Il n’aimait sûrement pas la Vertu et voilà tout à coup qu’on la lui fait aimer, et qu’on le force à pleurer pour elle : sondez son cœur dans ce moment, vous verrez qui des deux y triomphe, ou du Vice ou de la Vertu. […] « Vice ou vertu, qu’importe »br , dites-vous ; mais il importe beaucoup : il n’est pas du tout indifférent de faire triompher la Vertu ou de punir le Vice. […] C’est moins du courage qu’il montre alors que l’effronterie du Vice qui n’a plus de ressource que l’impudence. […] Les grands Auteurs, qui savent cela, ne risquent donc rien de violer avec discernement la règle établie de faire triompher la Vertu et de punir le Vice, parce qu’ils s’imposent alors celle de rendre leur personnage si odieux, qu’il résulte de sa félicité une horreur plus vive pour les crimes qui la lui ont procurée. […] -R. de Grandval, Le Vice puni, ou Cartouche.