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242. (1702) Lettre de M. l’Abbé de Bellegarde, à une Dame de la Cour. Lettre de Lettres curieuses de littérature et de morale « LETTRE. de M. l’Abbé de Bellegarde, à une Dame de la Cour, qui lui avait demandé quelques réflexions sur les pièces de Théâtre. » pp. 312-410

J’avais oublié, Madame, à vous expliquer ce terme dont vous m’avez demandé la définition ; il vient de deux mots Grecs, qui signifient Village, et Chanson, parce que les faiseurs de Comédies allaient réciter leurs Vers par les campagnes : Dans ces temps grossiers les premiers Comédiens se barbouillaient le visage avec de la lie ; le Poète Eschyle inventa le masque, qui avait quelque chose de plus honnête, et de plus commode. […] En effet Polyxène tirait sa naissance de l’un des plus grands Rois du monde, qui venait de perdre son Royaume, après une guerre de dix années : Cette Princesse n’avait alors que seize ans, et passait pour l’une des plus belles personnes de l’Asie ; on voulait l’immoler aux Mânes d’Achille, qui l’avait tendrement aimée, et qui avait voulu l’épouser malgré les cabales des Grecs ; et ce qui devait redoubler encore la douleur de Polyxène, c’est que Pyrrhus, le propre fils d’Achille, était celui qui demandait ce barbare sacrifice, et qui la poignarda de sa propre main, à la vue de l’Armée, et de tous les Princes de la Grèce.

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