/ 561
187. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE I. Préjugés légitimes contre le Théatre. » pp. 4-29

Bien loin d’obliger personne à venir à la comédie, il loue ceux qui s’en éloignent, il n’en estime pas davantage ceux qu’il y voit ; il en blâmeroit plusieurs, s’ils y venoient ; il ne trouve pas mauvais que les Confesseurs, les Casuistes, les Prédicateurs, jusques sous ses yeux se déclarent contre elle. […] La présomption ne vient que de foiblesse, & en est elle-même une très-grande ; & par un cercle fatal de fautes & de punitions, d’autant plus déplorable qu’on le craint moins, la témérité augmente les foiblesses, les foiblesses augmentent la témérité, & toutes les deux multiplient à l’infini les crimes. […] La calomnie ne sauve pas, & cependant le péché se commet avec sécurité ; la mort vient, & sans avoir égard à la malignité qui fait la raison & la ressource unique du théatre, & aux vaines défaites qui rejettent sur sa femme, sur son mari, sur l’usage du monde, sur les biens, le péché que l’on a commis en mangeant le fruit défendu, Dieu prononce son jugement souverain, & l’enfer l’exécute à jamais. […] Il y vint un monde immense. […] L’incomparable Clairon, qu’un zèle héroïque avoit fait venir, quoique malade, dit avec autant de majesté que de grandeur d’ame (je parle encore Mercure) : J’exposerai ma vie pour le public ; mais dusse-je la perdre, on ne me forcera point de jouer avec un homme déshonoré.

/ 561