Les Italiens furent chassés par Louis XIV à cause de leur licence ; valent-ils mieux aujourd’hui ? Les tragédies & les comédies sérieuses sont travaillées avec soin, & valent bien les nôtres ; le génie est plus dramatique, & le fut toujours au-delà des monts. […] Un poëte comique, fameux en Italie, est le Comte Carlo Golli, rival du célebre Goldoni ; il ne pensoit à rien moins qu’à ses rôles, sous les drapeaux de Thalie, lorsque se trouvant par hazard un jour avec Goldoni, celui-ci donnoit une grande importance à son art, & en faisoit valoir les difficultés, il disoit avec chagrin, qu’il étoit aisé de censurer les pieces de théatre, mais qu’il étoit fort difficile d’en faire une. […] On ne cite que des pieces françoises, des acteurs françois ; on ne reçoit d’autorité légitime, que celle de Boileau, comme si un Italien n’avoit pas l’usage de la poëtique de Vida, Italien, qui vaut, en son genre, celle de Boileau ; & dans tous cela, on ne peut méconnoître la vanité nationnale, sur tout en matiere de théatre, où nous nous donnons sans difficulté la palme. […] Roccoboni en cite bien d’autres qui la valent, dit-il, & la surpassent.