait ces Sybarites aimables, qui veulent que les plaisirs se présentent, & non les aller chercher ; goûter le repos sans être las ; jouir d’eux-mêmes, sans y rentrer ; se voir aimés sans payer de retour ; ne sentir leur existence que par la volupté, & que le bonheur précède les desirs.

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