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35. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE II. Histoire de la Poësie Dramatique chez les Grecs. » pp. 17-48

Sophocle fut le premier qui à cause de la foiblesse de sa voix cessa de jouer dans ses Piéces. […] Les premiers masques ayant été changez en une espece de globe qui enfermoit toute la tête, on y reconnut plusieurs utilités ; ils rendoient le son de la voix plus éclatant ; ils déguisoient les hommes qui jouoient les rôles de femmes, & ils servoient à cacher la basse physionomie d’un Acteur destiné a représenter un Dieu ou un Heros ; car tous ces masques si hideux qui nous sont restés, ne servoient qu’à la Comédie, & l’usage en commença, suivant le Scholiaste d’Aristophane, sous les successeurs d’Alexandre. […] Il en falloit de grandes pour orner une vaste enceinte, qui contenoit une multitude si prodigieuse, qu’afin que la voix s’y fît entendre de tous, côtés, on avoit placé des vases d’airain sur tous les degrés, de maniere qu’il y eût un espace vuide entre ces vases & le mur, afin que la voix s’étendant du centre à la circonférence, & frappant les cavités des vases, les ébranlât suivant leur consonance, qui étoit reglée sur les genres, en harmonique, chromatique, & diatonique, ce que je rapporte sans entreprendre de l’expliquer. […] L’un l’a énervée en mettant douze cordes à la Lyre : l’autre l’a défigurée en introduisant dans les Dityrambes de ridicules inflexions de voix : l’autre l’a fait pirouetter en voulant trouver dans sept cordes douze harmonies différentes.

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