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135. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre II.  » pp. 37-67

La loi sans crédit, les supérieurs sans autorité, la société sans regle, la vertu sans agrément, défigurée, hideuse, ridicule, méprisable, quel disciple aura-t-elle ? […] Il est ridicule d’avancer que ceux qui ont de mauvaises mœurs, condamnent la comédie ; & ceux qui ont de la vertu l’approuvent. […] Mais il y a quelques honêtes gens parmi les comédiens, & quelques réligieux vicieux : cela peut être ; mais si quelques traits de vertu doivent couvrir au théatre, un tas de désordres, une foule de vertus ne devroient elles pas couvrir dans la Réligion, quelques vices, aussi rares que les vertus des comédiens ? […] L’esprit l’effet du théatre est également par-tout de faire goûter le vice, & mépriser la vertu, & pour celà, de faire un jeu de l’un & de l’autre, d’affoiblir les idées qu’en donne la Réligion, d’en donner des idées fausses, pour rendre le vice agréable, & le faire aimer, excusable, & le faire pardonner, la vertu austere, & la faire craindre, ridicule, & la faire mépriser, & lui substituer des vertus prétendues, qui ne sont que des vices déguisés. […] La vertu met une digue au torrent, & en retarde le cours ; belle consolation ?

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