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121. (1834) Discours sur les plaisirs populaires « Discours sur les plaisirs populaires, les bals et les spectacles » pp. 1-33

La milice romaine, comme les hordes étrangères, a envahi notre France surprise et stupéfaite ; les jésuites missionnaires ont lancé leurs croisades conquérantes, et leurs prédications furibondes ont semé le trouble, les divisions, les haines, dans les villes, dans les campagnes, dans les familles… partout. […] Dans les grandes villes, d’autres mœurs, d’autres rapports entre les diverses classes de leurs habitants, exigent d’autres amusements, et ici l’irruption d’un prêtre intolérant n’est pas à redouter. […] Un repas plus varié remplace la nourriture monotone de la semaine : un peu de vin rougit leurs verres ; ils se dédommagent aujourd’hui de la privation d’une jouissance qu’il ne leur est pas permis de goûter dans l’enceinte de la ville ; ils se soustraient à une loi plus dure que celle de Mahomet, et ils reconnaissent la vérité de ces paroles de l’Écriture : « Le bon vin réjouit le cœur de l’homme. » Au milieu de ces réunions nombreuses, mais différentes et étrangères les unes aux autres, il s’établit bientôt une communauté de gaîté : la chanson se fait entendre, non plus cette chanson grivoise d’autrefois ; mais la chanson devenue populaire de notre Béranger, et l’hymne patriotique réunit bientôt toutes les voix, qui répètent en chœur son refrain. […] Ici, à nos pieds, c’est la ville africaine, la ville des pirates conquise par nos braves, et cette mer dont les flots, par leur balancement perpétuel, baignent successivement ses côtes et les rivages de notre patrie. […] Cette réprobation enveloppe nécessairement les gouvernants qui les autorisent, les protègent ; les législateurs qui, pour assurer leur prospérité, votent des subventions en leur faveur ; les villes qui les admettent, les magistrats qui les surveillent ; les serviteurs, employés, machinistes, qui plus est les receveurs qui, cependant, ne franchissent pas le seuil de la porte.

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