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25. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE VIII. Sentiment de S. Thomas. » pp. 178-198

Il répond que les choses dont l’acquisition est un crime, comme le vol, la rapine, l’usure, on doit les restituer, non pas en payer la dixme ; mais que celles qui ont été acquises par un autre péché, comme celles que gagnent les Courtisannes ou les Histrions, on n’est pas tenu de les rendre, & l’on doit en payer la dixme ; mais que l’Eglise ne doit pas les recevoir, pour ne pas paroître participer à leur péché, à moins qu’ils ne soient convertis : Quæ turpi causâ acquiruntur, sicut meretricio vel histrionatu. Rien n’est plus précis, l’histrionat est comparé à la prostitution, les Histrions aux femmes débauchées, meretricio vel histrionatu. […] La dixme personnelle de l’industrie étoit alors établie en bien des endroits, & quand on examine si elle est dûe de ce qu’on a acquis par le crime, par-tout le métier des Histrions est donné pour exemple, & comparé à celui des Courtisannes, Meretrix vel Histrio. […] Thomas ajoute que si on y représente des choses indécentes ou capables de porter au péché, turpium vel ad peccatum provocantium, on pèche en les regardant avec plaisir ; ce plaisir & ce goût peuvent être si grands, que le péché sera mortel : Tanta potest exhiberi libido ut sit mortale. […] A quoi il répond que sans doute en général, regarder la représentation de quelque chose n’est point un mal, mais que la vue des spectacles devient vicieuse, vitiosa redditur inspectio spectaculorum, parce que par ce moyen l’homme prend du goût & de l’inclination pour les vices d’impureté ou de cruauté : Per hæc homo fit pronus ad vitia lasciviæ vel crudelitatis.

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