Les représentations théatrales le sont même davantage, on y goûte un plaisir plus vif : tout est mort dans la lecture, tout est animé dans l’action ; la beauté de la décoration, l’énergie du geste, l’inflexion de la voix, la parure & les graces des Actrices, la douceur du chant, les attitudes de la danse, tout augmente le danger du vice, les alarmes de la vertu. […] Que sera-ce des Acteurs, qui par la voix, le geste, les grâces, la figure, la vive expression des passions, s’efforcent de l’emporter sur l’Auteur même, enfin des Actrices, ces amazonnes du théatre, si habiles à lancer les traits les plus perçans ? […] Le spectacle, dit-il, n’est plus un amusement oisif ; c’est un assemblage séduisant de tout ce qui peut plaire, pour charmer l’esprit & les sens par tout ce que la passion a de plus insinuant & de plus vif. […] Un mot, une lecture, un coup d’œil, mettent en danger la vertu la plus affermie, & l’assemblage de tout ce que la passion a de plus vif, & l’art de plus rafiné, ne sera point un danger pour des ames nourries dans la mollesse & le péché ! […] Il caractérise la plus belle ame, l’esprit le mieux fait, le cœur le plus pieux, le plus charitable, que la pensée de l’éternité jette dans la plus profonde tristesse, au milieu des plaisirs les plus vifs & les plus séduisans, dans un âge & dans une fortune où avec les attraits les plus piquans ils assiegent l’ame la plus sensible, & la trouvent inébranlable.