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82. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE I. De l’Amour. » pp. 4-29

On aime la douceur & l’harmonie du chant ; j’ai formé les plus délicieux concerts, les plus brillantes voix, les meilleurs instrumens, la plus parfaite musique ; le rendre Lulli le profond Rameau, la brillante Fel, le moëlleux Geliotte, ont agréablement flatté mon oreille : Feci mihi cantores & cantatrices. […] Toujours galans & passionnés, souvent très-libres, voix les plus efféminées, chant le plus tendre, tout retient, tout chante ces vaudevilles, ces ariettes, ces récits. […] Rien de plus doux que ses discours & le son de sa voix : Blanda mollit sermones suos. […] Par toi-même bien-tôt conduite à l’opéra, De quel œil penses-tu que ta Sainte verra D’un spectacle enchanteur la pompe harmonieuse, Ces danses, ces Héros à voix luxurieuse, Entendra ces discours sur l’amour seuls roulans, Ces doucereux Renauds, ces insensés Rolands, Saura d’eux qu’à l’amour, comme à son Dieu suprême, On doit immoler tout jusqu’à la vertu même ; Qu’on ne sauroit trop tôt se laisser enflammer, Qu’on n’a reçu du ciel un cœur que pour aimer, Et tous ces lieux communs de morale lubrique Que Lully réchauffa des sons de sa musique.

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