Remarquez encore ici en passant, que ce genre de Spectacle, plus contraire sans doute au Christianisme que la belle Comédie, n’est pas attaqué par les Misomimes avec le même acharnement : ils le traitent d’amusement permis : c’est ainsi qu’à Rome, à côté de la sage & modeste Comédie des Roscius & des Virginius, on vit les licencieuses Atellanes, qui seules ne deshonoraient pas leurs Acteurs ; non-seulement la Jeunesse, mais toute la Ville se passionna pour ce genre, qui corrompit enfin la bonne Comédie ; craignons le même sort. […] On leur donne le goût frivole & le vice des Villes ; on se contente de les rendre plus naïfs ou plus grossiers. […] Gens des Villes, pour connaître le Paysan, il faut avoir vécu long-temps avec lui son égal. […] Il se trouve dans les Hameaux, comme dans les Villes, des hommes méchans ; c’est le petit nombre : des hommes tièdes, qui ne semblent ni bons ni mauvais, & que les circonstances poussent tantôt vers le bien, & tantôt vers le mal ; c’est le grand nombre : des hommes droits, amis de l’ordre, & de toute chose honnête ; ils sont en plus grand nombre que les tout-à-fait méchans ; & ceux-ci, dans les campagnes, sont admirables ; ce sont les hommes par excellence. […] Osez le peindre tel qu’il est : il fera rougir d’eux-mêmes le fastueux Intriguant des Cours, le Voluptueux, le Libertin, la Coquette, l’Indolente, la Hautaine, & la Débauchée des Villes.