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21. (1658) L’agent de Dieu dans le monde « Des théâtres et des Romans. CHAPITRE XVIIII. » pp. 486-494

On a trouvé l’art d’ajuster aux désirs humains, ces deux mouvements qui semblent contraires et en deux heures représenter aux yeux sur les théâtres, toutes les grandes actions avec les aventures d’une longue et célèbre vie ; comme si elles étaient présentes. […] On voit même des hommes possédés d’une ambition si furieuse, qu’ils tenteront tous les moyens possibles quoique abominables en méchanceté pour monter au faîte de la grandeur, quand ils seraient assurés d’en descendre par le précipice ; ils ne se soucient pas comment la vie se termine, pourvu qu’elle se passe dans l'éclat, car ils n’y voient rien pire que la mort qui la finit. Quand les peuples considèrent ces célèbres iniquités qui ont violé la foi divine et humaine pour l’accomplissement d’un dessein, les péchés de la vie commune en comparaison de cela ne leur paraissent plus que des atomes, leur conscience s’y tient assurée, et sans en concevoir des remords, elle se croit assez juste de n’être point si méchante. […] hâter ces transports inconsidérés de la nature qui viennent toujours trop tôt troubler les tranquillités de la vie ? […] Il demande que les Magistrats s’opposent à cela et au commerce de semblables pièces, beaucoup plus que des poisons puis qu’elles infectent les sources de la vie civile, qu’elles étouffent l’amour de la vertu, qu’elle font un jeu des crimes, et qu’elles portent efficacement les hommes à tout ce que les lois divines et humaines leur défendent.

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