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343. (1752) Lettre à Racine « Lettre à Racine —  LETTRE A M. RACINE, Sur le Théatre en général, & sur les Tragédies de son Père en particulier. » pp. 1-75

Je suppose que ces Pieces dramatiques nous enseignent à détester le vice, à fuir le crime, à nous défier de nos foiblesses, à craindre nos passions, à les sacrifier au devoir ; qu’elles nous excitent aux vertus les plus sublimes, aux actions les plus héroïques : dira-t-on que l’Auteur de pareils Ouvrages s’en doive accuser comme de péchés capitaux ? […] On exige qu’il n’y ait rien de déshonnête, ni de criminel dans la piece ; que celui qui va au spectacle n’y apporte point de penchant au vice, ni une ame facile à émouvoir ; qu’il y soit maître de son cœur, de ses pensées, de ses regards ; que rien de ce qu’il entend, que rien de ce qu’il voit, ne soit pour lui une occasion de chûte, ni de tentation. […] Telle Nation est portée à tel vice ou à telle vertu ; elle a tels usages, telles Loix, tels préjugés. […] Celui de Néron n’est pour ce monstre qu’un vice de plus. […] Malgré ce vice fondamental, que l’Auteur s’est rappellé plus d’une fois sans doute dans ses secrets repentirs, la Tragédie de Bajazet est une des meilleures de notre Théatre.

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