La Tragédie vous a toujours paru comme une école raisonnable de la vertu, & moi je prétends au contraire qu’elle donne au vice des leçons intéressantes, qu’on y succe un poison d’autant plus funeste, que l’on s’en défie moins ; on a sçu le deguiser sous les apparences d’un aliment très-utile. […] Plus on tolére ces vices sous une image de grandeur & de générosité, plus les impressions qu’ils font dans l’esprit sont dangereuses. […] Pour rendre le vice aimable il falloit en gazer l’énormité, cacher sa laideur sous les ornemens de la Poësie. […] La vengeance n’est pas moins opposée à l’esprit du Christianisme, que l’orgueil & l’amour profane, & ce vice est assuré, dit Tertulien1, de faire fortune en une Tragédie ; on couvre d’oprobres sur le Théâtre, la patience qui supporte les injures, on y loue une fausse bravoure qui ne sçait point pardonner.