Ainsi la Comédie dans son essence, c’est la Comédie telle qu’elle devroit être, & qu’elle ne fut jamais ; la Comédie avec ses accidens, c’est la Comédie telle qu’elle ne devroit pas être, & telle qu’elle est toujours : car ce n’est que dans ces accidens, dans ces circonstances, qui accompagnent la Comédie, que notre Docteur trouve des vices, qui la lui font absolument réprouver lors même que le sujet & la forme de la Piéce n’ont rien que de très-innocent. […] Passons aux accidens, qui en font le vice & le crime. […] On ne revient point du Spectacle comme on y étoit allé ; l’innocence n’en sort point sans tache, ni le vice sans crime : quos attulisti mores, numquam referes &c. […] Mais n’est-ce pas aux vices, que la Comédie fait la guerre ? […] Dans les sujets les plus édifians ; dans leurs scènes les plus religieuses, le Pécheur s’attendrit sans se repentir ; on sent le plaisir de la compassion, sans sentir l’amertume de la componction ; ce n’est pas une pluie qui tombe du Ciel ; c’est une rosée qui s’élève de la terre ; elle ne nourrit que des feuilles maudites ; à l’ombre de l’arbre qu’elle rafraichit, le vice s’engraisse & la vertu se dessèche.