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34. (1783) La vraie philosophie « La vraie philosophie » pp. 229-251

On met dans les scenes ces petits airs qui, dit Voltaire, interrompent l’action, & font valoir les fredons d’une voix efféminée, mais brillante aux dépens de l’intérêt & du bon-sens. […] On ne peut disconvenir que l’oubli de Dieu, le libertinage, la fornication, l’adultere, la jalousie, la vengeance, l’homicide, en un mot, tous les crimes qui déshonorent l’humanité, y sont représentés : désobéissance des enfans, dépenses inutiles & ruineuses, esprit de dissipation & d’irréligion qui y regnent ; tout d’une voix unanime dit anathême aux Théatres. […] On a démontré combien il étoit aisé de lutter contre ces tourbillons d’esprits follets, qui ne débitent que des fables ridicules & grossieres, dignes de ces petits romans à papier bleu, que leur adeptes vantent & colportent dans nos villages ; je m’attends qu’en élevant la voix contre les spectacles, ils déclameront contre moi, effrayés par la perte qu’éprouveroit la caisse philosophique, dont les Opéra & les Comédies font les plus clairs revenus, & dont les derniers ne sont accordés qu’à des forbans de littérature : n’importe, je proteste contre tout ce que la cohorte pourra dire ou écrire. […] encouragé par l’indulgence, dont le Public a honoré Sidney & le Méchant, ébloui par les sollicitations les plus puissantes, séduit par mes amis, dupe d’autrui & de moi-même, rappellé en même tems par cette voix intérieure, toujours sévere & toujours juste, je souffrois & je n’en travaillois pas moins dans le même genre. […] Je cherchois à étouffer cette voix des remords à laquelle on n’impose point silence, ou je croyois y répondre par de mauvaises autorités qu’elle me donnoit pour bornes….

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