Baillet, vie de Descartes. […] La Reine sentit bientôt qu’elle perdoit l’estime, la confiance, l’attachement des Suédois, & qu’elle ne les regagneroit point, tandis qu’elle meneroit une vie d’Actrice, qu’on vouloit d’elle une vie réglée, sérieuse, appliquée ; la vie d’une véritable Reine telle que la menoit le grand Gustave son père ; elle étoit bien éloignée de remporter sur elle-même cette victoire, ni même de le vouloir, elle étoit trop fiêre & trop indépendante pour s’y soumettre, elle ne pouvoit donc s’attendre qu’à beaucoup de désagrémens, tôt ou tard des révoltes, & peut-être la destitution de la part d’un peuple grossier, belliqueux & sauvage comme le climat qu’il habite. […] L’exemple de son père qui avoit rempli l’Allemagne de ses exploits & de ses victoires, & qui menoit la vie la plus dure lui en faisoit un mérite. […] Herminigilde qui aima mieux perdre son Royaume & la vie que de recevoir la communion d’un Évêque Arien, que son père lui avoit envoyé. […] Au reste cette lettre qui parle avec beaucoup de respect de la Religion Catholique fait croire que sur la fin de sa vie la conversion de cette Princesse, jusqu’alors fort équivoque, étoit enfin devenue très-sincère.