Les deux plus grandes villes du monde, Antioche & Constantiaople, où il sit successivement briller ses talens, & éclater son zèle, étoient aussi les deux villes les plus livrées à la fureur des spectacles, & quoique sous des Empereurs très-Chrétiens, après les règnes de Constantin & de Théodose, dont les loix sévères avoient épuré & réformé la scene, il se plaint avec raison des désordres, des excès, des dangers infinis qui en sont inséparables, & lui attribue la dépravation des mœurs qui déshonoroit le Christianisme dans ces deux capitales. […] Je ne prétends pas qu’on habite les déserts & les montagnes, mais qu’on vive chrétiennement dans les villes, dans les familles. […] C’est lui, n’en doutez pas, qui a fait un art des jeux de théatre, pour attirer les hommes, les séduire, les amollir, & détruire leur vertu ; c’est lui qui a fait dresser les théatres, a formé les Acteurs, afin que cette peste gagne & infecte toute une ville. […] Renverser le théatre n’est pas détruire les loix, mais le regne du vice & la peste des villes. […] S’il vous faut des divertissemens, n’en est-il pas d’honnêtes & à la ville & à la campagne ?