M. de Rochechouart, Evêque d’Arras, voulut y joindre sa voix, & dans un mandement donné en 1696, à l’occasion du Jubilé. […] Tout d’une voix unanime se déclara contre le théatre. […] Des piéces sans nombre qui n’enseignent, ne représentent, ni ne respirent que les passions & singuliérement l’impureté, des génies singuliers, éloignés de nos éloges, s’ils faisoient un bon usage de leurs talens, des voix luxurieuses ; des femmes à demi-nues, des peintures lascives, des paroles équivoques, des danses lubriques, l’empire du luxe, en un mot un assemblage recherché de tous les plaisirs & de tous les dangers à la fois, un élixir de tous les vices, un chef-d’œuvre de séduction toujours subsistant & multiplié à l’infini, qui fait par-tout les plus grands ravages : y a-t-il d’objets plus importans dans la Réligion & les mœurs, & peut-il y avoir deux avis dans le Christianisme sur les anathêmes qu’il mérite. […] Sous quelque visage que s’offre la nudité, & que se montre le crime, par quelle voix qu’il se fasse entendre, ne lance-t-il pas toujours les traits ? […] Les étincelles d’un feu criminel, qui petillent dans toute la personne d’une actrice ; cette flamme qui s’élance de ses yeux, cette langueur dans ses attitudes, cette vivacité dans ses mouvemens, ce souris qui invite & aplaudit au crime, ce chant harmonieux, qui amollit, cette voix douce qui pénétre, cette gayeté qui rassure, ces paroles tendres, ces sentimens rafinés, ce transport, ces dialogues animés, que sais-je ; c’est l’immodestie, c’est la volupté même qui parle, qui agit, qui appelle, qui s’offre, qui triomphe ; c’est-à-dire, qui empoisonne, qui perd l’homme pour l’éternité.