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15. (1698) Théologie du cœur et de l’esprit « Théologie du cœur et de l’esprit » pp. 252-267

On y voit toujours une vive representation de l’attache passionnée d’un sexe pour l’autre, & le plaisir qu’ont les femmes d’être aimées & adorées des hommes. […] Leurs Piéces ne sont que de vives representations de l’orgueil, de l’ambition, de la jalousie, & de la vengeance. […] Si dans les Comedies & les Romans on ne parloit de la vengeance que comme d’une action basse, & si l’on n’y traitoit que de gens insensez, ceux qui se battent en duel, les mouvemens de ceux qui font de pareilles lectures, ou qui assistent à de pareils spectacles, quand ils se trouvent offensez, seroient beaucoup moins vifs qu’ils ne le sont : car ce qui les rend violens, & ce qui les porte à la vengeance, c’est la fausse opinion que donnent les Comedies & les Romans, qu’il y a de la lâcheté à souffrir une injure. […] La pauvreté, la patience, l’humilité n’ont rien dont la représentation puisse divertir ceux qui aiment les Comedies : aussi n’en parle-t-on jamais dans ces spectacles prophanes : il y faut quelque chose de plus vif, qui se sente d’une fausse grandeur, d’un amour aveugle, ou de quelque pareil sujet ; & c’est ce qui ne s’accorde point avec la sagesse chrétienne.

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